Les Hirondelles (Esquiros)/À mes amis.

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Eugène Renduel (p. 215-218).


À MES AMIS


A. D..ZÉ et A. C...TANT.



__Le soir s’avance ; on renouvelle l’huile de la lampe ; nous nous regardons mutuellement ma famille et moi : il nous semble être en songe.
Tou-Fou.


Animæ dimidium meæ.
Horace.



À mes amis


A. D..zé et A. C…tant.


Lorsqu’autour du foyer nous causons à voix basse,
Que la flamme rougit sur notre front penché,
Que ma main dans vos mains tendrement s’entrelace,
Et que de ses travaux mon esprit se délasse
Dès qu’il s’est sur vous épanché :


Quand dans vos yeux émus un sourire rayonne,
Vous voyez tout-à-coup notre front s’attrister ;
Et de ce changement votre amitié s’étonne.
Amis ! c’est que je pense en mon cœur monotone,
Qu’un jour il faudra nous quitter.

Et puis je dis : Seigneur, daigne alors me les rendre,
Qu’au cercle de tes saints nous nous retrouvions tous.
Quand la mort à la terre aura rendu leur cendre,
De tous ceux que j’aimai d’une amitié si tendre
Qu’aucun ne manque au rendez-vous.

Décembre 1832.