Les Livres d’étrennes, 1904

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Les Livres d’étrennes, 1904
Revue des Deux Mondes5e période, tome 24 (p. 933-946).
LES LIVRES D’ÉTRENNES

Si l’on jette un coup d’œil d’ensemble sur tous ces volumes aux couleurs étincelantes qui brillent dans l’abondante moisson de la fin de l’année, on constate que c’est à la grandeur de la France, à son héroïsme, à sa foi, à ses arts, à sa littérature, à son esprit de conquête et de civilisation, de justice et de protection, à son histoire, à tout ce qui l’a faite ce qu’elle fut et ce qu’elle est, que sont consacrés la plupart de ces livres destinés à la jeunesse. De tout ce passé incomparable, sorti du travail des siècles, il n’en est guère qui ne fournisse le témoignage, qui n’apporte l’écho et, tandis que notre pays est aujourd’hui traité comme s’il n’était pas formé de traditions, à l’heure même où l’on s’efforce de rompre tout ce qui nous y rattache, de le renier, c’est, avant tout, faire œuvre utile que de les lui rappeler dans toutes les manifestations de la pensée. Entre les plus célèbres qui nous soient restées d’autrefois, les Très Riches Heures du duc de Berry[1], où revit la France des premiers Valois, de la fin du XIVe et du commencement du XVe siècle, peuvent être considérées comme un monument capital pour l’histoire de la peinture au moyen âge : elles constituent, parmi les manuscrits à miniatures, un document d’une valeur exceptionnelle pour celle de l’art français. La plupart, exécutées pour le fameux Duc Jean de Berry, qui, comme bien des condottieri italiens du même temps, a laissé la réputation d’un prince aussi perfide et cruel que passionne des belles choses, offrent le plus parfait chef-d’œuvre de cet art de l’enluminure qui a joué un rôle considérable pendant des siècles avant et depuis les écoles de Paris et de Bologne que Dante avait à jamais consacrées. Elles datent de l’époque où s’épanouit le génie du moyen âge, où la France et l’Italie gouvernaient l’Europe par les travaux de l’intelligence, se disputaient la prééminence dans l’art de bâtir, de sculpter et dans celui d’orner les manuscrits, de ces années mêmes durant lesquelles Claux de Sluter achevait la Chartreuse de Dijon, le Puits des Prophètes ; où le frère de Charles V construisait à Bourges le Palais, ornait Poitiers et d’autres villes de nombreux édifices, élevait les châteaux de Concressant, de Mehun-sur-Yèvre, et réunissait dans ces lieux, ainsi que dans les hôtels de Bicêtre et de Nesle, que devait bientôt incendier le parti bourguignon, les plus précieuses richesses que la France eût produites jusqu’alors. Sa bibliothèque, comme la librairie de Charles V au Louvre, a formé l’un des fonds de la plus importante collection de manuscrits que nous possédions ; et, tandis que MM. Georges Lafenestre[2], le comte Durrieu[3], Henri Bouchot[4], poursuivent leurs savantes recherches pour savoir à qui attribuer les tableaux des Primitifs qui ont précédé le XVe siècle, pour retrouver, en dépit des ravages du temps, des élémens et des hommes, les indices qui montrent la vitalité de la peinture française avant cette date, on est fixé sur les auteurs de ces miniatures, qui ont été faites dans quelqu’une des résidences que le Duc Jean avait en Berry, en Poitou et à Paris, par Pol de Limbourg et ses frères, « les trois frères enlumineurs, » comme les appelle Guillebert de Metz. Elles sont contemporaines des grandes peintures de la fin du XIVe et du commencement du XVe siècle qui ornaient, en France, l’hôtel Saint-Pol, le Vieux Louvre, l’hôtel de Savoisi, le château de Bicêtre et celui de Vaudreuil en Normandie ; en Italie, le palais public de Sienne, le Campo Santo de Pise, la chapelle des Espagnols à Santa-Maria-Novella de Florence, l’église de l’Incoronata à Naples. C’est là un moment décisif pour l’histoire de la peinture moderne, le moment où les Van Eyck vont paraître en Flandre, tandis qu’en Italie, les Masaccio et les Pisanello sont sur le point d’entrer en scène. Par son caractère mixte et international le manuscrit, qui révèle des influences flamandes et italiennes n’est donc pas seulement une œuvre capitale pour l’histoire de la peinture française et flamande ; il intéresse l’Allemagne et l’Italie. Les 64 planches en héliogravure et le fac-similé en couleurs qui, grâce au talent de MM. P. Dujardin et Wittmann, reproduisent, dans les meilleures conditions possibles, 54 pages entières, et 20 demi-pages du manuscrit de Chantilly, dont le Duc d’Aumale a pour jamais enrichi la France, avec ses compositions religieuses empreintes du sentiment le plus pénétrant, ses figures suaves et pieusement recueillies, — ces tableaux, qui ont à la fois un air calme de simplicité domestique et une si parfaite élégance, — donnent à ce brillant recueil, si bien présenté et commenté par M. Paul Durrieu, dont la critique fait autorité sur cette époque, une valeur inestimable. Cette magnifique publication fait le plus grand honneur à la maison Plon qui l’a éditée.

