Les Muses françaises/Marie Dauguet

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Les Muses françaises : anthologie des femmes-poètesLouis-MichaudII (XXe Siècle) (p. 59-73).




MARIE DAUGUET




Mme  Dauguet, née Marie Aubert, naquit le 2 avril 1860 à Lachandeau (Haute-Saône). Élevée très librement, en pleine nature, c’est à la nature que sont allés tous ses goûts et c’est de la nature encore qu’elle reçut le meilleur enseignement. Elle avait quinze ans lorsque son père alla s’établir au Beuchot, une vieille usine un peu perdue dans un coin du pays vosgien : des forêts, des marais, des herbes folles ; une nature vigoureuse et rude, et dont nous retrouverons tous les aspects, tous les bruits et tous les parfums, des plus sauvages aux plus subtils, dans les vers qu’elle fera plus tard. — C’est là qu’elle a vécu depuis, faisant à Paris de courtes apparitions ; c’est là qu’en 1888 elle épousa M.  Dauguet, un ami d’enfance dont la tendre affection et la large sympathie ont créé pour elle une atmosphère de confiance dans laquelle elle a pu, comprise et encouragée, développer toutes ses hautes et rares facultés de sensibilité et d’expression.

« Ma curiosité est universelle, m’écrit-elle, j’ai soif de comprendre et je crois aimer presque autant la science, les sciences naturelles, que l’art. J’ai gaspillé beaucoup de temps en dilettantismes divers, allant de la physiologie à la botanique ; intéressée par les plantes, les bêtes, tout ce qui est la vie ; partageant mes heures entre les champs, les jardins, les étables, la peinture, la musique et les livres. »

Elle ne songeait pas encore à écrire. Cependant ni les livres, ni la peinture, ni la musique ne suffisaient à l’absorber tout entière, il y avait de l’inquiétude en elle, un sentiment vague, un besoin quelque peu inconscient d’exprimer quelque chose, des sensations, des émotions, des idées. Tout cela l’opprimait et la mettait dans un état de véritable détresse morale. Et voilà qu’un jour, « un hiver de tristesse et de lassitude », en marge de dessins qui ne la satisfaisaient pas, elle crayonna quelques vers : c’était le Bon Rouet, une des jolies pièces de À travers le voile, le premier recueil de Mme  Marie Dauguet. Cette fois, elle avait découvert le verbe qu’il lui fallait. Elle n’abandonna point pourtant la palette et son piano ouvert l’attirait toujours. — « Je me suis jouée beaucoup de mes poèmes avant de les écrire », — dit-elle. Cela n’explique-t-il pas l’harmonie particulière, la musicalité très grande de ses vers !

Ayant demandé à Mme  Marie Dauguet quelques renseignements sur ses goûts, sur son idéal artistique et personnel, très franchement, sans fausse modestie, avec une sincérité absolue, elle m’a répondu :

« Mon idéal ? Deviner un peu de l’énigme du monde à travers les apparences : lignes, formes, couleurs, parfums, synesthétique vibrance de la Vie. Poursuivre la beauté qui résulte des phénomènes et lui demander son secret. Je suis un miroir amoureux de ce qu’il reflète ; et qui pense…

« Mon idéal ? Jouir infiniment de la vie, avec une chair, avec un cœur tout à la fois mystiques et païens ; l’accepter avec courage tout entière, la chanter passionnément et croire que l’artiste ayant ainsi fait son devoir peut se consoler de mourir s’il emporte au front un brin de laurier ou un rayon de gloire.

