Les Muses françaises/Mme de Villedieu

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Les Muses françaisesLouis-MichaudI (p. 124-132).




Mme DE VILLEDIEU




Poète, romancière, femme légère et quelque peu aventurière, Mme de Villedieu est une haute figure pittoresque. Quelques-uns de ses écrits en prose ne sont pas sans mérite ; on jugera de ses vers ! Mais, ce qu’il y a de plus intéressant chez elle, c’est elle-même et son extraordinaire vie d’aventures. Par malheur, il faut être bref. Nous ne pouvons indiquer ici que les grandes lignes… et, précisément, ce sont les détails qu’il faudrait connaître.

Marie-Catherine-Hortense Des Jardins, naquit à Alençon en 1631, — il est probable. Son père, Guillaume des Jardins, était avocat au Parlement, et sa mère, Catherine Ferrand, était femme de chambre chez la duchesse Anne de Rohan-Montbazon. Catherine fut élevée à la diable, instruite on ne sait par qui, ni comment. Voiture qui la vit toute fillette, dit : « Ce sera une femme d’esprit, mais une folle ! » L’avenir se chargea de lui donner raison.

Des preuves d’esprit, elle en donna de très bonne heure en écrivant des vers et un roman ; des preuves de folie, elle ne tarda guère plus à en donner… en collaboration avec un sien cousin. Elle avait alors dix-neuf ans. Le résultat de cette première aventure sentimentale fut un beau garçon que Catherine vint mettre au monde à Paris. L’enfant, d’ailleurs, ne vécut que six semaines.

Une fois remise de ses émotions, la jeune Des Jardins, songea à faire son chemin dans la vie. Grâce à la duchesse de Montbazon, sa protectrice, la porte des salons littéraires et des ruelles s’ouvrit devant elle. Elle n’était point jolie mais elle plaisait. N’a-t-elle pas tracé elle-même ce portrait, assez peu flatté : « J’ai la physionomie heureuse et spirituelle, les yeux noirs et petits, mais pleins de feu ; la bouche grande, mais d’assez belles dents ; le teint aussi beau que peut l’être un reste de petite vérole maligne ; le tour du visage ovale, mais j’ose dire que j’aurais bien plus d’avantage à montrer mon âme que mon corps. » L’ironique Tallemant des Réaux est plus brutal : « La petite vérole, écrit-il, n’a pas contribué à la faire belle : hors la taille, elle n’a rien d’agréable, et, à tout prendre, elle est laide. D’ailleurs, à sa mine, vous ne jugeriez jamais qu’elle fût bien sage. » Eh ! qui sait, cette mine fut peut-être pour beaucoup dans les succès de la jeune poétesse ?  ! Car Catherine Des Jardins, se souvenant de ses premiers débuts littéraires à Alençon, a repris la plume. On dit bien qu’elle se fit aider plus d’une fois par l’abbé d’Aubignac, et par le chevalier du Buisson, mais, alors, ces sortes d’opérations étaient courantes. Au surplus, il faut le dire, bien que nombre de ses ouvrages lui soient contestés, Mlle Des Jardins ne manquait point de moyens !

Pour suivre un amant, elle quitte Paris et court la province. Des hommages multipliés l’y accueillirent. Sa politesse, son air galant, son esprit, ses façons parisiennes la désignaient aux préférences des hobereaux. Les précieuses provinciales applaudirent l’harmonie de son vers et sa science à choisir les thèmes romanesques. Elle souleva des passions, sema des jalousies et des larmes. Elle savoura l’anxiété des attentes, l’âpre terreur des enlèvements. Des hommes, pour elle, entrechoquèrent leurs épées. Des ménages se désunirent. Des jouvencelles pleurèrent leur amant évaporé[1]. »

Un jour, elle rencontre Molière et se fait agréer dans sa troupe. — À quelque temps de là, étant revenue à Paris, elle lui fera une effrénée réclame, — peut-être bien d’accord avec lui ! — avec son Récit de la Farce des Précieuses.

