Les Heures claires, 1896/22

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chez l’Éditeur Edm. Deman (p. 49-50).


Oh ! ce bonheur

Si rare et si frêle parfois
Qu’il nous fait peur !

Nous avons beau taire nos voix,
Et nous faire comme une tente,
Avec toute ta chevelure,
Pour nous créer un abri sûr,

Souvent l’angoisse en nos âmes fermente.

Mais notre amour étant comme un ange à genoux,
Prie et supplie,
Que l’avenir donne à d’autres que nous
Même tendresse et même vie,
Pour que leur sort de notre sort ne soit jaloux.

Et puis, aux jours mauvais, quand les grands soirs
Illimitent, jusques au ciel, le désespoir,
Nous demandons pardon à la nuit qui s’enflamme

De la douceur de notre âme.