Les Juifs contre la France/Introduction

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Librairie Antisémite (p. 5-26).


La France

AU SEUIL DU VINGTIÈME SIÈCLE


Des amis m’ont demandé à plusieurs reprises, avec une obligeante insistance, de réunir ceux de mes articles dont ils avaient été contents — et moi aussi. — J’ai songé à le faire, j’ai commencé à le faire et j’en ai été détourné par le flot des évènements qui incessamment vous emporte et aussi, par le désir de mettre un lien entre ces pages, d’expliquer l’enchaînement des idées qui m’avait amené à les écrire.

Pourquoi me suis-je déterminé à rassembler en une mince brochure ces derniers articles consacrés à l’affaire Dreyfus ! Je le dis franchement à mes lecteurs, c’est parce qu’ils me paraissent exprimer des pensées sur lesquelles d’autres peuvent penser à leur tour, offrir, moins une occasion de lecture agréable qu’un thème à réflexions utiles.

Autant qu’il est possible de se juger soi-même, ces articles sont d’une note plus grise, d’un accent moins précis, et moins net que ce que j’écris d’ordinaire, et c’est précisément pourquoi ils me semblent traduire exactement la phase présente qui est particulièrement confuse et trouble.


Cette phase, en réalité, est une des plus critiques de notre histoire.

Nous sommes, en effet, dans une situation de révolution, et cette situation coïncide avec un mouvement plus prodigieux encore que celui que vit le xve siècle finissant au moment de la découverte de l’Amérique. Le monde va changer d’axe. Le partage de la Chine et de l’Afrique va bouleverser le plan sur lequel vivent maintenant les nations.

Depuis cent ans, il ne faut pas l’oublier, la France n’a pas vu de révolution. 1830, 1848, 1870 ont été des oscillations superficielles entre factions rivales, mais ayant la même origine, de simples déplacements de personne. Les conditions de la vie économique du pays n’en ont pas été troublées.

On a pu croire que 1889 verrait un changement analogue, un de ces changements comme il s’en est produit tous les dix-huit ans et que le triomphe du Boulangisme, en portant au pouvoir des gens nouveaux, en modifiant un peu l’orientation générale, redonnerait à la machine une impulsion plus ou moins durable.

La France souffre encore de cet avortement, non pas d’une révolution, car la campagne boulangiste n’avait rien de révolutionnaire et les révolutions, d’ailleurs, n’avortent jamais, mais d’un mouvement qui était très normal et très indiqué.


Pourquoi ce mouvement a-t-il avorté ? C’est que ce ne sont plus les Français qui arrangent les affaires à leur guise. Il y a désormais dans les affaires françaises un élément nouveau : le Juif, qui est le maître absolu chez nous.


Le Juif qui, pour employer une expression des Archives israélites, est « d’un inexorable universalisme », n’a aucune raison de se placer à notre point de vue exclusivement national. Comme nous l’expliquerons plus loin, il ne juge pas qu’il y ait intérêt pour lui à laisser se prolonger, par un replâtrage plus ou moins brillant, l’apparence de prospérité et de puissance relative qui nous fait illusion depuis quelques années. Il trouve, en un mot, que le moment est venu de supprimer la France comme on a supprimé la Pologne.


Nous assistons donc à une série de liquidations préparatoires de la grande.

Nous voyons finir, avec ses non-lieu, ses Chéquards, ses Panamistes et ses Sudistes mal nettoyés par les juges d’instruction complaisants, ce régime incohérent et bizarre qui, après avoir été exploité d’abord par les Opportunistes, l’a été ensuite par les Radicaux et qui, maintenant, est devenu la proie d’une coalition opportuno-radicalo-socialiste qui est bien la plus extraordinaire et la plus infâme mixture politique que l’on puisse concevoir.

L’habileté du Juif a toujours été de corrompre et d’user successivement tous les partis et tous les chefs qui auraient pu constituer un centre de ralliement.

Il restait encore les Socialistes qui formaient un groupe assez compact, qui représentaient les aspirations du prolétariat et qui étaient forts, non par un programme quelconque, mais par les sympathies qui s’attachent toujours à ce qui évoque un généreux idéal de justice et d’humanité, la promesse même lointaine d’un bonheur possible et d’un avenir meilleur.

Ceux-là, les Juifs se les ont fait livrer par des chefs bourgeois auxquels les Socialistes avaient accordé leur confiance parce qu’ils avaient un beau bagout, par Jaurès, le normalien et le rhéteur, par Millerand, le demi-juif, l’avocat et le basochien.

Remarquez qu’au fond, c’est la répétition pure et simple de ce qui s’est fait en 1871. Jaurès, c’est Jules Simon, l’universitaire déclamateur à la faconde inépuisable. Jules Favre et Crémieux étaient la première édition de Millerand.

