Les Gaietés/La petite Ouvrière

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Les GaietésAux dépens de la Compagnie (p. 10-12).


LA PETITE OUVRIÈRE.

Air : À ma Margot, du bas en haut.


Ma mère avait raison, je l’vois,
Not’ bonheur est au bout d’nos doigts.
Défunt’ maman m’disait sans cesse :
« Au bout d’tes doigts est la richesse ;

« Fill’ qui travaille avec honneur
« S’fait soi-même son p’tit bonheur. »
Quel plaisir (bis) je r’ssens à l’ouvrage !
Ah ! j’suis tout en nage…
Ma mère avait raison, je l’vois,
Not’ bonheur est au bout d’nos doigts.

L’cœur à l’ouvrage, au mois d’décembre,
Sans feu j’m’enferme dans ma chambre.
Quand il gèle à claquer des dents,
J’réchauffe mes doigts sans souffler d’dans.
Quel plaisir (bis), etc.

D’beaux messieurs proposent de m’faire
Des enfants qui mourraient de misère ;
Chers enfants, par l’travail que v’là,
J’vous épargne ce chagrin-là.
Quel plaisir (bis), etc.

Pour m’amuser d’abord j’m’occupe
D’not’ boulanger zavec sa jupe ;
En jup’ j’me r’présente toujours
C’garçon d’esprit v’lu comme un ours.
Quel plaisir (bis), etc.

Je m’rappelle aussi l’grand Léandre
Qui, d’vant ma fenêtr’, d’un air tendre,
S’déboutonne comme un impur,
Sans s’tourner du côté du mur.
Quel plaisir (bis), etc.


L’ouvrier’ qui craint la satire
Doit s’chatouiller pour se fair’ rire ;
En travaillant ça rend l’cœur gai,
Et l’poignet seul est fatigué.
Quel plaisir (bis) je r’ssens à l’ouvrage !
Ah ! j’suis tout en nage…
Ma mère avait raison, je l’vois,
Not’bonheur est au bout d’nos doigts.