Les Jeux rustiques et divins/Les Présents maladroits

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Mercure de France (p. 42).


LES PRÉSENTS MALADROITS


Les fleurs de la fontaine et la force des flûtes,
Où ma bouche, le soir, aux trous du buis s’ajuste,
Ni les gâteaux de miel dans les corbeilles rondes,
Ni les poires, ni la grappe, ni les colombes,
Ni la guirlande aussi que pour elle je tresse,
N’ont fait venir à moi la petite Faunesse
Qui danse, sous la lune, au bord de la forêt.
Sa chevelure est rousse ; elle, nue ; on dirait
Qu’elle a peur des gâteaux qui sont dans les corbeilles
À cause du miel doux que vengent les abeilles,
Et que, pour elle, la colombe est la mémoire
De quelque heure jadis blanche sur l’ombre noire
Et qui roucoulerait au fond de sa pensée,
Et, qu’en ma flûte rauque, hélas ! qui s’est lassée
De chanter mon désir mystérieux vers elle,
Elle évoque, là-bas, saignante et paternelle,
Au soleil qui la tanne et au vent qui l’étire,
La dépouille du Faune et la peau du Satyre.