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Les Jeunes Croyances/II/Le parfum des pervenches.

La bibliothèque libre.
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 42-43).



II

LE PARFUM DES PERVENCHES.

enfantine.



Bonne Vierge, écoutez ma voix, je vous en prie !
Hier, parmi les bouquets vivants de la prairie,
Je cueillis, en tressant ma guirlande, une fleur
Dont le calice bleu n’exhalait nulle odeur.

« La pervenche, pour nous, dit ma mère chérie,
Est toujours sans parfums célestes, car Marie
Par les anges en fait dérober la senteur,
Et leurs tremblantes mains la portent à son cœur.


« Mais quand l’hiver flétrit les plantes qui frissonnent,
Pour embaumer les cieux les chérubins moissonnent
Les âmes des petits innocents comme toi. »

Vierge, ayant écouté, tout joyeux, ces paroles,
J’ai des fleurs du jardin ravagé les corolles,
Pour que tes messagers n’y trouvent plus que moi !

Nîmes, 1864.