C’est également des origines de nos Primitifs de l’Art français, au XVe siècle, que traite M. Georges Lafenestre, conservateur des peintures et dessins au Musée du Louvre, dans la monographie si instructive et si attachante sur Jehan Fouquet[5] et son œuvre dont les lecteurs de la Revue ont eu les principaux chapitres et qu’ils retrouveront complétée dans cette élégante édition, enrichie de nombreuses gravures de choix. Le Livre d’Heures d’Etienne Chevalier, dû au peintre de Charles VII et de Louis XI, continue en quelque sorte celui des Très Riches Heures, du peintre de Charles V et du Duc de Berry, d’autant mieux qu’il semble en être inspiré, et l’on sait quels rapports l’œuvre du Tourangeau garde avec celle de Pol de Limbourg et de ses frères ou de Jacquemart de Hesdin. Dans les deux précieux manuscrits aujourd’hui réunis au Musée Condé, et désormais aussi proches à Chantilly que le furent la manière et les procédés des deux « enlumineurs, » — revivent, dans les fonds, tous les plus beaux châteaux de France, le Louvre, Vincennes, Poitiers, Lusignan.

Mais si les peintures, si nombreuses alors, ont presque toutes disparu dans la débâcle, il nous reste encore les tapisseries, les vitraux, les miniatures pour juger de la supériorité que le génie français continua de garder comme au moyen âge, et du mérite des peintres primitifs, qui s’exerçaient à la fois sous toutes les formes. Elles permettent de rendre justice à Jean Fouquet qui, à son retour d’Italie, après avoir travaillé dans le couvent de la Minerve et sous les yeux de Fra Angelico, Donatello et d’autres Florentins, revint s’établir dans sa ville natale, à Tours, qui était alors comme une nouvelle Florence, au dire du Toscan Florio, et où, dans le voisinage même de Michel Colombe, l’auteur des tombeaux de Brou et de la cathédrale de Nantes, il dirigeait un atelier florissant avec ses deux fils comme collaborateurs.

Un livre d’art d’un prix également inestimable est le Nattier[6] de M. P. de Nolhac. La Cour de Louis XV, la Cour de Louis le Bien-Aimé, la Cour galante et fardée des beautés peu farouches et des gentilshommes peu fidèles revit tout entière évoquée dans ses portraits qui, s’ils ne peuvent être comptés parmi ceux des plus grands maîtres, sont la meilleure représentation d’une forme d’art périmée qui n’a plus beaucoup de chances de renaître et portent la marque d’un temps disparu dont elle devait fixer les grâces fugitives enveloppées d’une atmosphère d’amour. Son œuvre a suivi les caprices de la mode comme les suivit la femme de ce temps, que le peintre de la famille royale a immortalisée dans des lumières d’apothéose, sur des nuages roses, au milieu des fraîches guirlandes, et dont il a fixé le caractère sous les ingénieuses allégories d’une mythologie renouvelée ad usum Delphini, et pour lui plaire. Les voilà bien toutes réunies ces physionomies charmantes de femmes intelligentes et frivoles des Mémoires secrets de Bachaumont : la contemporaine de Richelieu et de Valfons, l’héroïne des comédies de Marivaux, des romans de Duclos et de l’abbé Prévost, telle qu’elle s’admira et voulut être divinisée en peinture comme elle l’était dans les madrigaux d’un Bernis ou d’un Boufflers. Cette divinité, Nattier la lui assure. C’est une Hébé ou une Aurore sur les nuées de l’Olympe ; c’est une Naïade couchée nonchalamment parmi les roseaux. Dans l’habileté du peintre à la transformer, elle nous apparaît sous toutes les formes, en Flore, en Printemps, en Source, en Chasseuse de cœurs, en Diane qui retient à moitié sa flèche prête à partir, voire en Vestale ou en Nymphe, mais toujours avec ces doux yeux de flamme où le désir flambe et s’éteint, cet air voluptueux et averti, ce charme fait d’élégance et de finesse et d’un apprêt qui ne s’ignore point ; elle sourit d’un sourire voulu et toujours pareil pour ses amis comme pour la postérité. Son visage révèle un sens particulier du bonheur et ce goût du plaisir que montrent, entre toutes, les Françaises de ce temps, qui passeront, insouciantes, des bergeries de Trianon aux drames de la Terreur ; une sensualité un peu forcée, un regard aimanté et noyé d’amour, y mêlent une inquiétude sans mystère. C’est ce qu’a si bien senti et si bien exprimé M. de Nolhac dans ce luxueux ouvrage, sur J.-M. Nattier, où il nous présente, réunies en une exposition idéale, un choix d’œuvres de la meilleure période de l’artiste. Ce n’est pas seulement dans le Palais qu’il connaît comme personne, et qui lui a révélé ses secrets, que l’éminent conservateur du musée de Versailles a retiré des Attiques, où ils étaient relégués dans le discrédit, les portraits de ces filles de France qui avaient habité le Château alors qu’elles étaient dans tout l’éclat de leur beauté. Il a su, par la province et par l’Europe, retrouver des tableaux authentiques de Nattier et reconstituer sa biographie comme aussi celle de quelques-uns des personnages qu’il a représentés. C’est d’ailleurs la première fois qu’un travail d’ensemble est consacré à Nattier et à son œuvre, si considérable et si dispersée qu’il n’a pas semblé possible d’établir une liste générale de ses peintures. M. de Nolhac a catalogué les œuvres gravées des meilleurs graveurs, les plus importantes, et notamment celles que de récentes études ont mises en valeur. L’intérêt historique ne suffit pas à recommander une telle collection. C’est un véritable enchantement des yeux, qui résiste à toute discussion technique parce que la grâce est la plus forte et qu’on ne se défend point contre les séductions de ce pinceau adroit et nonchalant, qui connaît toutes les habiletés d’un métier charmant. C’est encore une monographie précieuse pour les amateurs, en même temps qu’un document rare pour les artistes, et, afin de lui garder ce double caractère, les éditeurs de ce magnifique ouvrage ont dû apporter des soins tout particuliers à ces reproductions qui peuvent prétendre à donner l’idée des originaux et leur font le plus grand honneur.