« Mon idéal purement littéraire. Le rendu sincère de l’émotion, l’abandon à l’inspiration ; avec intervention ensuite de la raison qui corrige, organise, équilibre. Le goût de n’être que moi dans l’expression comme dans l’idée. Mon désir encore de fondre en mon art, d’y mêler au moins très intensément tout ce que je dois à la pratique des autres arts : peinture et musique. Un poème ne me satisfait que s’il est très personnel, coloré et d’une harmonie — non pas correctement quelconque — mais en rapport avec ce qu’il exprime. C’est une erreur de l’esthétique classique de croire que la douceur des sons est toujours nécessaire. Nous la tenons de ce Régent du Parnasse, qui a fait quelques-uns des vers les plus rocailleux qui existent et l’influence de Hugo même, du symbolisme après lui, n’a pu encore nous débarrasser de ce préjugé. — Du reste, Boileau était sourd. — Il me déplaît, d’autre part, que le poète s’accorde une liberté trop grande. Je suis partisan d’une dure discipline pourvu qu’il se la crée de lui-même et qu’il ne l’accepte pas d’autrui sans examen. J’admets le vers libre ; mais le vers régulier soumis à un frein rigoureux en devient plus nerveux et plus éclatant. »

Après ce très complet et sincère « examen », quelques lignes des critiques qui ont parlé de Mme Marie Dauguet suffiront, je crois, pour que cette courte notice renseigne parfaitement sur le poète et surtout sur son œuvre.

C’est d’abord M. Émile Faguet qui, en 1902, écrivait : « Voici enfin un vrai poète… Ni classique, ni romantique, ni décadent. S’il ressemble à quelqu’un, c’est un peu à André Chénier. Sa méthode est simple. Marie Dauguet se promène et laisse la nature entrer en elle, et elle cherche à décrire son état d’âme. C’est tout. Une belle plante qui saurait chanter. — Ou je serais bien étonné, ou c’est un vrai, peut-être un grand, à coup sûr un charmant poète qui « va naissant ».

Ensuite, M. Stuart Merrill : « Il y a quelque chose d’âpre, de rêche, de rustique et en même temps de sain, de robuste et de sincère dans la plupart des poésies de Mme Dauguet. On sent « à travers le voile » des phrases, une femme forte et ardente qui pose avec confiance le pied sur la terre où dorment les aïeux. Ses vers sentent le thym, le bois vert et les mousserons, quand ils ne fleurent pas la fraise, l’abricot ou la pomme. Je m’imagine que cette rêveuse, chaque soir, quand elle a secoué de sa robe les feuilles mortes et les herbes folles, s’alanguit à jouer de quelque clavecin vieillot et à chanter dans le crépuscule les chansons de sa province. » — Et, comme M. Faguet, mais avec plus d’assurance, M. Stuart Merrill écrit « Un grand et vrai poète nous est né. »

Il faut encore citer quelques lignes de M. Remy de Gourmont. M. de Gourmont a préfacé l’avant dernier volume de Mme Marie Dauguet, Par l’Amour, — préface très intéressante et on ne peut plus judicieuse quant au jugement porté sur l’œuvre qu’elle présente. Entre autres choses M. de Gourmont écrit : « Mme Dauguet répond admirablement à l’idée que l’on se fait d’un poète de la nature, chez qui toute pensée, avant de se particulariser, a besoin de s’aller tremper dans les ombres forestières ou dans les herbes ensoleillées, parmi les feuilles vertes et les feuilles mortes. D’instinct, elle fraternise avec la vie végétale et c’est là qu’elle prend ses rimes et ses métaphores, sa philosophie et sa mélancolie. »

Ce qui charme le plus M. de Gourmont, dans l’œuvre de Mme Dauguet, c’est ce qu’il appelle des images « odorales ». Il est vrai qu’à ce point de vue Mme Marie Dauguet montre une extraordinaire sensibilité, elle sait analyser les odeurs les moins définies comme les plus réelles, les plus douces comme les plus fortes, les plus simples comme les plus compliquées. Et tous ces parfums des bois et des jardins, des moissons et des étables, de la mare et de la ferme, elle les aime, elle les distingue dans l’air et elle les note ou nous les suggère par des mots heureusement accouplés. Elle a alors des vers comme ceux-ci :

 
Une odeur de bétail velouté l’air du soir.


Un beau soir d’été, nous en avons l’impression. Et encore :

 
L’accord des buis amers et des œillets musqués.


