Les Jeux rustiques et divins/L’hiver
Apparence
Les Jeux rustiques et divins. Les Roseaux de la flûte
Mercure de France, (p. 175).
L’HIVER
Dépose la lanterne et l’épieu du voyage,
Car la pluie au dehors tisse le paysage
De l’enchevêtrement des trames de l’averse ;
Le vent mystérieux, au coin du mur, converse
Avec quelqu’un qui gronde et quelqu’un qui sanglote,
Et l’Hiver aux doigts gourds parle et heurte à la porte
Doucement, et voici qu’il entre dans la chambre,
T’apportant, en ses mains de brouillard et de cendre,
Ô Voyageur ! — pour te dire de rester là
Loin de la route d’ombre où s’en irait ton pas
Trébucher à l’ornière et buter à la flaque —
Avec ses grains de jade et ses boules de laque,
En un vase d’onyx où leur bouquet s’unit
Le vert gui spongieux et le houx racorni.