Les Géorgiennes/Acte I
RHODODENDRON-PACHA | MM. | Pradeau. | |||
JOL-HIDDIN | Désiré. | ||||
BOBOLI | Léonce. | ||||
POTERNO |
|
Édouard George. | |||
Jean-Paul. | |||||
COCOBO | Duvernoy. | ||||
FÉROZA | Mmes | Ugalde. | |||
NANI | Zulma Bouffar. | ||||
ALITA | Taffanel. | ||||
ZAIDA | Simon. | ||||
MELEVA | Léonti. | ||||
MÉLANO | Deferté. | ||||
MIRZA. | Dallonde. | ||||
UN TAMBOUR | Ida Lange. | ||||
AUTRE TAMBOUR | Mathilde. | ||||
UN TROMPETTE | Debar. | ||||
AUTRE TROMPETTE | Hortence. |
ACTE PREMIER.
Scène PREMIÈRE.
- À pleines corbeilles,
- Cueillons, de ces treilles,
- Le fruit transparent et vermeil ;
- Les grappes sont mûres,
- Et, dans les ramures,
- Voyez-les briller au soleil.
- Célébrons l’automne,
- Qui fait sa couronne
- De ces fruits si doux ;
- Les grappes vineuses
- Brillent radieuses
- ALITA.
Comme des bijoux.
- La topaze est moins transparente.
- Le rubis est moins éclatant.
- Une récolte aussi charmante,
- Il faut la cueillir en chantant.
- À pleines corbeilles, etc.
- Mais quel bruit se fait entendre ?
- Ah ! c’est l’affreux Boboli.
- Tout le jour on le voit s’étendre
- En palanquin comme en son lit.
Scène DEUXIÈME.
- Quelle abominable paresse !
- Peut-on dormir ainsi sans cesse !
- Constantinople, ô mon pays,
- Je te regrette ;
- Au moins, au séjour des houris,
- On est honnête !
- On n’appelle pas paresseux
- Un galant homme,
- Quand le travail qu’il fait le mieux
- Est un bon somme.
- Sous les douces lois du Prophète
- On vit tranquille, et j’aime ça ;
- Mais l’amour n’en fait qu’à sa tête,
- C’est grâce à lui que je suis là.
- Sous les douces lois du Prophète
- On est tranquille, il aime ça ;
- Mais l’amour n’en fait qu’à sa tête,
- Et c’est grâce à lui qu’il est là.
- Ô les splendides nuits d’été,
- Sur le Bosphore,
- Quand on danse au son velouté
- De la mandore !
- Oh ! revoir tes yeux de lapis,
- Ô ma sultane,
- Et ronfler sous tes frais abris,
- Ô mon platane !
- Sous les douces lois du Prophète, etc.
- Sous les douces lois du Prophète, etc.
(À part.) Oh ! mon amour, tais-toi.
Que le mien va peut être se faire tuer ou endommager.
Toi, c’est simplement un mari, tandis que Poterno, le mien, me laisserait un orphelin qui est déjà assez à plaindre d’être tout le portrait de son père, le pauvre petit malheureux, sans le perdre encore avec ça.
Eh bien, puisque vous aimez tant les sultanes… pourquoi donc n’en avez-vous pas une seule ?
Oh ! j’en ai eu beaucoup… confiées à ma garde. (Haut.) Ah !… je n’étais pas né pour le célibat.
Ni moi.
Ni moi pour le veuvage.
Alors, si vous voulez que quelqu’une vous donne son cœur et sa main, allez d’abord vous faire tuer, vous et vos esclaves, pour la défense de la patrie.
Après nous verrons.
Oh ! il y a plus de défenseurs qu’il n’en faut pour repousser les barbares, allez ! mes esclaves et moi nous avons les passions douces.
Oui ! oui !
Ou si nos défenseurs reviennent triomphants.
Oui ! oui !
Quant à Boboli et à ses grands bons-à-rien, je propose qu’on leur vote des jupons de femme.
Oui ! oui !
Et des aiguilles à tricoter.
Oui ! oui !
À notre observatoire !
À notre observatoire !
Ah ! ma petite Alita.
Va-t’en, va-t’en, tu m’agaces.
Allons, esclaves, suivez-moi.
Scène TROISIÈME.
Je reste pour veiller sur vous, mes petites chattes, (à part) un reste d’habitude de ma vie passée.