Au milieu de ces diverses pérégrinations, Catherine ne cessait pas de subjuguer les cœurs et de multiplier le nombre de ses soupirants. L’un d’entre eux allait bientôt concevoir une véritable passion pour elle. C’est, semble-t-il, dans le courant de l’année 1660 qu’elle le connut, à un bal. Il s’appelait de Boesset de Villedieu, était comte et capitaine au régiment du Dauphin. Dès qu’elle le vit, il lui plut, et de là à en faire son amant, il n’y avait qu’un pas qui fut bientôt franchi. Cette mauvaise langue de Tallemant raconte là-dessus des choses scandaleuses. Bref, Mlle Des Jardins entreprit de devenir Mme de Villedieu. Le plus piquant était que Villedieu avait déjà une femme, — femme légitime ! Cela n’empêcha pas ledit capitaine, encore que l’aventure paraisse invraisemblable — de faire publier ses bans de mariage avec Marie-Catherine-Hortense Des Jardins. Pour le reste, on ne sait trop. Cet étrange mariage eut-il lieu malgré l’opposition de l’épouse si légèrement mise de côté ? Les deux amants trouvèrent-ils un prêtre pour les unir ? — Ce qui est certain, c’est que Mlle Des Jardins troqua son nom contre celui de Villedieu.

Voilà une des plus extraordinaires aventures de cette curieuse femme à la vie si agitée.

Par la suite, le capitaine de Villedieu ayant été tué à l’ennemi, Catherine songe à se faire religieuse, mais la diablesse n’était pas encore assez vieille pour se faire ermite ! Elle abandonnera la maison de retraite pour reprendre la vie galante. — Prise du besoin de voyager, elle va visiter les Pays-Bas dont elle nous décrit les principales villes dans son Recueil de quelques lettres ou relations galantes. Partout, on la reçoit, on la complimente, on la produit.

Voilà-t-il pas qu’un jour l’idée lui vint de se remarier. Et qui choisit-elle ? Un certain marquis de Chaste (ou de Chatte) âgé de soixante ans et qui avait une femme quelque part dans un coin retiré de la province. En vérité, c’était une chose inouïe que cet amour irrésistible pour les hommes mariés !

Pour qu’elle épousât le vieux marquis, il fallait casser sa première union. La chose ne traîna point et, quelques mois plus tard, par permission spéciale, le mariage de Catherine et de M. de Chaste était célébré à Notre-Dame, le 17 août 1677.

De ce mariage naquit un fils. Et tel était alors le crédit à la Cour de la nouvelle marquise, que Mlle de Montpensier n’hésita pas à tenir l’enfant sur les fonts du baptême avec l’héritier de la couronne de France, l’élève même de Bossuet, Mgr le Dauphin !…

Malheureusement, l’année qui suivit fut cruelle pour Catherine ; elle perdit son fils et son mari. Lassée de tant d’aventures, elle abandonna la grande scène parisienne. Elle se retira dans le pays qui l’avait vue naître, auprès de sa mère qui vivait encore. Or, qui retrouva-t-elle ? Qui revit-elle après une si longue absence ? — Le petit cousin de jadis, le vivant complice de sa première faute. Et cela se termina par un mariage. Encore un !… Cette fois ce devait être le dernier. Quelques années après, Mme de Villedieu qui, pour se distraire de la monotone vie de province qu’elle menait, s’était laissée aller peu à peu à la boisson, mourait dans une presque misère physique et matérielle.

On ne connaît pas exactement la date de cet événement. Les uns disent 1683, les autres 1692 — mais les renseignements probants font défaut pour fixer ce point important.

