Les Médailles d’argile/L’Empreinte

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Les Médailles d’argileSociété du Mercure de France (p. 110).
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L’EMPREINTE


Pour figurer la vie en médailles où dure
La face souriante et le profil hautain,
Si je n’ai pas choisi l’or, l’argent ou l’étain
C’est qu’un Dieu m’a prescrit ma tâche encor future.

L’argile, hélas ! suffit à ce que la nature
A fait pour un bref soir ou pour un court matin,
Et sa matière est propre au portrait incertain
Où la ride à la glaise annonce la fissure.

Ainsi donc, à plat ventre étendu près des flots,
Puisqu’un Dieu sans pitié refuse à nos yeux clos
La gloire de survivre en l’airain martelé,

Je laisserai de moi sur cette grève amère
L’empreinte fugitive où se sera moulé
Mon visage plus vain que le sable éphémère.