A côté de Nattier, aucun autre peintre ne saurait mieux que La Tour[7] nous faire connaître l’âme de ses contemporaines et l’esprit de son temps. Entre la manière affectée de Nattier et le parti si franc de La Tour, la distance est considérable, la différence est profonde, aussi marquée qu’entre la vie des deux peintres, l’un, mari d’une femme belle, père de nombreux enfans, l’autre resté jusqu’à ses vieux jours sceptique et viveur. Ils n’eurent qu’un goût commun : l’argent ; mais pour le reste, quel contraste ! et pourtant l’un complète l’autre. Dans les ouvrages de La Tour, c’est la nature même qui apparaît à nos yeux. Vainement on chercherait une allégorie dans son œuvre. La précision de La Tour a une valeur de document. Il est, dans l’École française moderne, entre les plus puissans des analystes de la figure humaine.

De son vivant, l’ami de M. de la Popelinière et de Mme Geoffrin, de Jean-Jacques Rousseau, de la Clairon, de la Camargo, surtout de Mlle Fel, fut le peintre à la mode. A la suite de Nattier, il représenta le xviiie siècle amoureux et mondain, et qui n’a pas vu ses portraits et ses pastels ne saurait le pénétrer à fond. Dans le splendide album, édité par la maison Manzi, Joyant, on trouvera la série des tableaux ou pastels que La Tour légua, en 1788, à sa ville natale. M. Henry Lapauze a pu étudier, de près, et dans l’intimité, cette collection célèbre de l’hôtel Lécuyer, et la reproduction des quatre-vingt-sept pastels qu’il nous présente dans ces planches en typogravure, qui rendent, autant qu’il est possible, l’impression et les nuances du crayon, a de quoi satisfaire les plus difficiles.

Quand on vient de voir les portraits de Nattier et ceux de La Tour, il semble que l’on comprenne mieux encore toutes les Anecdotes curieuses de la Cour de France sous le règne de Louis XV[8], cet ouvrage qui avait paru en 1745 sous le titre de Mémoires secrets pour servir à l’Histoire de France. L’écrivain qui avait déguisé les noms des personnages et transporté en Asie la scène des événemens et gardé, pour cause, un anonymat prudent nous est aujourd’hui révélé. M. Paul Fould fait revivre cet écrivain de talent, philosophe et moraliste, Toussaint qui joua un rôle dans le puissant mouvement d’idées dont la France du XVIIIe siècle fut le théâtre à cette brillante époque.

A l’histoire de l’art se rattache la publication : les Chefs-d’œuvre des Grands Maîtres[9], collection d’admirables estampes qui met à la portée de tous, sans préférence et sans exclusion à l’égard d’aucune époque et d’aucune école, les plus beaux tableaux du monde reproduits dans des gravures d’une fidélité merveilleuse obtenues par un procédé nouveau qui rivalise pour la finesse des modelés avec la beauté des gravures au burin les plus précieuses et, par la qualité de ses colorations, avec la vigueur des eaux-fortes les plus puissantes. Le nouvel album in-folio qu’édite la maison Hachette, et qui dépasse encore par l’élégance et le format celui de l’année dernière, contient soixante tableaux choisis, avec le goût le plus sûr, parmi les plus célèbres des maîtres d’autrefois et d’aujourd’hui. Chacune des planches peut être détachée. La reproduction de chaque tableau est accompagnée d’une notice par M. Ch. Moreau-Vauthier, qui marque sa place et sa valeur, explique qui l’a inspiré, le caractère et la portée de l’œuvre.