BIOGRAPHIE DES ŒUVRES POÉTIQUES : Récit en prose et en vers de la Farce des Précieuses, Paris, 1659. — Manlius Torquatus, tragicomédie, Paris, 1662, in-12. (Représentée à l’Hôtel de Bourgogne la même année). — Recueil de Poésies de Mlle Desjardins, dédié à Mme la duchesse Mazarin, Paris, 1662, in-12. — Le Carrousel de Monseigneur le Dauphin et autres pièces non encore vues, Paris, 1662, in-12. — Nitétis, tragédie, Paris, 1664, in-12. (Représentée à l’Hôtel de Bourgogne le 27 avril 1663). — Le Favori ou la Coquette, tragi-comédie, Paris, 1665. (Représentée la même année par la troupe de Molière). — Nouveau recueil de quelques pièces galantes faites par Mme de Villedieu, autrefois Mlle Desjardins, Paris, 1669, in-12. — Fables ou Histoires allégoriques, Paris, 1670, in-12. — Nouvelles œuvres mêlées de Mme de Villedieu, Lyon, 1696, 4 part, in-12.

À CONSULTER : Tallemant des Réaux : Historiettes. — De La Porte : Histoire littéraire des femmes françaises, Paris, 1769, 5 vol. in-8. — Odolant Desnos : Mémoires historiques sur la ville d’Alençon et sur ses seigneurs, 1787. — Hauréau : Histoire littéraire du Maine, 1843-1847, 4, in-8. — Louis Ménard : La Fontaine et Mme de Villedieu, Paris, 1882. — Anatole de Gallier : Madame de Villedieu, Paris, 1883, in-8o. — Alphonse Séché et Jules Bertaut : Une aventurière de lettres au xviie siècle : Madame de Villedieu (Mercure de France, 15 février 1907) ; L’Evolution du théâtre contemporain, Paris, 1908, in-18. — Et surtout le livre de M. Emile Magne : Madame de Villedieu, Paris, 1907.


JOUISSANCE


Aujourd’hui dans tes bras j’ai demeuré pâmée ;
Aujourd’hui, cher Tirsis, ton amoureuse ardeur
Triomphe impunément de toute ma pudeur
Et je cède aux transports dont mon âme est charmée.

Ta flamme et ton respect m’ont enfin désarmée ;
Dans nos embrassements je mets tout mon bonheur,
Et je ne connais plus de vertu ni d’honneur
Puisque j’aime Tirsis et que j’en suis aimée.


Ô vous, faibles esprits, qui ne connaissez pas
Les plaisirs les plus doux que l’on goûte ici-bas,
Apprenez les transports dont mon âme est ravie.

Une douce langueur m’ôte le sentiment,
Je meurs entre les bras de mon fidèle amant
Et c’est dans cette mort que je trouve la vie…


MADRIGAL


En vain tu veux me secourir,
Raison, je ne veux pas guérir,
De ces maux mon cœur est complice.
Cessez de tourmenter mes esprits abattus.
Faux honneur, faux devoir. Si l’amour est un vice,
C’est un vice plus beau que toutes les vertus.


ARTICLES D’UNE INTRIGUE DE GALANTERIE


Un amant qui voudrait aspirer à me plaire
Doit avoir l’esprit délicat
Et craindre surtout d’être ingrat
À la moindre faveur que je lui voudrai faire ;
Paraître fort soumis quand je suis en colère,
Croire mon courroux important.
Car de rien quelquefois je me fais une affaire
Et je veux qu’on en fasse autant.

Comme on croit qu’un poulet est un mets agréable
Oui nourrit bien souvent l’amour,
J’en veux avoir un par jour
Ou qu’on m’en donne au moins une excuse valable.
Ce n’est pas qu’un poulet soit toujours véritable,
Mais, sur le devoir d’un amant.
La pure vérité souvent est moins aimable
Qu’un mensonge dit galamment.

Bien qu’on ait cru toujours l’affreuse jalousie
Le partage des vrais amants,
Je blâme ces dérèglements
Qui, d’une passion, font une frénésie.
Pour moi je veux aimer sans soins et sans envie.
Sans crainte et sans précaution ;
Rien ne peut sur ce point troubler ma fantaisie :
J’ai mes attraits pour caution.


Je ne puis approuver les maximes des belles
Qui recommandent le secret ;
Un amant est assez discret
Quand on veut s’en tenir aux simples bagatelles.
Et puis, fût-il d’humeur à conter des nouvelles,
Il faudrait bien s’en consoler,
Car vouloir retenir les langues infidèles
C’est les contraindre de parler.