Pour veiller sur nous ? Eh bien, nous verrons cela si l’ennemi envahit la ville, car tous nos hommes sont si poltrons…
Ah ! Poterno surtout ; c’est même ce qui me rassure. Je le connais, il se cachera le plus possible derrière les autres.
En avons-nous employé de ces moyens pour les décider à marcher !
La prière.
La raillerie.
La séduction.
Rien n’y faisait.
Et sans Férosa, qui s’est mise en colère et nous a monté la tête, ils seraient encore ici.
Ils n’ont cédé qu’à nos menaces.
Quel est ce bruit ?
Ah ! c’est Férosa, elle tient des lettres à la main.
Ah ! je vais avoir des nouvelles de Poterno.
Férosa a l’air furieux.
Est-ce qu’il y aurait du nouveau ?
Scène QUATRIÈME.
- Ah ! quel malheur, quel sort effroyable !
- Un destin affreux, hélas ! nous attend.
- Tout nous trahit et tout nous accable,
- Qui pouvait prévoir pareil accident ?
- Un tel sort nous est réservé
- Quand tout devait être sauvé.
- Peut-on savoir, savoir enfin
- Ce qui vous cause un tel chagrin,
- Parlez, parlez.
- Nos hommes étaient cent cinquante
- Pour lutter avec trente-deux,
- Et vers nous, chose humiliante,
- Vaincus ils vont rentrer honteux.
- « On nous a vaincus, mis en fuite,
- « Les gredins m’ont fort abîmé ;
- « Dans mes foyers je rentre vite :
- » TOUTES LES FEMMES.
« Tu vas revoir ton bien-aimé.
- Ah ! c’est abominable,
- C’est trop fort, c’est affreux,
- Ah ! c’est épouvantable,
- C’est vraiment trop honteux.
- Charmantes brebis,
- Je ris et m’amuse
- En voyant la ruse
- De vos chers maris.
- Une ruse ? expliquez-vous.
- Parlez, parlez tout de suite.
- Qu’est-ce donc ? dites-le-nous.
- Parlez vite, parlez vite.
- Pour battre les ennemis
- Vous savez comment ils sont partis.
- Avec répugnance.
- Je conclus, d’après leur goût,
- Qu’ils ne se sont pas battus du tout.
- Ah ! l’impudence !
- Je vous donne ici ma foi
- Qu’ils se sont battus autant que moi ;
- Ils vont, dans quelques instants,
- Revenir ici gais et bien portants.
- Ah ! c’est trop fort, ah ! c’est affreux,
- C’est révoltant, c’est monstrueux.
- Que faire, hélas !
- Que ne pas faire ?
- Ô trahison !
- Qu’on délibère.
- Vengeons-nous !
- Oui, vengeons-nous.
- Oui,
- Conseillez-nous, cher Boboli.
- Insurgez-vous, femmes timides.
- Insurgeons-nous, sachons agir.
- Renvoyez vite ces perfides.
- Oui, forçons-les à repartir.
- LES FEMMES.
Et, si vous avez du courage,
- Nous en aurons, nous en aurons.
- Tenez-leur un ferme langage.
- Nous le tiendrons, nous le tiendrons.
- Oubliez vos titres d’épouses.
- Oui… notre amour, nous l’oublierons
- De gloire montrez-vous jalouses.
- À marcher nous les forcerons.
- Non, pas d’amour, pas de faiblesses,
- Allons, femmes, sœurs ou maîtresses,
- Sans hésiter insurgeons-nous.
- Appelons les femmes aux armes,
- Emparons-nous de la cité ;
- Nous avons versé trop de larmes,
- Secouons un joug détesté.
Scène CINQUIÈME.
Quelle ruse, seigneur ?
Ces Géorgiens, dont l’absence favorisait si bien les élans de mon cœur pour Nani…
Et les miens pour Alita, seigneur.
Et les tiens pour… bien que tu ne sois qu’un vil esclave ; eh bien, ces Géorgiens, ils vont revenir.
Quoi ! ils vont…
Oui, mais, grâce à mes conseils, on va les forcer à repartir.
Seigneur, permettez-moi d’exprimer mon admiration.
Je te permets d’exprimer ton admiration, Cocobo ; exprime, mon ami, exprime.
Grand soleil !
Pas mal.
Grande comète !
Très-bien.
Grand météore !…
Assez, tout le firmament y passerait ; je suis admiré suffisamment ; viens, partons.
Scène SIXIÈME.
Ne bougez pas, misérables, ou je vous coupe en deux.
Grâce, seigneur !