Nous peint-elle la forêt :


Le mélancolique
Encens qu’exhalaient vers les cœurs endoloris
Les fossés vaseux et les champignons pourris.
Les hêtres s’effeuillaient. Toute une âme sauvage
Respirait ; et des mousses et des saxifrages
Et des taillis, tout dégouttants d’humidité.
Montait aux lèvres une odeur de nudité.


Mme Marie Dauguet est par excellence le poète, le chantre des parfums de la nature, elle leur a découvert une valeur de signification qu’ils n’avaient certainement pas avant l’impression de certains de ses plus personnels et plus beaux poèmes.

Assurément, de toutes les poétesses contemporaines, elle est celle qui a le mieux, le plus vraiment chanté la nature. Car c’est la nature, l’âme et l’aspect de la nature et non pas elle-même qu’elle traduit.

Une poétesse qui a chanté la nature aussi — et même divinement — c’est Mme de Noailles. Mais il manque à Mme de Noailles cette santé physique qui ne fait certes point défaut à l’auteur des Pastorales et qui éclate dans ses sains et robustes vers ! Il manque à Mme de Noailles d’avoir vécu toujours au milieu des champs tout contre le cœur de la terre, en vraie paysanne. La comtesse de Noailles n’aperçoit la nature qu’à travers elle-même, à travers sa personnalité intensément artiste et raffinée ; elle crée en quelque sorte une nature à son image… Chez Mme Marie Dauguet, il se produit un travail tout contraire, elle ne se fond pas dans la nature, elle la reflète : elle ne la cherche pas en elle, elle se cherche dans la nature. Ainsi faisant sa vision des choses est plus forte, plus réelle, plus réaliste aussi, plus nature surtout.

BIBLIOGRAPHIE. — La Naissance du poète, 1897. — A Travers le Voile, Vanier, Paris, 1902, in-18. — Les paroles du Vent, 1904. — Par l’Amour (couronné par l’Académie française), Société du « Mercure de France », Paris, 1906, in-18. — Clartés, Sansot, Paris, 1907, in-18. — Les Pastorales, Sansot, Paris, 1908. in-18.

COLLABORATION. — Mercure de France (1902-1903-1904-1905-1907). — La Plume (1903-1905). — La Revue Latine (1903). — La Fronde (1902-1903). — L’Ermitage (1905-1906). — Poésia (1907-1908). — La Lorraine (1904). — Vox (1904-1906). — Durandal, Bruxelles (1905- 1906-1907-1908). — Le Beffroi (1905-1906). — Les Lettres (1902). — Journal d’Alsace, Strasbourg (1906). — La Revue Hebdomadaire (1902- 1905). — Gil Blas (1908).

CONSULTER. — Émile Faguet, Revue Latine, 25 septembre 1902, 25 février 1908. — Remy de Gourmont, Mercure de France, mai 1904. — Jean de Gourmont, Mercure de France, 1er  avril 1907. — H. Chantavoine, Journal des Débats, 31 août 1904. — {{sc|Stuart Merrill}, La Plume, 1er  janvier 1903. — René Ghil, La Balance (Moscou), août 1904. — A. Retté, La Revue, 1er  avril 1905. — Ch. Folley, Écho de Paris, 8 août 1904. — Paul Marion, République française, juillet 1904. — Maurice Cabs, Gil Blas, 4 mai 1907. — Anonyme, Le Semeur, 30 mars 1907. — André du Fresnois, La Phalange, 15 mai 1907. — Henri Liebrecht, Le Thyrse, novembre 1905. — Henri Spiess, La Revue verte (Genève), 17 février 1906. — Émile Nicolas, La Lorraine (Nancy), 15 novembre 1904. — Pierre Quillard, Mercure de France, septembre 1902, octobre, septembre 1904 — Franz Anzel, Durandal, décembre 1904, avril 1905. — Firmin Van den Bosch, Durandal, 3 mars 1906. — Alcanter de Brahm, La Critique, 20 mars 1903. — Octave Uzanne, La Dépêche de Toulouse, 13 mars 1905. — Harlor, La Fronde, octobre 1902. — Jane Misme, La Fronde, 1er  décembre 1904. — M.-C. Poinsot, Vox, janvier 1905-1908 ; La Pensée, octobre, décembre 1903. — Fernand Larcier, La Belgique artistique et littéraire, avril 1907. — G. Walch, Anthologie des poètes français, 1908. — Remy de Gourmont, Promenades littéraires, 2e  série, 1906. — G. Casella et E. Gaubert, La Nouvelle littérature, 1906.


