Les Guérêts en fleurs/46

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Éditions Édouard Garand (p. 154).

EN FORÊT


Sous un ciel bas d’automne et rempli de tristesse,
S’en aller en forêt au hasard du moment ;
Retenir son haleine, épier tout sans cesse :
Cimes, fourrés, taillis, sans perdre un mouvement.

Sentir battre son cœur au moindre frôlement
Du vent dans le feuillage où, tout à coup, se dresse
Et part une perdrix que d’un vif aboiement
Un chien signale au loin et suit avec adresse.

S’enivrer à l’aspect changeant du paysage ;
Se flageller soi-même aux branches le visage ;
Voilà de tout chasseur les secrets familiers !

Puis, le soir, harassé, mais satisfait quand même,
Rêvant, rimant, fumant et séchant ses souliers,
Au coin de l’âtre assis, il trace un doux poème… !