La Revue de l’Art ancien et moderne que dirige avec un goût si sûr et tant de compétence M. Comte inaugure cette année avec ses monographies sur Reynolds[10], David[11], Albert Durer[12], une nouvelle série des Maîtres de l’Art qui n’aura, pas moins de succès que les Artistes de tous les temps[13].

De cette librairie sortent également le Musée de la Comédie-Française[14], où M. Emile Dacier, — après René Delorme et M. Georges Monval dont les catalogues ne concordent plus avec la disposition actuelle depuis la réfection du théâtre en 1900, — nous retrace dans une aimable causerie qui met en valeur son goût si sûr de critique d’art et son information historique, les origines et la formation de cette collection poursuivie de 1680 à 1905, et si riche en portraits, statues, souvenirs, curiosités, décors, manuscrits ou autographes.

Comme pour les meilleurs exemplaires de l’art d’autrefois représentés à l’aide des procédés perfectionnés d’aujourd’hui dans toute une bibliothèque de volumes fort appréciés sur les Grands artistes (et dont les derniers sont sur Donatello[15], par M. Arsène Alexandre, Boucher[16], par M. Gustave Kahn, La Tour[17], par M. Maurice Tourneux, Hogarth'[18], par M. François Benoit), M. Henri Laurens, dans Les Maîtres contemporains[19], a pris l’heureuse initiative de faire connaître les peintures des artistes de notre temps avec la représentation de leur couleur même, de façon à donner l’illusion des originaux. L’Art et la Couleur, cette publication où l’on ne trouve que de l’inédit, qui répond parfaitement aux préoccupations des artistes et des amateurs désireux d’étudier non seulement la facture des peintres des nouvelles écoles, mais surtout de saisir sur le vif leurs dessins, leurs touches même et leur couleur. Par l’examen de toutes ces reproductions de tableaux, on jugera de l’effet obtenu et de la perfection de la ressemblance, et ces excellens résultats expliqueront l’accueil fait, en France et à l’étranger, à cet album, dont le premier volume renferme soixante-douze planches, avec un excellent commentaire de M. Léonce Bénédite.

Les amateurs d’art apprécieront comme il mérite de l’être le livre que M. Frédéric Henriet consacre à l’étude des Eaux-fortes[20] de Léon Lhermitte et qui prouvent que ce grand artiste est aussi bon aquafortiste que bon peintre.

Une publication, tout à fait originale, qui répond bien à l’éclectisme de notre époque, qui porte le témoignage de nos goûts et de nos mœurs, et qui prendra avec les années une valeur de plus en plus grande, c’est la collection déjà si recherchée des Maîtres de l’affiche[21]. Elle comprend cinq années renfermant les spécimens les plus intéressans de la chromolithographie murale au déclin du XIXe siècle, des chefs-d’œuvre dans ce genre de décoration, de marque essentiellement française et conforme aux tendances spéciales de l’école nationale. Quelle dépense d’invention a été faite par les « illustrateurs de la rue, » comme on les a tout d’abord appelés, par tous ces brillans artistes qui ont tant contribué à l’évolution d’un art contemporain, on le verra en examinant toutes ces affiches dont beaucoup peuvent être assimilées à l’estampe par la technique, à la peinture pour la richesse de l’effet, et dans quelques-unes desquelles, comme celles de Chéret, de Willette, de Toulouse-Lautrec, on trouve autant de talent que dans beaucoup des tableaux des Salons.

Tous les grands faits de l’histoire de Paris[22], les souvenirs de vingt siècles, ses transformations à travers les âges, sa physionomie même caractérisée par la diversité des monumens qui en constituent la beauté, les personnages qui l’ont illustré, tout ce passé inséparable de l’histoire même de la France, se trouvent évoqués, dans le livre de M. Hippolyte Bazin, avec une érudition qui, suivant l’expression de M. Theuriet, dans son instructive et éloquente préface, donnent une très claire vision de chaque époque historique et de chacune des œuvres architecturales qui en ont caractérisé les commencemens, l’apogée et le déclin. Les dessins de M. Nelson Dias exécutés d’après nature ajoutent à l’intérêt de l’ouvrage que le sujet suffit à recommander.

C’est un tableau complet de l’Hôtel de Ville de Paris[23] que nous présente l’ouvrage de M. Marius Vachon, dont la première édition de grand luxe tirée à un petit nombre d’exemplaires à l’occasion de l’Exposition de 1900 n’avait pas été mise en librairie.