AU LABOUR


La terre luit, comme le ventre clair d’un grèbe,
Étalant au bord des forêts son flanc soyeux.
Et voici, retournant patiemment la glèbe,
Le couple angéliquement doux de mes grands bœufs.

Les voici cadencés, majestueux et graves,
S’avançant balancés d’un rythme harmonieux ;
Le pied prudent, le front haut sous le joug, la bave
Défilant lentement des mufles spongieux.

Couple pensif et fort qui sait comme on emblave
Et comment on laboure et connaît le chemin
Par où l’on va chercher le maïs et les raves ;
Qui ne tolère pas le bâton ni le frein.

Couple qui sait tracer seul d’impeccables lignes.
Épris d’ordre serein, enseignant, rituel,

Comme on souffre la vie et comme on se résigne
Au labeur incessant sous l’impassible ciel.

Les voici, attentifs à la moindre parole,
Grivelot et Pommé, car on mène les bœufs
— Et cette mélopée au fond du soir s’envole —
Sans rudesse, en causant tête à tête avec eux.

Et souvent je les joins l’automne à la charrue.
Leur parlant à leur gré un langage choisi,
Caressant de la main leur figure velue,
Leur front calme, leur flanc que le couchant roussit.

Ô cœur, ô cœur le mien, plein d’inquiète écume,
Bondissant et toujours vide et torrentueux,
Regarde ces bœufs doux et la glèbe qui fume
Comme un paisible autel, sois paisible comme eux.

Sois le cœur ingénu de ces grands bœufs, tes frères,
Qu’aucune vérité n’altère ou ne corrompt ;
Sois le cœur infini et profond de la terre,
Mirant un peu de ciel au dos bleu des sillons.

(À travers le Voile.)


AURORE


Dans l'étable nuiteuse encor les bœufs s’ébrouent,
Étirent lourdement leurs membres engourdis,
Réveillés tout à coup par un coq qui s’enroue
Et dont le cri strident semble un poignard brandi.

Trempé d’aube, dehors, le fumier resplendit
Contre un mur délabré qu’une lucarne troue,
Parmi des bois pourris, des socs, des vieilles roues,
Et lance vers le ciel des parfums attiédis.

Cernant une écurie ouverte au toit de mousse,
Qu’emplit un vibrement nuageux d’ombre rousse,
Du purin, noir brocard, s’étale lamé d’or,

Où fouillent du groin activement les porcs,
Et dans la paille humide et qu’ils ont labourée
Le soleil largement vautre sa chair pourprée.

(Par l'Amour)

CANTIQUES A LA LUNE

lune qui t’endors à côté des charrues, •
Attirant jusqu’à toi, comme d’un sein ouvert,
Les parfums du sillon et des sauges bourrues
Que le soc a fendus aux premiers jours d’hiver.

Tu veilles les troupeaux, broutant près des tourbières
Le thym et les orchis aux grappes de rubis,
Et tu tais tressaillir vers ta molle lumière
Les agneaux enfermés au ventre des brebis.

Lune printanière et maîtresse des germes.
Tu exaltes l’odeur des mares croupissant’
Au long des murs d’étable et des portes des fermes
Qu’estompe à ta lueur un ténébreux encens.

Tu fais goûter l’odeur, douce comme une amie,
Qui traverse les toits abritant le bétail.
Celle des bœufs repus, des vaches endormies.
De la paille froissée où plonge leur poitrail.

Tu provoques la forte et sereine ambiance
Qui suinte des blés roux tassés sur les greniers
Et cette odeur de paix, qui donne confiance,
Des meules de fourrage et des tas de fumiers.