Que vois-je ? Boboli !… Cocobo ici !
Le grand, l’illustre pacha Rhododendron !
Chut donc !
Le phare lumineux de l’Orient !
Vas-tu te taire !… (regardant autour de lui.) Personne… nous pouvons dialoguer… Eh bien, oui… c’est moi.
- Je suis ce pacha de si grand renom
- Le grand pacha Rhododendron.
- Il est ce pacha, etc.
- Je suis Rhododendron,
- Pacha très en renom.
- Je trouble avec mon nom
- REPRISE. Tout le canton.
- Je suis le pa…
- Il est le pa…
- Je suis le cha…
- Il est le cha…
- Je suis ce pacha, etc.
- Il est ce pacha, etc.
- J’étais propriétaire
- D’un essaim de beautés :
- Un harem qui naguère
- Était des plus vantés :
- La perle du Bosphore,
- La ceinture de Flore,
- Le brillant météore,
- Le colibri vermeil ;
- La rose du Bengale,
- L’aurore boréale,
- L’étoile, la cigale,
- La lune et le soleil.
- Ce harem admirable,
- Autrefois sans rival,
- N’est plus qu’un lamentable
- Hôpital.
- RHODODENDRON.
Je suis ce pacha, etc.
- La perle du Bosphore
- Du safran a le teint ;
- Le brillant météore
- Est tout à fait éteint ;
- Le colibri s’enroue
- D’un catarrhe affecté ;
- La rose se tatoue
- Avec rapidité ;
- L’aurore boréale
- N’est rouge que des yeux ;
- L’étoile et la cigale
- Boitent toutes les deux ;
- La pâleur de la lune
- Va toujours en croissant ;
- Le soleil n’a plus qu’une
- Seule dent.
- Je suis ce pacha, etc.
Maintenant, répondez-moi : que faites-vous dans cette ville ?
Illustre seigneur Rhododendron…
Ne prononce pas mon nom, imprudent…
Ah !… ayant acquis une petite fortune, grâce à vos libéralités, je me suis retiré à Djégani, où je vis comme un honnête bourgeois.
Moi, phare lumineux de l’Orient…
Ah !… moi, dis-je, n’ayant pas acquis la moindre fortune, grâce à vos libéralités, je suis au service du seigneur Boboli…
Très-bien ! vous servirez mes projets.
Parlez, illustre seigneur Rhodo…
Encore !
Nous écoutons, phare lumineux de l’Orient…
Mohican ! Patagon ! va-t’en veiller autour de nous, afin que personne ne surprenne la révélation de mon projet ; (à Boboli), et toi, ouvre-moi tes ouïes.
Je vous ouvre mes ouïes, seigneur.
Voici mon projet : désirant renouveler mon harem, je me suis dit : la petite ville de Djégani est renommée dans toute la Géorgie pour la beauté de ses femmes et l’abrutissement de ses hommes ; si avec mes trente-deux esclaves, je tentais de m’emparer des charmantes Djéganiennes… Eh ! que dis-tu de mon idée ?
Gredin ! (Haut) Peuh ! eu eu…
Très-bien, tu m’approuves ; donc, ayant eu cette idée, il y a cinq ans, avec la spontanéité de décision qui m’est propre, la semaine dernière je me mettais en route pour exécuter mon projet. Arrivé en vue de Djégani, je cachai mes trente-deux esclaves et les trente-deux éléphants sur lesquels ils étaient montés derrière un palmier, et j’envoyai une déclaration de guerre aux cent cinquante abrutis de cette cité.
Comment ! cet ennemi que nos hommes sont allés combattre…
C’est moi-même… sont allés combattre, dis-tu ? Écoute, Boboli : tu sais si j’ai froid aux yeux…
Peuh !
Si je suis un gaillard…
Peuh !
Un dur-à-cuire…
Peuh !
Un troupier fini…
Peuh !
Flatteur !… En voyant les cent cinquante abrutis sortir de cette cité et faire quelques pas en tremblant, avec une lâcheté qui n’avait d’égale que celle de mes trente-deux guerriers ; en voyant mes trente-deux guerriers fuir devant ceux qui se sauvaient de leur côté, je me dis : à qui diable restera la victoire ?
Réflexion pleine de bon sens.
Flatteur !… Ne trouvant pas la réponse, et mon armée craignant quelque traquenard, je résolus de pénétrer seul dans ces murs ; je tentai d’acheter le gardien de la porte de la ville en lui donnant trois roupies : le misérable était incorruptible.