Au nombre des ouvrages à la fois les mieux illustrés, les plus intéressans et les plus utiles, puisqu’ils ont pour principal objet de nous faire pénétrer dans notre beau pays de France, dans ses provinces les plus originales et les plus pittoresques, il faut mettre en première ligne La Bretagne[24]. On sent vraiment palpiter l’âme de la race celtique dans ces pages où M. Gustave Geffroy fait si bien sentir ce qu’il a ressenti lui-même. Ses descriptions ont l’attrait captivant de la belle et mélancolique terre d’Armor, où la pensée s’enlève et s’envole comme la mouette sur la vague tumultueuse, où les lames, les nuées et les fleurs ont des teintes changeantes si pures, si lumineuses et si douces, tandis que la physionomie de la race révèle l’amertume résignée, la gaîté fine, la douceur héroïque.

L’étude la plus générale et la plus complète que l’on puisse faire sur Rome[25], sur la Ville Éternelle, qui a hérité des monumens des Empereurs et des Papes, — on la trouvera, savamment et brillamment développée, des origines à nos jours, dans l’ouvrage de M. Émile Berteaux dont l’illustration abondante est particulièrement soignée comme celle qui distingue cette précieuse collection des Villes d’art célèbres[26], laquelle vient encore de s’enrichir de Rouen[27], par M. Camille Enlart, Strasbourg[28], par M. Henri Welschinger, Versailles[29], par M. André Pératé, Moscou[30], par M. Louis Léger.

Avec une précision d’érudition qui ne laisse place à aucune obscurité, MM. Hoffbauer, Boni et H. Thédenat, qui poursuivent, d’après des documens authentiques, la restitution de Rome à travers les âges[31], nous montrent dans Le Forum romain et la Voie Sacrée[32] une Rome se ranimant à la clarté des récentes découvertes. Grâce aux exactes restitutions de M. Hoffbauer, et au lumineux commentaire de M. Thédenat, nous pouvons imaginer, dans le décor reconstitué des époques successives, toute la vie de Rome, voir les monumens du Forum, dont les aquarelles de M. Hoffbauer donnent l’illusion complète. Car ici les ruines n’ont pas seulement leur poésie. Non omnes perierunt ruinæ ; comme la statue colossale d’Aménophis III, elles aussi rendent des sons à la lumière. L’histoire antique et moderne du Capitole romain[33], par M. E. Rodocanachi, peut être rapprochée de celle du Forum. Mais si l’on veut avoir l’idée la plus précise qui soit de l’Italie d’hier comme de celle d’aujourd’hui, il faut faire le voyage en compagnie de M. P. Jousset, qui nous décrit l’Italie[34], tout ce qui fait sa gloire dans le passé et sa grandeur présente, dans ce magnifique ouvrage qui donne des pays et des hommes des images authentiques qui sont le meilleur commentaire du texte et le fixent à jamais dans la mémoire.

Au nombre des conteurs originaux et prime-sautiers, qui sont de tous les temps, il est peu de noms plus connus, plus aimés des enfans que celui de Jonathan Swift, ou plutôt de l’auteur de Gulliver[35], du doyen de la riche église de Saint-Patrick à Dublin, qui resta toujours un terrible homme, d’une nature positive, d’un orgueil surhumain, et incapable d’éprouver la moindre sympathie. Il est vrai qu’il vécut à une triste époque. Peut-être était-ce pour cela que la vie humaine n’apparut à ses yeux qu’une tragédie ridicule, le monde que bassesse, cruauté et sottise, un premier ministre qu’un ambitieux chez qui l’amour du pouvoir a étouffé tout autre sentiment. À ce point de vue, sa satire n’aurait pas beaucoup vieilli ; mais si la morale qu’on en peut tirer dépasse l’âge de la jeunesse, la fable d’invention géniale sous laquelle elle se cache fera toujours l’amusement des enfans, et Lilliput, Brobdignac, pays de fantaisie, exerceront toujours sur leur imagination un extraordinaire attrait de séduction, surtout quand ils retrouveront leurs habitans légendaires sous le crayon pittoresque de Robida, d’une verve qui ne s’est jamais surpassée et dont l’illustration en couleurs déroule sous nos yeux les spirituels, joyeux et philosophiques épisodes des aventures de Gulliver. Le même artiste ingénieux et toujours si fertile en trouvailles s’est chargé de mettre en scène les Contes Populaires[36], de Musæus, qui dérivent, de loin, des Contes de Perrault, pour ne pas remonter aux Mille et une Nuits, et où l’humoristique Allemand, presque aussi populaire en son pays que Wieland ou Hoffmann, évoque le monde mystérieux des elfes, des gnomes et des fées. Les Nouveaux Contes d’Andersen[37], traduits par M. E. Avenard et illustrés par le peintre danois Hans Tegner, prennent place ici tout naturellement, en même temps que Richard et Saladin tiré de Walter Scott[38], les Contes Merveilleux[39], de M. Jérôme Doucet, qui a su faire servir la science à rendre vraisemblables les choses qui le semblaient le moins.