Quand on voudra changer d’amant ou de maîtresse
Pendant un mois on le dira
Et puis après on changera
Sans qu’on soit accusé d’erreur ou de faiblesse.
Mais on conservera toujours de la tendresse,
On se rendra de petits soins.
Car, entre deux amants, quand un grand amour cesse
Il faut être amis tout au moins.


ÉGLOGUE


Enfin, cher Clidamis, l’amour vous importune ;
Vous suivez le parti de l’aveugle fortune :
L’exemple des mortels qu’elle a précipités
Du suprême degré de leur prospérité ;
Des trônes renversés, des familles éteintes.
Qui troublent l’univers par leurs trop justes plaintes ;
La foule des héros qu’elle traîne au cercueil.
N’ont pu vous garantir de ce funeste écueil.
Pour elle vous quittez votre innocente vie,
Qui de tant de douceur avait été suivie ;
Pour elle vous quittez cet aimable séjour,
Où règnent pour jamais l’innocence et l’amour.
Le désir des grandeurs étouffe votre flamme ;
La cour et ses appas me chassent de votre âme,
Ma cabane n’est plus digne de vous loger :
Vous êtes courtisan et n’êtes plus berger.
Et bien, cher Clidamis, suivez votre génie.
Acquérez, s’il se peut, une gloire infinie,
J’y consens, j’y consens : mes amoureux soupirs
Ne troubleront jamais vos fastueux plaisirs.
Qu’un éternel oubli soit le prix de mes peines ;
Renoncez à mon cœur pour des chimères vaines.
À de lâches devoirs sacrifiez des jours
Dont les mains de l’amour devaient filer le cours.

Mme de Villedieu

Malgré tant de serments, soyez traître et parjure,
Je souffrirai mes maux sans plainte et sans murmure
C’est un faible secours que les emportements.
Et vous serez puni par vos propres tourments,
Pour moi, dans un désert, exempte de naufrage,
Je vous contemplerai dans le fort de l’orage ;
Et peut-être qu’un jour, de ce tranquille port,
Je vous verrai l’objet des caprices du sort.
De là je vous verrai, sur la mouvante roue,
Tantôt au firmament et tantôt dans la boue.
L’aveugle déité dont vous suivez le char
Sème indifféremment ses faveurs au hasard.
Son inconstante humeur ne peut être arrêtée :
Je la connais, berger ; pour vous je l’ai quittée.
Je sais quels sont les biens dont elle peut combler :
Et que c’est dans ses bras que l’on doit plus trembler.
Quand des siècles entiers de tourments et de peines,
Vous auront rebuté de vos poursuites vaines,
Et que vous trouverez que cent malheurs nouveaux
Seront l’unique fruit de tous ces longs travaux ;
Peut-être Clidamis, que mon triste ermitage
Ne vous paraîtra plus un si méchant partage.
Vous trouverez alors que nos prés et nos bois
Sont un plus beau séjour que les Palais des rois ;
Et, rappelant enfin dedans votre mémoire
De tendres plaisirs, la bienheureuse histoire,
Vous direz, mais trop tard, qu’ils sont plus précieux
Que l’éclat décevant qui s’étale à vos yeux :
Tous les soins sont bannis des demeures champêtres,
On y vit sans sujets, mais on y vit sans maîtres :
C’est le séjour heureux du véritable amour,
L’asile des plaisirs qu’on bannit de la Cour :
Et l’amour qui chérit l’ombre et la solitude,
Vous abandonnera parmi la multitude :
Ne le cherchez jamais sous les lambris dorés.
La fortune et l’amour ont leurs droits séparés :
Où l’une veut régner, il faut que l’autre cède.
Hé ! quel est donc hélas ! l’amour qui vous possède ?
Pourquoi vouloir quitter un maître si charmant,
Qui pour vous rendre heureux, vous avait fait amant ?
Ah ! revenez à moi, songez que je vous aime,
Ou plutôt, Clidamis, revenez à vous-même :
De votre propre cœur écoutez mieux la voix,
Consultez le Berger pour la dernière fois.
Cet aimable captif avait trop de tendresse,

Pour céder aux appas d’une aveugle déesse :
Il est né pour avoir un plus illustre appui,
Et le Destin n’a point d’esclaves tels que lui.