Ils sont tous comme ça dans ce pays : des consciences de bronze dans des hommes de fer ; ils ne trahissent jamais leur devoir qu’à la cinquième roupie.
C’est ce qui est arrivé.
Je connais le tarif.
Maintenant que je suis dans la place, j’attends de ton loyal concours la réussite de mon projet.
Moi ?… mais la première chose que je vais faire sera de le dénoncer.
Misérable !…
Oh ! mais nous sommes chez nous… et en force… et je vais de ce pas…
Un moment ! tout-à-l’heure, je t’ai défendu de prononcer mes titres et qualités ; dis-les, et je dis que tu as été gardien de mon harem…
Seigneur !… je vous en prie !… vous me feriez manquer mon avenir.
Seigneur, des hommes viennent de ce côté.
Ils pourraient troubler notre entretien.
- « Allons chercher ailleurs un endroit écarté
- « Où de causer en paix on ait la liberté.
- « Dans mon palais, seigneur, je serai triomphant
- « De vous y transporter dessus mon éléphant. »
Tu as un éléphant ?
Oui ;… il m’a vu naître ; il me fait mes commissions.
Marchons.
Marchons.
Scène SEPTIÈME.
- Ah ! pour nous quel beau jour !
- Nous voilà de retour.
- Non, plus de guerre !
- Plus de misère,
- COUPLET. Nous voilà de retour.
- C’est assez de bataille.
- C’est assez de mitraille.
- Au diable les lauriers !
- Mieux valent les foyers.
- C’est très-beau la patrie.
- Mais une douce vie
- Est un sort plus heureux ;
- S’il est moins glorieux.
Quelle guerre, mes enfants !
Quelle guerre !
Poterno, croyez-vous que j’ai bien servi mon pays ?
Ah ! pour un pays bien servi…
Voilà un pays bien servi !
Ah !…
Seul… je m’élance… je prends un canon !…
Oui.
Oui, oui.
Et je retourne auprès de mes braves… Cinq minutes après… je m’élance derechef… et je prends un deuxième canon. Puis je revole auprès de mes braves pour m’élancer de nouveau, et en réitérant sur un troisième canon. J’ai pris de la sorte dix-sept canons.
Tout ça sur le comptoir.
Naturellement,… et vous, Poterno ?… ah ! que vous étiez beau à voir à califourchon sur un obusier ennemi dont vous veniez de vous emparer !… L’artilleur allait mettre le feu ; le coup partait et nous étions tous massacrés… Par un hasard providentiel, la position que vous occupiez bouchait la lumière ; l’artilleur, qui était myope…
Et qui avait oublié ses lunettes…
Cherchait en vain la cause de cette obstruction singulière…
Malheureusement j’avais des allumettes chimiques dans ma poche de derrière…
Elles prirent feu… l’obusier éclata.
Et, pendant ce temps, la mitraille, les balles, les obus, les pétards, les marrons, les grenades, les artichauts, massacraient nos frères d’armes.
Ah ! ah ! ah !
Et voilà le récit navrant et véridique d’une histoire qui n’est jamais arrivée, et que nous dirons à nos femmes.
Le croiront-elles ?
Qu’est-ce que c’est que ça ?
Oui… on crie : À bas les hommes !
« Voilà ce qui vient de paraître : Ordre à toutes les femmes de traquer et arrêter tous les hommes valides qui seront trouvés dans la ville. »
Hein ? valides !
Non, pas invalides ; valides.
Sapristi ! mais je suis valide.
Et moi donc ! je ne me suis jamais si bien porté.
« V’là ce qui vient de paraître : Ordre à toutes les femmes de s’armer à l’instant et de repousser par les armes tout homme en état de combattre qui serait trouvé dans nos murs. »
Repoussés par les armes !
Mort aux déserteurs !
Jol-Hiddin, voulez-vous que je vous dise ma façon de penser ?
Dis-moi ta pensée, mais épargne-m’en la façon, nous n’avons pas le temps.
Eh bien, vous connaissez mes principes : je file.
On ferme la porte de la ville ; on lève le pont. (Poterno et les quatre hommes arpentent le théâtre à grands pas.) Ah çà ! qu’est-ce que vous avez à faire les ours ?
Sapristi ! j’aimerais encore mieux l’ennemi que des femmes exaspérées ; vous ne savez pas ce que c’est que des femmes exaspérées.
Si, je le sais… surtout la mienne… on vient.
