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Les Guérêts en fleurs/54

La bibliothèque libre.
Éditions Édouard Garand (p. 162).

LA CROIX DU CHEMIN


À. M. l’abbé Dionis Gélinas.


Comme le phare en mer se révèle aux marins
La bonne croix de bois, à travers le feuillage,
Les bras tendus se dresse aux abords du village
Où j’ai coulé des jours dociles et sereins.

Sur son socle de pierre enclos d’un noir treillage,
Il me semble revoir toujours, doux pèlerins,
Ceux-là qui, chaque soir, en chantant des refrains,
Y priaient à genoux dans leur simple langage.

Le dernier laboureur qui s’arrête en passant
Retenait ses grands bœufs d’un bras rude et puissant,
Devant la lourde croix, mystérieuse et sombre.

Et quand rêveurs ses yeux sur le Christ endormi,
Longtemps s’étaient posés comme sur un ami,
Il repartait, content, par les chemins pleins d’ombre.