Les Médailles d’argile/Madrigal lyrique

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Les Médailles d’argileSociété du Mercure de France (p. 189-190).

MADRIGAL LYRIQUE


Vous êtes grande de tout un corps charmant
Dont l’ombre est à vos pieds, parmi les roses
Qu’effeuillent vos mains en rêvant ;
La douce fleur, pétale à pétale, se pose
En papillons légers et lents ;
La tige, peu à peu, s’envole de sa rose,
Et la flûte à l’écho s’accorde dans le vent.

Vous êtes belle de tout un visage qui sourit,
De vos yeux clairs qui vous font douce
À votre bouche
Où le sourire en sa grâce s’endolorit
Comme l’espoir
Qui, lèvre à lèvre, joint et touche
Les lèvres de la tristesse qui lui sourit
En son miroir…

La flûte avec le vent s’est tue au fond du soir.

Vous êtes belle de toute votre vie et de vos jours
Qui, un à un, vers vous s’en viennent
Menant l’Amour
Nu dans sa robe d’or et de laine
Avec sa gourde et son diadème ;
À vos roses il mêlera ses épis lourds
Et, pas à pas, la main dans la sienne,
Vous irez vers l’aurore et, dans la nuit sereine
Où s’est brisée avec le vent ma flûte vaine,
Vous entendrez,
Une à une, sous les roses et les cyprès,
Chanter dans l’ombre les fontaines.