Jol-Hiddin, j’ai une idée…
Bonne ?
Je n’en réponds pas.
Bonne ?
Je n’en réponds pas non plus ; mais en la combinant avec la vôtre…
Scène HUITIÈME.
Oh ! que c’est amusant, nous avons constitué un gouvernement de femmes, et nous voilà toutes soldats… c’est gentil ça !… Toutes soldats ; soldats, c’est-à-dire que personne ne voulait l’être : tout le monde voulait être général, colonel, capitaine ou caporal… C’était des cris… ah ! et ça n’est pas facile de s’entendre quand on ne s’entend plus. Mais Férosa ayant tous les droits au commandement comme étant la plus forte tête de la ville, on l’a proclamée générale en chef. Alors moi je me suis élue moi-même capitaine à l’unanimité.
- Ah ! vraiment
- C’est charmant
- D’aller à la guerre
- En bon militaire,
- Bravement
- Et gaîment,
- Tambour battant.
- Écoutez la trompette qui sonne
- Des chants guerriers,
- Mon sang brûle et bouillonne,
- Mon cœur a soif de lauriers ;
- Le tambour se fait entendre
- Comme un appel aux combats.
- Ah ! je crois que, sans l’apprendre
- D’instinct, je marque le pas,
- Tra ta ra ta ta ta.
- II. Ah ! vraiment, etc.
- Quel plaisir ! me voilà capitaine ;
- Le sabre en main,
- Je dirige et j’entraîne,
- Mes soldats par mon entrain ;
- Je les mène à la victoire,
- Et, devant les ennemis,
- Ils se couvrent tous de gloire
- Et délivrent le pays.
- Tra ta ra ta ta ta.
- Ah ! vraiment, etc.
Scène NEUVIÈME
Vive Férosa ! vive la générale !
Qu’on écoute notre décision !
Qu’on écoute sa décision !
Nous, Férosa, élue par vous générale en chef pour défendre notre cité menacée, avons ordonné et ordonnons ce qui suit : La clef de la porte de la ville me sera remise !… que cet ordre soit immédiatement exécuté. (Une femme sort.). Quiconque tenterait d’échapper serait fusillé sur le champ.
… de Mars.
Toutes les femmes seront armées et concourront à la défense commune en cas d’attaque.
Accepté ! accepté !
Tout contrevenant, opposant ou résistant à ce qui vient d’être proclamé, sera exécuté sans jugement.
Au moins… et pour la première fois.
J’ai dit.
Tiens, veux-tu que je dise… tu es un grand homme.
Vive Férosa !
Scène DIXIÈME.
Générale, un inconnu que personne ne connaît et qui désire garder l’incognito demande à parler à la générale Férosa.
Un inconnu ?… qu’on l’amène ?
Inconnu qu’on ne connaît pas, faites-vous connaître.
Je ne suis pas fâchée de connaître un inconnu, moi qui n’en ai jamais vu.
Je produis de l’effet !
Oh ! un hippopotame habillé en Turc !…
Excessivement curieux comme phénomène.
Trahissons pour ne pas être trahi moi-même.
Qui êtes-vous ? que voulez-vous ? qui vous amène dans ces murs ?
Qu’elle est belle cette femme ! (Avec volubilité et sur le même ton.) Né dans ce pays, je fus arraché au sein de mon père et fait esclave, à l’âge de trois mois et demi, par des farouches soldats de Tamerlan, qui condamnèrent ma tendre enfance…
Passez votre enfance, votre adolescence, votre jeunesse et votre âge mûr, et arrivez tout de suite à votre vieillesse.
Comment ! à ma vieillesse : il paraît qu’elle est myope.
Oh ! après tout, un vieillard n’est qu’un ancien jeune homme avancé en âge.
Emmené avec d’autres soldats et trente-deux éléphants, pour vous combattre, par mon seigneur et maître, le terrible et beau Rhododendron… car il est beau, le gaillard !… on n’a rien vu de beau comme ça… et jeune… vingt-trois ans !… il n’en paraît pas dix-neuf.
Pas de phrases oiseuses, arrivez au fait.
Elle est cassante avec moi, mais agaçante. (Haut.) J’ai, au péril de mes jours, lâché son armée et pénétré dans votre ville, pour vous livrer ses plans et vous donner les moyens de vous emparer de lui, de ses séides et de ses trente-deux éléphants.
Oh ! trente-deux éléphants.