Dans les romans, contes moraux et honnêtes où la moralité n’exclut pas l’agrément, nous n’avons pas besoin de faire ressortir ceux d’un écrivain dont les lecteurs de la Revue connaissent depuis longtemps les œuvres. Il suffit de signaler cette jolie édition illustrée de la Terre qui meurt[40], ce beau roman où M. René Bazin a retracé, avec un charme à la fois si naturel et si troublant, le déplorable exode du paysan vers la ville et sa désaffection pour la terre qui l’a vu naître.

On regrette, en lisant le joli récit de M. Georges Beaume, la Petite Princesse[41] que le rêve ne soit pas la réalité et que la récente tragédie de Cluses n’ait pas eu la même fin que celle qui dénoue ce roman, grâce aux deux idéales figures de jeunes filles, dont l’influence bienfaisante et la bonté si touchante ramènent aux sentimens de paix des hommes déjà entraînés dans les horreurs de la guerre sociale. Le Théâtre de la Primevère[42] où Guy Chantepleure promène sa fantaisie souriante ou mélancolique, mérite bien son titre, par sa grâce et sa fraîcheur printanières.

Dans la Terre sanglante[43], M. Jules Mazé a raconté quelques-uns des épisodes les plus tristes de l’Année terrible : Borny, Rezonville, Saint-Privat, Metz, ces noms qui sonnent comme un glas évoquent tous les dévouemens que fait naître l’amour de la patrie, tandis que l’émotion grandit au souvenir de la frontière violée, du drapeau vaincu, de toutes ces luttes héroïques qui, si elles ravivent les douleurs passées fortifient aussi dans l’espérance d’un lendemain qui répare et qui console. L’auteur excelle à faire vibrer les plus nobles sentimens, car il a gardé au cœur « la pitié qu’il y a au pays de France » comme au temps de Jeanne d’Arc, que nos malheurs nous ont rendue plus sacrée et dont on ne saurait manquer d’invoquer l’exemple lié à tous ces souvenirs de la patrie qui marquent les heures de ses triomphes comme de ses revers. Avec une dose d’émotion communicative que connaissent bien les lecteurs de la Guerre Fatale, le capitaine Danrit fait une fois de plus appel à la loyauté chevaleresque, à l’honneur dans Évasion d’Empereur[44], où la mort du prisonnier de Sainte-Hélène met à néant les projets d’évasion imaginés par les fidèles de Napoléon, afin de le soustraire à ses geôliers.

La lutte entre le patriotisme et l’amour paternel est aussi le sujet du drame tout intime du Sang des Mordrey[45] imaginé par Mme Chéron de La Bruyère. La situation n’est pas moins pathétique dans la Fiancée de Lorraine[46].

Dans tous ces livres où beaucoup de talent et d’imagination sont mis au service d’idées morales et élevées, la plupart mériteraient d’être plus longuement recommandés s’ils n’étaient déjà quelque peu connus pour avoir été publiés dans quelque recueil comme le Journal de la Jeunesse et la Bibliothèque des Écoles et des familles[47] d’où sortent les Cadets de Gascogne[48] de MM. H. de Gorsse et J. Jacques, dont le fameux Cyrano de Bergerac conduit ou domine toutes les péripéties, — Le Loup noir[49] de M. H. de Charlieu, dont l’action se passe en Russie sous Catherine II, — Augustin de Beaulieu[50] et sa navigation aux Indes Orientales, par M. Eugène Guénin, — Notre aînée[51], par Julie Bornis, — Victor Hugo[52], Années d’enfance, par M. G. Simon. Dans la Lecture pour tous[53], Mon Journal[54], le Saint Nicolas[55], le Petit Français illustré[56], tous les genres sont également représentés. Mentionnons encore La Bague de Gaston Phœbus[57], par J. de Coulomb, Rob-Roy[58], adapté de Walter Scott par M. Emile Pech, — L’Epopée biblique[59], par M. le chanoine Boissonnet, — Cœurs vaillans[60], par M. Emile Pech. — Les Héros de Chemulpo[61], par M. Gaston Leroux. — Histoire de la guerre russo-japonaise[62], par M. Gaston Donnet. — Chez les anthropophages[63], par M. E. Salgari. — La Roulotte[64], par Mme Augusta Latouche, une délicate et touchante histoire et bien simplement racontée, de deux pauvres orphelins qui après bien des péripéties et des traverses arrivent à s’assurer une vie indépendante sans avoir jamais rien sacrifié de leur dignité ni manqué à leur conscience. Parmi les récits d’aventures qui conservent la préférence de la jeunesse, il faudrait nommer tous ceux que publie la maison Hetzel, qui continue de répondre à tous ses goûts par son tour amusant, ingénieux et instructif. Le Magasin d’éducation[65] offre cette année comme à l’ordinaire la plus grande variété de sujets et, tout d’abord, deux romans de Jules Verne, d’autre part, réunis en un seul volume : Maître du Monde[66], où le secret de l’Épouvante, pas plus que celui du Great-Eyry, ne peuvent être découverts, et : Un drame en Livonie, histoire d’un crime et d’un vol qui révolutionnent les provinces Baltiques. M. André Laurie, le romancier qui s’est fait une spécialité de l’éducation sous toutes les latitudes, nous conduit cette fois en compagnie de Jacques Ambert, passer Un semestre en Suisse[67] au Gymnase de Zurich.