Lune printanière et telle une déesse
Qui pose sur les joncs l’éclat de tes pieds blancs
Et sème la moelleuse et flottante caresse
De tes cheveux au ras des moires de l’étang.

Lune, tu fais chanter sous l’oseille sauvage
Que frôle ton orteil d’ivoire, les crapauds.
Et pleuvoir la rosée au bleuissant treillage
Des saules prosternés et des tièdes sureaux.

Zébrant de tes lueurs l’ombre chèvrefeuillée.
En ton mauve péplos tu t’assieds sous les troncs
Et parmi l’herbe humide et les sauges mouillées.
Tu penches ton visage et tu baignes ton front.




Lune, voici mon cœur, brin séché de fougère,
Perdu dans l’épaisseur des bois enténébrés,
Lune, voici mon cœur, sombre rameau de lierre
Au pan de ce mur noir durement enserré.

Eclaire-le, ce cœur, mendiant misérable
Et qu’à l’immense fête on n’a point convié.
Triste quand sont joyeux l’églantier et l’érable,
Mon cœur humain qui pense au lieu de verdoyer.

Que ton rayonnement l’apaise et le pénètre.
Ce cœur comblé de nuit, d’un dieu déshérité.
Lune, verse sur lui comme aux branches des hêtres.
Ton calme enchantement et ta sérénité.

(Par V Amour.)

CROIS-MOI


Crois-moi, ne regarde pas la vie en face,
Mais par les midis clairs ou par les nuits d’étoiles,
Silencieusement quand tu la vois qui passe,
Pour savoir ce qu’elle est n’écarte pas son voile.

Raccroche la tunique à son épaule nue
Et que son pan raidi recouvre la sandale ;
Afin qu’elle te reste à jamais inconnue,
Rattache sur son front le lourd manteau d’opale.

Et, si parfois tu la devines familière
Qui s’assied près de toi, plus douce et moins farouche
Avec des fleurs aux doigts, respecte son mystère ;
Veut-elle te parler, mets ta main sur sa bouche.

Beaucoup sont morts d’avoir pénétré son langage.
D’avoir un soir de lune, écoutant leur envie.
D’un geste curieux dévoilé son visage,
Car la science de vivre est d’ignorer la vie.

(Par V Amour.)


JE VIVRAI DANS L’ODEUR

DES GLÈBES EMBUÉES


Je vivrai dans l’odeur des glèbes embuées,
Quand on attache, en mars, les bouvaçons au joug
Et qu’ils s’en vont traînant, sous la rose nuée,
La charrue ou la herse aux cahotants écrous.

Je vivrai dans l’odeur du marécage roux,
Lorsque au nerveux soleil, qui sous l’eau les chatouille.
Entre les iris blonds, les carpes dorées grouillent ,
Et fraient, collant au sol vaseux leur ventre doux.

Quand la sève en vertige, avec des frissons blêmes.
Met au cœur de la planta un sensuel émoi
Et fait jaillir la fleur du bourgeon trop étroit,
Je vivrai dans l’odeur du grand spasme suprême.

Je vivrai dans l’ardeur des succulents épis,
Que nourrit la clarté vivante du soleil ;
Dans l’odeur des troupeaux, par les sombres vermeils
Broutant, et des ruchers sous leurs vieux toits tapis.

Je vivrai dans l’odeur des couchants évirés
Sur les marais plaintifs où s’effeuille l’automne
Et dans celle du vent, monotone cromorne,
En hiver poursuivant ses refrains altérés.

Je vivrai dans l’odeur des succulents épis,
Depuis l’avril dansant sa danse orgiastique,
Jusqu’à décembre noir au sommeil léthargique,
Dans l’odeur de la brise et celle des antans.

Pour l’avoir déchiffrée, l’énigme au sens profond.
Et fièrement chantée, mieux que nul autre sur
La musette rustique et le flageolet pur,
Je vivrai dans l’odeur divine des saisons.

(Les Pastorales.) Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/74 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/75 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/76 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/77 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/78 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/79