Les Médailles d’argile/Fin de journée

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Les Médailles d’argileSociété du Mercure de France (p. 183).
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FIN DE JOURNÉE


Un même songe a fait de marbre vos paupières,
Dieu qui verdit auprès de toi, Déesse blanche !
Et toujours ce murmure où la vasque s’épanche
Et cette allée oblique et ces eaux régulières…

L’ombre, à chaque printemps, des feuilles familières
Touche l’épaule lisse et remue à la hanche,
Et votre ennui captif sur le socle se penche
Pour y voir vos pieds nus pris aux cordes des lierres ;

Et toi, lasse comme eux, mais que ton ombre suit,
Tu viens, du noir portail où s’arque un double buis,
Regarder l’horizon de la campagne verte ;

Et, debout sous l’arcade amèrement rigide,
Tu laisses à ta peau, par ta robe entr’ouverte,
Fraîchir le souple vent qu’embaume l’herbe humide.