Quoi de plus émouvant que le récit des épreuves de Gaétan Faradel[68], tour à tour soldat anglais, aérostier, capitaine de navire, explorateur malgré lui, et qui finira par trouver, avec l’amour et la fortune, et presque la gloire, la récompense de son énergie ! Dans le Serment de Daalia[69], M. Paul d’Ivoi obtient l’effet dramatique, jusqu’au dénouement où Daalia est sauvée par Albin son fiancé, tandis que, sous l’explosion, le Varyag s’engloutit dans les flots. La destinée n’est pas moins étrange qui conduit l’ancien premier sujet du Bocquet’s Circus, Théobald qui avait été la gloire de la foire du Trône à succéder aux rajahs de Ramador[70], en associant la princesse Nélica à son bonheur. Pour faire un récit, d’un intérêt captivant, dans le Serment de l’explorateur[71]. M. L. -G. Binger n’a eu qu’à faire appel à ses propres souvenirs, et personne ne pouvait nous intéresser aussi vivement aux péripéties du voyage de Roger à la recherche de Léon de Sartane, à travers la brousse, au Sénégal, que le courageux explorateur qui, de 1887 à 1890, entreprit le voyage du Niger au golfe de Guinée.

Mais si l’on veut se tenir au courant des voyages de découvertes, de tout ce qui intéresse les progrès de la géographie, les conquêtes lointaines, il faut toujours revenir au Tour du Monde[72]. On a pu y lire naguère le Journal de l’expédition entreprise, en 1903, à travers les rapides et les chutes du Bas-Niger par le commandant Lenfant, afin d’ouvrir une nouvelle route de pénétration jusqu’au Tchad[73]. La seconde mission Hourst Dans les rapides du Fleuve Bleu[74], ajoute une page brillante à l’épopée coloniale de la France. Aucun livre ne saurait avoir plus d’attrait que celui-ci tout vibrant des prouesses de plusieurs mois dans cette lutte contre les forces naturelles et où se trouvent à la fois un drame pathétique, la finesse des observations sur les mœurs et le caractère chinois et l’agrément des anecdotes.

L’expédition du Thibet, l’entrée des Anglais à Lhassa, la ville sainte du bouddhisme, et la guerre russo-japonaise ajoutent encore à l’intérêt de la relation de M. Gabriel Bonvalot dans l’Asie inconnue. — A travers le Thibet et la Chine[75]. L’expédition suédoise du docteur Nordenskjold Au Pôle antarctique[76] restera, elle aussi, à jamais mémorable comme celle Dans le Thibet inconnu [77] de Sven-Hedin.

Une des plus belles publications de l’année, des plus complètes et des plus instructives est cette histoire du Mexique au début du XXe siècle[78] à laquelle ont collaboré pour l’histoire les écrivains les plus compétens et les plus érudits.

En lisant l’Atmosphère[79] de M. Camille Flammarion, on retrouve les précieuses et brillantes qualités’ qui ont fait le succès de ses précédons ouvrages, où la connaissance du monde physique est encore servie et étendue par l’imagination, où l’intérêt résulte d’une heureuse combinaison de ces deux élémens. A côté de ce livre, celui de M. J. Thoulet nous découvre le fond de l’Océan[80], ses lois et ses problèmes. Le succès ne peut manquer d’aller à un autre ouvrage d< ; vulgarisation vraiment remarquable : les Animaux domestiques[81], monographies variées, aussi instructives et amusantes que les planches et aquarelles en sont merveilleuses. C’est également aux meilleures sources que M. Pierre Calmettes a puisé sa documentation pour écrire son livre : Excursions à travers les métiers[82], qu’il nous fait connaître, à l’aide de notes et de croquis de sa main.