MADRIGAL


Quand on voit deux amants d’esprit assez vulgaire,
Trouver dans leurs discours de quoi se satisfaire,
Et se parler incessamment,
Les beaux esprits, de langue bien disante,
Disent avec étonnement :
Que peut dire cette innocente ?
Et que répond ce sot amant ?
Taisez-vous, beaux esprits, votre erreur est extrême ;
Ils se disent cent fois tour à tour : Je vous aime.
En amour, c’est parler assez élégamment.


LE SANSONNET ET LE COUCOU


Un sansonnet, jargonneur signalé,
De captif qu’il était, devenu volontaire,
De désirs amoureux, se trouva régalé.
C’est de l’indépendance, une suite ordinaire.
Il dresse son petit grabat.
Dans un buisson de noble-Épine.
Un coucou, fameux scélérat.
Qui comme chacun sait, ne vit que de rapine.
Qui va de nid, en nid, croquant les œufs d’autrui.
Et les remplissant d’œufs de lui.
Au nid du Sansonnet traduisit son lignage :
Notre ami jargonneur, ignorait cet usage,
Il fut dès sa jeunesse élevé parmi nous.
Et vivait par hasard, en honnête ménage,
Où l’on ne pariait point des ruses des Coucous.
Frère du rossignol il disait en lui-même,
Couvant les nouveaux œufs avec un soin extrême,
Vous vous vantez d’être le Roi des bois.
Mais si jamais, ma famille est Eclose,
Ha ! Foi de Sansonnet, c’est bien à cette fois,
Que vous aurez la gorge close
Dans votre art de Rossignoler.
Vous donnez des leçons, à tout ce que nous sommes,
Mais mes petits sauront parler.

Comme parlent Messieurs les hommes.
Ces petits longtemps attendus.
Et de tous malheurs défendus.
Il plut à l’Éternel, de donner la lumière,
À nos Sansonnets prétendus
Maître oiseleur, d’espèce singulière
Se promet d’exercer son métier doctement,
Le plumage Coucou, blessait un peu sa vue.
Mais il espérait en la mue,
Les Pères, comme on sait, se flattent aisément.
Le voilà donc, tenant école de Ramage,
Il n’est dictons, ni quolibets.
Qu’apprennent tels oiseaux en Cage.
Qu’il ne siffle aux Coucous réputés Sansonnets.
« Parlez, leur disait-il, parlez l’humain langage,
« C’est le plus éloquent de tous. »
Coucou, répondent les Coucous.
Il n’en peut tirer autre chose.
Quoiqu’il entonne ou qu’il propose,
Coucous, ne disent que coucou.
Le Sansonnet, pensa devenir fou.
Depuis quand, disait-il, cette métamorphose,
Comment œufs de Coucou, sont-ils sortis de moi,
Du temps que j’augmentai l’espèce volatille
Tout oiseau n’engendrait qu’oiseau semblable à soi,
C’est depuis que j’habite, en humaine famille
Que la nature a fait cette nouvelle Loi.
Mais quoi, reprenait-il, dans cette loi nouvelle,
La nature se trompe et n’est plus naturelle.
Pourquoi ? moi, Sansonnet engendrer des Coucous.
Pourquoi ? couver des œufs que ne sont point à nous.
Pourquoi ?... sans doute il eût poussé loin le murmure.
Mais un Milan passant par là :
Quoi, lui dit-il, ce n’est que pour cela
Que tu vas de pourquoi, fatiguer la nature.
Hé ! mon ami, ton mal est devenu commun.
Parmi les Animaux, je n’en connais aucun
Qui ne puisse s’attendre à pareille aventure.



  1. Emile Magne