Les Médailles d’argile/Blanche couronne

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Les Médailles d’argileSociété du Mercure de France (p. 211-212).
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BLANCHE COURONNE


Blanche couronne ! grâce ancienne
De tes deux noms de fleurs et d’eau,
Tu es aussi Douce-Fontaine
Pour tes roses et tes roseaux.

L’eau verte dort aux douves tièdes,
L’eau fraîche veille au fond du puits,
Le jardin vaste est plein de cèdres
Et le vieux cloître plein de buis.

Les glycines aux arceaux blancs
Montent et le lierre rampe ;
De la fenêtre on voit les champs,
Des champs, là-bas, on voit les lampes.


Douceur du soir, foyer d’automne !
Tout le bois d’or, et les pins verts
Avec la plainte monotone
Du vent qui leur vient de la mer.

Joie au matin, paix de midi,
La promenade autour du cloître
Où l’on voit sur le mur tiédi
Son ombre grandir ou décroître,

Solitude, chère ruine
Où l’âtre a des flammes encor,
Où l’écho vers nous s’achemine
Du fond des vastes corridors ;

Roses, fleurissez-là toujours !
Sa plus belle fleur est la mienne
Et j’ai bu dans ce doux séjour
L’onde de la Douce-Fontaine ;

L’automne où cet an va finir
Est doux de nos ombres passées
Et je tresse à son souvenir
Cette couronne de pensées.