Les Jeux rustiques et divins/Odelette VII

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Les Jeux rustiques et divins. La Corbeille des Heures
Mercure de France (p. 242-243).


ODELETTE VII


Je ne dirai de toi ni chanson
Grave d’amour ou sourde de haine,
Ni la bouche
Chère à l’amour
Et douce à la haine,
Ni tes seins, ni le frisson
De tes cheveux, ni la fontaine
Où, bouche à bouche,
Tu riais la douceur à toi-même,
Ni ton nom
À l’écho même.

Les épines percent la haie,
À la fleur survit la baie ;
La terre croule
Le long des talus de la route ;
Il a plu sur l’étang et sur la roseraie…
Le chemin passe entre deux haies,

L’écho bégaie,
Un agneau broute,
Quelqu’un chante en tressant l’osier dans l’oseraie…
Oui, c’est un peu l’automne,
Déjà,
Et rien de plus ;
La terre lourde croule aux talus,
Quelqu’un chantonne
En travaillant dans l’oseraie…
Le chemin passe entre deux haies…
Il n’y a rien de plus que cela,
Il n’y a rien d’autre que cela,
Un jour passé et toi, le ciel, la terre, l’eau
Et cette route qui va là,
Et cette berge où je suis là
Auprès de l’eau.