Les Guérêts en fleurs/31

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Éditions Édouard Garand (p. 127-128).

LABOUREUR ET POÈTE


À M. Francis Des Roches,

À l’ami, au poète.

I

Marche ! Marche ! par tes labours.
Ô Laboureur, marche toujours !
Suis ta charrue,
Suis tes grands bœufs dans les sillons
Creusés au chant des noirs grillons,
Dans l’herbe drue.

Sème ! Sème ! répands le grain
Dans la plaine où l’or souverain
Des blés doit naître.
Suis tes grands bœufs par les vallons
Où folâtrent les papillons.
Sois un bon maître !

Fauche ! Fauche ! le blé vermeil,
Aime ton sort au mien pareil,
Avec vaillance !
Ô Laboureur, suis ton destin
Crois en Dieu, va d’un pas certain,
Sans défaillance !

II

Rêve ! Rêve ! poète au cœur
Obstiné, tel le laboureur
Devant sa tâche.
Suis l’essor de ton idéal ;
Prêche le bien, combat le mal.
Ne sois point lâche !

Chante ! Chante ! chaque refrain
De ton âme pleine d’entrain,
D’une voix forte !
Suis de la gloire le sentier.
Que ton avenir tout entier
Lui fasse escorte !

Pleure ! Pleure ! comme un enfant.
Voilà de ton art triomphant,
La récompense !
Ô Poète, va, tends la main !
Tu récolteras en chemin,
De la souffrance !