Quant aux jeunes filles, si l’on veut un livre qui leur convienne de tous points puisqu’il n’en est guère qui n’aient quelque penchant pour ce qui touche à la décoration ou sert à la parure, on peut avoir recours à M. Emile Bayard qui nous montre quelles ressources elles peuvent trouver dans la Femme d’aujourd’hui[83] et dans les Arts de la femme[84]. Plus de 200 illustrations dues à la plume de cet artiste forment le meilleur commentaire du texte. Dans des pages érudites et charmantes, M. Henry René d’Allemagne nous dit les Récréations et Passe-temps[85] qui amusèrent nos pères. Que d’observations intéressantes ne peut-on pas faire en lisant ces piquantes anecdotes, en parcourant ces élégantes gravures et ces planches coloriées à l’aquarelle, fidèles reproductions de vieilles estampes, qui constituent une suite de petites scènes de genre et de naïves images de petits jeux innocens, qui ne l’étaient guère, jeux de « l’horloge, » du « portier, » du « chevalier à la triste figure, » qui sembleraient sans doute un peu déplacés, aujourd’hui, dans les salons à la mode.

Mentionnons encore quelques volumes de choix : Un trio d’amis[86], par Eudoxie Dupuis, le Secret de l’émail[87], par Yann de la Noël, comme les Petits drames du poste[88] où se succèdent les types les plus drôles et les plus désopilans dans les scènes les plus comiques, et tous les volumes bleus et roses de la maison Armand Colin : la Marraine de Peau-d’Ane[89], Chemins de traverse[90], d’Une rive à l’autre[91], le Bon Géant Gargantua[92], Trésor de Guerre[93], qui, au don de la recherche et de l’invention, au bon sens et à l’esprit, joignent encore le mérite d’être amusans et gais ; et, pour terminer, nous ne pouvons pas ne pas citer quelques albums qui attestent l’entrain de la fécondité de nos illustrateurs, comme la Poule à Poils[94], avec les dessins de Vimar, qui inaugure dans Plume et Crayon[95], une collection que se disputera la jeunesse, — La Guerre des animaux[96], illustrée par C. H. Thompson, les Chansons du vieux temps[97], musique et paroles recueillies par M. J. Thiersot avec gravures en couleurs de Gerbault, — Yves le marin[98], avec texte et dessins de M. G. Fraipont, — les Contes merveilleux[99], de Jérôme Doucet, avec les croquis de Fontanez, — Caramel[100], de Benjamin Rabier, — les Jeudis enfantins[101], avec les illustrations de Poulpot, — Chants pour la jeunesse[102], par M. Maurice Bouchor, toutes ces compositions enfin où l’on trouve la spontanéité, l’abandon, la facilité qui produit toujours et sans cesse se régénère.


J. BERTRAND.

  1. Plon, Nourrit et Cie.
  2. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  3. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  4. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  5. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  6. Manzi et Joyant.
  7. Manzi, Joyant et Cie.
  8. Plon et Nourrit.
  9. Hachette.
  10. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  11. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  12. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  13. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  14. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  15. Henri Laurens.
  16. Henri Laurens.
  17. Henri Laurens.
  18. Henri Laurens.
  19. Henri Laurens.
  20. Alphonse Lemerre.
  21. Imprimerie Chaix.
  22. Charles Delagrave.
  23. Plon.
  24. Hachette.
  25. Laurens.
  26. Henri Laurens.
  27. Henri Laurens.
  28. Henri Laurens.
  29. Henri Laurens.
  30. Henri Laurens.
  31. Plon, Nourrit et Cie.
  32. Plon, Nourrit et Cie.
  33. Hachette.
  34. Larousse.
  35. Laurens.
  36. Combet et Cie.
  37. Juven.
  38. Juven.
  39. Juven.
  40. Juven.
  41. Mame.
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  43. Mame.
  44. Delagrave.
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  47. Hachette.
  48. Hachette.
  49. Hachette.
  50. Hachette.
  51. Hachette.
  52. Hachette.
  53. Hachette.
  54. Hachette.
  55. Delagrave.
  56. Armand Colin.
  57. Hetzel.
  58. Combet.
  59. Mame.
  60. Juven.
  61. Juven.
  62. Delagrave.
  63. Delagrave.
  64. Delagrave.
  65. Hetzel.
  66. Hetzel.
  67. Hetzel.
  68. Flammarion.
  69. Combet.
  70. Hetzel.
  71. Flammarion.
  72. Hachette.
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  74. Plon.
  75. Flammarion.
  76. Flammarion.
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  78. Delagrave.
  79. Hachette.
  80. Hachette.
  81. E. Flammarion.
  82. E. Flammarion.
  83. Juven.
  84. Delagrave.
  85. Hachette.
  86. Delagrave.
  87. Delagrave.
  88. Mame.
  89. Armand Colin.
  90. Armand Colin.
  91. Armand Colin.
  92. Armand Colin.
  93. Armand Colin.
  94. H. Laurens.
  95. H. Laurens.
  96. Hachette.
  97. Hachette.
  98. Laurens.
  99. Juven.
  100. Juven.
  101. Juven.
  102. Delagrave.