Les Jeux rustiques et divins/Péroraison

La bibliothèque libre.
Mercure de France (p. 30).


PÉRORAISON


 
Ô lac pur, j’ai jeté mes flûtes dans tes eaux,
Que quelque autre, à son tour, les retrouve, roseaux,
Sur le bord pastoral où leurs tiges sont nées
Et vertes dans l’Avril d’une plus belle Année !
Que toute la forêt referme son automne
Mystérieux sur le lac pâle où j’abandonne
Mes flûtes de jadis mortes au fond des eaux.
Le vent passe avec des feuilles et des oiseaux
Au-dessus du bois jaune et s’en va vers la Mer ;
Et je veux que ton acre écume, ô flot amer,
Argente mes cheveux et fleurisse ma joue ;
Et je veux, debout dans l’aurore, sur la proue,
Saisir le vent qui vibre aux cordes de la lyre
Et voir, auprès des Sirènes qui les attirent
À l’écueil où sans lui nous naufragerions.
Le Dauphin serviable aux calmes Arions.