Les Médailles d’argile/La Danse

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Les Médailles d’argileSociété du Mercure de France (p. 30).

LA DANSE



Tu danses. Ce beau soir est triste autour de toi.
Les cyprès et les pins, seuls, sont verts dans le bois
Qui mêle aux bouleaux l’orme et les hêtres au frêne
Leurs feuillages déjà par l’automne deviennent
Rouges d’un peu de poupre et fauves d’un peu d’or.
Tu danses. On dirait, à te voir, voir encor
L’été voluptueux étirer sa paresse
Onduleuse, quand, les yeux mi-clos, tu te dresses
Comme si tu voulais de tes deux bras levés
Arrêter au passage un songe inachevé
Vers lequel, tour à tour, tu te tournes, cherchant
Sa bouche amère ou douce en fuite dans le vent.
Tu danses ; et toujours, silencieuse et vive.
Tu poursuis à jamais ce qui toujours s’esquive.
C’est l’automne déjà et les cyprès sont verts ;
Et, sous un pin, assis, à tes rythmes divers
Ma flûte obéissante et fidèle longtemps
Hésite. Tu es lasse et ta danse m’attend
Incertaine, tandis qu’à tes pieds tourne encor
Un vol faible et léger de molles feuilles d’or.