J’en retiens un pour aller à âne le dimanche.
Suivez-moi, vous et votre armée, hors des murs de cette ville, et, ce soir même, je vous ferai surprendre votre ennemi et les trente-deux éléphants sans défense (l’ennemi bien entendu) plongé dans le sommeil de l’ivresse la plus torpide.
Torpide ! a-t-il des mots à sa disposition !
Je soupçonne une machination ténébreuse.
Cet homme suspect ne m’inspire pas deux sous de confiance.
Nous acceptons vos services, mais nous refusons de vous suivre hors de la ville.
Apportez-nous ici l’ennemi et les trente-deux éléphants, on payera ce qu’il faudra.
Elle flaire un canard.
C’est mauvais signe.
C’était bon dans les temps… mais aujourd’hui…
Nous avons décidé de ne pas attaquer, mais d’opposer une résistance énergique à l’attaque de nos agresseurs.
Oui, oui, mort aux agresseurs !
Puisque je n’ai plus rien à faire ici, mesdames, j’ai bien l’honneur…
Pas du tout, vous ne sortirez plus d’ici ; je vous destine un emploi dans notre armée.
Près de vous, générale, mais…
Taisez-vous.
Dissimulons ma rage sous un sourire agréable.
Conduisez-le à la maison de ville en attendant de nouveaux ordres.
À vous, seigneur aussi, seigneur Boboli, nous vous réservons une fonction dont nous vous ferons part.
Oui ! une jolie petite fonction.
Je vais toujours appeler mes esclaves.
Et maintenant tout le monde à la cuve, et fêtons cette belle journée en remplissant nos coupes des prémices du vin.
Vive la générale ! vive Férosa !
- Allons ! foulez la grappe
- (bis) cadencés, Sous vos pas
- Hourra !
- Et que le vin s’échappe
- (bis) entassés, Des raisins
- Hourra !
- (bis) Cette liqueur charmante
- Elle coule écumante ;
- Poussons des cris joyeux,
- Hourra !
- Allons, ô Géorgiennes,
- Buvons à coupes pleines,
- Ce vin délicieux.
- Allons, ô Géorgiennes, etc.
- Répands tes flots rapides,
- Rouge et chaude liqueur,
- Douce au cœur ;
- Au sein des plus timides,
- Viens, jeter une noble ardeur ;
- Donne à qui te va boire
- D’un fier amour de gloire
- (bis). Les élans belliqueux
- Allons, ô Géorgiennes,
- Buvons à coupes pleines
- Ce vin délicieux.
- Allons, ô Géorgiennes, etc.
- Mais j’entends des rumeurs légères.
- Ce sont nos époux et nos frères.
- Poterno que j’ai cru perdu
- Va donc m’être à la fin rendu !
Scène ONZIÈME.
- Après une guerre funeste,
- Nous revenons dans nos foyers,
- De nos corps rapportant le reste,
- Mais avec nos cœurs tout entiers ;
- Nous nous sommes couverts de gloire,
- De gloire et de lauriers.
- Mais, hélas ! hélas, la victoire
- Trahit parfois les plus braves guerriers.
- Voici l’objet de votre flamme.
- Sourd et borgne, il endurera
- Sans souffrir les cris de sa femme,
- Et d’un bon œil il la verra.
- Il est manchot, porte avec gloire
- Un nez d’argent, mais, dans ce cas,
- Sans le rougir il pourra boire
- Et vous pressera dans son bras.
LES ÉCLOPÉS.
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LES AUTRES.
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- Et nous vous accusions, ô glorieux débris,
- Pauvres martyrs, époux chéris.
- Eux, mutilés !… c’est incroyable
- La preuve pourtant la voilà.
- Je trouve bien invraisemblable
- Qu’ils soient si braves que cela.
- Allons ! ce ne sont pas des larmes
- Qu’il faut ici ; ce sont des armes !
- Vengons ces nobles preux
- En combattant pour eux.
- Allons ! marchons gaîment,
- En joyeux régiment,
- Car c’est l’honneur qui nous appelle ;
- Changeons-nous en soldats,
- De fer armons nos bras,
- Car notre cause est la plus belle.
- Vers l’arsenal,
- À mon signal,
- Que chacune s’élance ;
- Hâtons nos pas,
- La gloire les devance.
- Vous, martyrs des combats,
- Allez à l’ambulance.
- Allons ! marchons, etc.
LES FEMMES.
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BOBOLI.
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- Allons ! marchons gaîment, etc.