Les professeurs et les marchands de parole que le peuple acclamait en 1870 ont remis leurs électeurs entre les mains de Galliffet qui s’en est accommodé comme on sait. Les professeurs et les marchands de parole socialistes font exactement de même aujourd’hui.


Les Juifs ont bien compris, en effet, que pour frapper un parti comme le parti socialiste qui, malgré les allures scientifiques et pédantes qu’il s’est données, est surtout un parti de sentiment, il fallait le déshonorer d’une façon en quelque sorte matérielle et saisissable.

C’est ce qui explique le choix de Galliffet que rien ne rendait nécessaire. En voyant leurs élus mettre leur main dans la main ensanglantée de l’assassin de 1871, de l’égorgeur de prisonniers, les vrais ouvriers, les prolétaires au cœur honnête ont été fixés ; ils se sont dit : « Décidément, il n’y a rien à faire. Nos députés sont aussi farceurs que les autres. »

Après avoir usé dans la corruption ce personnel de politiciens qui a fait du régime républicain ce que nous voyons aujourd’hui, les Juifs ont démoli aussi, et la chose n’a été ni longue ni difficile du reste, ce décor universitaire et patriotique, la phraséologie des manuels scolaires et des discours de distribution de prix qui nous montrait des maîtres d’élite refaisant une âme et un cerveau aux générations nouvelles, préparant la revanche dans l’école, remplissant la noble mission des instituteurs allemands après Iéna.


Lavisse, qui devint dreyfusard sur le tard, a été le protagoniste de cette représentation théâtrale dont la sincérité était absente, et le porte-parole de cette littérature qui eut un moment d’éclat il y a quinze ans. Il n’a pas été un cynique comme les Andrade, les Stappfer et les Buisson ; il n’a pas su être non plus un courageux comme les Syveton, les Vaugeois et les Jules Lemaître.

L’affaire Dreyfus a permis à tous les huguenots, à tous les Juifs allemands ou hongrois qui s’étaient entassés dans l’Université de jeter le masque qu’ils avaient cru devoir garder quelque temps, de se soulager publiquement, de cracher le venin qui était en eux, de nous livrer le fond de leur âme.

Dans un élan instinctif, tous ces Cosmopolites se sont attelés à la fois à l’œuvre d’infamie et de trahison, et l’on a vu se manifester au dehors tout ce qu’il y avait en eux de haine contre la France, sa gloire, ses traditions, tout ce qu’il y avait de tendresse longtemps dissimulée pour la grande et la chère Allemagne.

Pour que l’œuvre de destruction fût complète, il fallait encore démolir l’armée. Les Juifs y ont à moitié réussi ; ils ont porté un coup terrible à cette organisation militaire née avec la troisième République, appropriée à nos mœurs actuelles, que notre chauvinisme avait adoptée et dans laquelle il avait mis ses amours, ses espérances, ses illusions peut-être.

Par le fait qu’elle n’avait pas à son actif d’éclatantes victoires, cette armée devait d’ailleurs n’opposer qu’une médiocre résistance à une campagne d’outrages et de calomnies ; elle devait être gravement atteinte de ce qui aurait à peine effleuré une armée de vainqueurs.

Ici encore l’homme instrumentaire était admirablement choisi. Galliffet, c’est le représentant de l’ancienne armée en ce qu’elle eut de plus mauvais. Chaque agglomération d’hommes, chaque armée par conséquent, contient en elle des germes malsains, des personnalités douteuses.

Balzac nous a montré dans Joseph Brideau ce que pouvait devenir, pendant la paix, un officier qui avait appartenu aux légions héroïques. Galliffet est un type de ce genre ; on l’a appelé un « Esterhazy qui aurait réussi ». Je trouve que l’on a été un peu dur pour Esterhazy.

Le type, d’ailleurs, est complexe. C’est un soldat de l’ancienne armée, encore une fois, mais il n’a rien des nobles et graves figures comme Laveaucoupet, comme Lapasset, comme Ladmirault, qui furent l’honneur de l’armée de Metz. Il apparaît comme un bâtard de Doineau, un épigone de Magnan, un Doineau qui voudrait jouer au Saint-Arnaud et qui taperait successivement tous les partis avec un projet de coup d’État qu’il n’aurait jamais eu probablement l’énergie d’exécuter.


Il ne consent pas à rester en demi-solde comme Joseph Brideau, il veut toucher la solde double et il demande aux banquiers juifs de compléter son traitement. Dans sa jeunesse, il a été l’officier de cour, amant de cœur de filles galantes ; dans sa vieillesse, il est devenu le parasite, l’exploiteur, le commensal des Juifs, le domestique galonné de Reinach.

