Les Guérêts en fleurs/40

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Éditions Édouard Garand (p. 147).

MON VILLAGE


C’est un tout vieux village au flanc de l’Etchemin
Suspendu comme un nid à quelque vieux mélèze.
De très vieilles maisons en bordent la falaise ;
Un vieux Calvaire invite à prier en chemin.

Un vieux clocher tremblant y sonne en fa dièse
Un doux vieil Angélus à l’accent presque humain.
Un moulin poussiéreux comme un vieux parchemin,
De l’injure des ans, semble se rire à l’aise.

En paix, de vieilles gens y finissent leurs jours,
Concevant que bientôt la mort sombre et cruelle
Brisera le lien de leurs vieilles amours.

Voilà de ce lieu cher une esquisse rebelle.
Qu’importe ! qu’il soit vieux et d’un aspect banal,
À l’homme rien ne vaut son village natal !