Dans ce soudard brutal et féroce, il y a, en effet, un patricien, mais un patricien dégénéré, insolent envers le peuple, servile et peloteur envers les Rois de la Synagogue, un mélange de Montpavon et de Sagan, un Montpavon dont Gambetta aurait été le Morny, un Sagan qui aurait été obligé de se contenter de Yousouf, puisque le baron de Hirsch était en mains.


Par une de ces ironies auxquelles se plaît la Destinée, c’est ce prétorien de vilaine marque qui a vengé ces chefs de l’ancienne armée auxquels on jeta pendant si longtemps l’épithète de capitulards et qui, résignés et stoïques, ne songèrent qu’à préparer la revanche.

Galliffet a dû éprouver une joie intense en frappant des généraux comme Négrier, comme Zurlinden, en menaçant Jamont, Hervé, Metzinger. Ces hommes, qui avaient servi de transition entre l’ancienne armée et l’armée nouvelle, qui, par patriotisme, s’étaient pliés aux nécessités d’un régime exclusivement démocratique, qui avaient reconstitué notre force militaire dans des conditions particulièrement difficiles, étaient non pas seulement les ennemis personnels de l’ancien favori de Compiègne, mais les ennemis de la conception qu’il a d’une armée.

Veuillez remarquer, effectivement, que le ministère actuel ne fait qu’appliquer les idées que Galliffet, avec le cynisme énorme qui le caractérise, développait jadis dans une interview fameuse « La France n’est plus en état de lutter avec l’Allemagne, la France ne doit plus songer à la Revanche, elle ne doit plus avoir d’armée, mais simplement une immense gendarmerie destinée à maintenir l’ordre. »

Nous n’étions pas en 1894 aussi avancés qu’à l’heure présente. La Chambre protesta énergiquement contre un tel langage, qui avait été dénoncé et flétri à la tribune par M. Paschal Grousset (qui vote maintenant pour Galliffet).

Galliffet eût été rayé des cadres de l’armée, si le général Mercier n’avait pas eu la générosité de défendre le triste personnage qui devait, plus tard, être implacable pour Négrier auquel on ne pouvait reprocher que de déplaire à l’Allemagne.

Ce qui excitait l’indignation de tous alors est devenu le programme du gouvernement, maintenant que la Juiverie se croit sûre de la victoire. Il faut que l’armée française n’existe plus, pour que l’empereur Guillaume puisse réaliser son rêve : Régner chaque année six mois en Allemagne et six mois en France…

Ce qu’il y a de vraiment beau et de suggestif pour le penseur, c’est de voir, à l’heure décisive et tragique que traverse la France, la rencontre de deux Juifs venus de côtés bien différents de l’horizon et qui se trouvent, au moment voulu, amenés aux affaires de la façon la plus inattendue, pour ceux du moins qui ne connaissent pas les dessous de la politique contemporaine. Ils se reconnaissent, et sans explications, sans discours, ils fraternisent et se dévouent spontanément à l’œuvre commune.

Millerand est Juif par sa mère, Juif par ses oncles dont l’un, fabricant de bijoux fourrés dans le quartier du Temple, fourra tellement les gens dedans, qu’on fut obligé de le fourrer lui-même en prison.

L’origine juive de Galliffet n’est pas douteuse davantage. Le Nobiliaire de Provence a établi la généalogie de la famille de Galliffet, issue de deux Juifs du Comtat Venaissin, Josué et Coulet, qui durent s’enfuir après avoir commis des crimes si énormes qu’ils n’en obtinrent la rémission qu’en se faisant baptiser et en se créant, en quelque sorte, une personnalité nouvelle.

Vous voyez ces deux ministres de la République en présence, une fois la porte bien fermée et les huissiers partis.

L’un est un démagogue fougueux, élu par des fils de Communards, par des hommes qui crient : Vive la Commune ! en toute occasion.

L’autre est le tueur qui, par un affreux dilettantisme, faisait sortir des rangs de malheureux prisonniers qu’on l’avait chargé, non d’égorger, mais de conduire à Versailles, et qu’il faisait fusiller pour s’amuser, pour se distraire, parce qu’il était de mauvaise humeur de ce que l’Empire eût été renversé et qu’il n’y eût plus de fêtes à Compiègne.

Il semble qu’un monde devait séparer ces deux êtres. C’est une erreur ; l’attraction de race les jette immédiatement dans les bras l’un de l’autre et aussi le même mépris pour les goym, pour le peuple, l’éternelle dupe et l’éternelle victime.

C’est en vain que l’un est fils d’un marchand de vins, tribun, flatteur de foule, révolutionnaire de langage, radical, socialiste, tout ce qu’on voudra, et que l’autre est grand seigneur, d’apparence du moins, membre des cercles difficiles, du Jockey-Club, de l’Union, apparenté aux d’Imécourt et même aux Musurus.

Ils sont frères, croyez-le bien, enfants de la même race à laquelle ils tiennent par une fibre qui ne se rompra jamais, aussi étrangers aux intérêts, aux traditions, à l’essence même de la nation au milieu de laquelle ils vivent que je puis l’être à l’âme des Chinois.


C’est là l’œuvre originale et puissante à écrire pour l’avenir, le thème de la plus saisissante étude sociale que l’on puisse imaginer. Dumas s’y essaya dans la Femme de Claude. Il eut l’idée de revenir sur cette question et il m’en parla un jour dans une conversation sur les Juifs qui m’a laissé une impression profonde. Il renonça à son projet parce qu’il était Juif lui-même par sa mère, et beaucoup aussi parce qu’il se rendait compte qu’on ne ferait jamais rien accepter de ce genre à un public de première représentation où l’élément sémite est en majorité.

M. de Vogüé a touché ce point dans les Morts qui parlent, et c’est un portrait d’un original relief que celui de cet Elzéar Bayonne, le Juif socialiste, mélange de Lassalle qui flirtait avec Bismarck, son voisin de campagne, au moment où il préchait la révolution, et de Millerand qui se tord lorsque Galliffet imite les grimaces de ceux qu’il faisait égorger à la Muette.

L’œuvre d’ailleurs, qu’elle soit un drame ou un roman, est en germe dans Daniel Deronda, et surtout dans les livres si étrangement prophétiques où Disraeli s’est amusé tant de fois à traiter ces questions. Dans Coningsby, dans Endymion, dans Lothair, il nous a montré, pendant la première moitié de ce siècle, des personnages que l’on ne croyait pas Juifs, s’installant dans les grands emplois et préparant le triomphe de leur race. Il nous a annoncé que les Juifs jetteraient bientôt le masque et que, las de régner sous l’anonymat ou derrière des hommes de paille, ils réclameraient officiellement le droit de gouverner le monde, le droit d’être nos maîtres.

C’est dans Coningsby ou la Nouvelle génération que Disraëli nous a légué, dans une phrase d’une souriante ironie, le secret définitif de ce siècle qui a été une continuelle duperie, une mystification cruelle, une comédie admirablement montée et une conspiration permanente contre la Vérité.

« Vous voyez, mon cher Coningsby, que le monde est gouverné par des hommes bien différents… de ceux que se figurent ceux qui ne sont pas dans les coulisses… »

C’est par la force même des choses que Déroulède se dresse devant la politique de Galliffet et de Millerand comme le champion tout naturel de cette France dont on veut faire la vassale de l’Allemagne.

« On vit de ce que l’on est et de ce que l’on crée », a dit Proudhon. Déroulède est l’idée de la Revanche incarnée. Soldat vaillant pendant la guerre, il a sinon créé, du moins développé avec toute l’ardeur de sa généreuse nature, ce mouvement de patriotique espérance qui était encore si vivace il y a dix ans. Il a joué un peu le rôle de Arndt qui, par ses vers enflammés, contribua tant en Allemagne au relèvement qui suivit Iéna.

Il n’en faut pas davantage pour expliquer la peur et la haine qu’inspire Déroulède à un ministère allemand et juif, et pour faire comprendre le traitement ignominieux que l’on fait subir en prison au grand patriote que l’on soumet au régime des malfaiteurs de droit commun.

L’erreur de Déroulède, nous l’avons dit bien souvent, c’est de croire qu’une simple révolte populaire ou un 4 Septembre militaire dénoueraient la crise actuelle. Ce qui enlève à Déroulède une partie de ses moyens d’action, c’est de ne pas voir qu’il y a un complot ourdi par les Juifs du monde entier pour la destruction de la France.

Derrière ces politiciens imbéciles ou scélérats, il y a une Puissance formidablement organisée. On ne sauvera la France qu’en abattant cette Puissance, en lui enlevant l’Argent, c’est-à-dire l’arme dont elle se sert pour assassiner la France.

Guérin et ses amis, dont la magnifique résistance à l’arbitraire a fait l’admiration de Paris et de la France, ont, une vision beaucoup plus nette de la réalité des choses.

En réunissant en brochure les articles où je me suis efforcé de bien faire comprendre ce qui était en jeu dans cette extraordinaire affaire Dreyfus, qui n’est qu’un paravent cachant un essai de mobilisation des forces juives, je me suis proposé, je le répète, de faire penser les Français et de leur montrer, une fois de plus, la plaie dans laquelle il faut porter le fer rouge…


Édouard DRUMONT.