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Les Mystères du confessionnal/Épilogue/10

La bibliothèque libre.
Imprimerie E.-J. Carlier (p. 148-153).



LE SYLLABUS

Doctrine religieuse enseignée dans le Confessionnal


D’après la doctrine ecclésiastique, la puissance séculière et l’autorité religieuse émanent du pape, seul maître et souverain arbitre des nations. La loi de l’Église, loi suprême, la seule que doivent suivre peuples et rois.

La sainte Église catholique, apostolique et romaine a tous pouvoirs sur les corps et sur les âmes, sur les biens de la terre, sur le domaine céleste.

Elle exerce le despotisme le plus effrayant qui se puisse imaginer ; le pape prétend au pouvoir théocratique, il règne au nom de Dieu et il tient sa place sur le globe. L’idole est au Vatican.

Encyclique de Grégoire XVI — 1832 — reproduisant les prétentions du saint siége à l’omnipotence sur les peuples de la terre ; le pontife anathématise la liberté de la presse et la liberté des cultes qu’il qualifie « de pernicieuses extravagances. »

Encyclique et syllabus de Pie IX — 8 décembre 1864 — le Syllabus confirmant le droit du pape à gouverner le monde entier ; c’est le fameux Syllabus, objet de controverses sans fin et dont la publication a été interdite au clergé français.

Nous reproduisons la traduction de ces deux pièces importantes, faite par le chanoine Mouls :


SYLLABUS
OU
RÉSUMÉ RENFERMANT LES PRINCIPALES ERREURS DE NOTRE TEMPS
QUI SONT SIGNALÉES

Dans les allocutions consistoriales, encycliques & autres lettres apostoliques
de N. T. S. P. le Pape Pie IX


§1

PANTHÉISME, NATURALISME ET RATIONALISME ABSOLU


Anathème à celui qui dirait :

I. Il n’existe aucun Être divin, suprême, parfait dans sa sagesse et sa providence, qui soit distinct de l’universalité des choses ; et Dieu est identique à la nature des choses, et par conséquent assujetti aux changements ; Dieu, par cela même, se fait dans l’homme et dans le monde ; et tous les êtres sont Dieu et ont la propre substance de Dieu. Dieu est ainsi une seule et même chose avec le monde, et par conséquent l’esprit avec la matière, la nécessité avec la liberté, le vrai avec le faux, le bien avec le mal, et le juste avec l’injuste.


Anathème à celui qui dirait :

II. On doit nier toute action de Dieu sur les hommes et sur le monde.


Anathème à celui qui dirait :

III. La raison humaine, considérée sans aucun rapport à Dieu, est l’unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal ; elle est en elle-même sa loi, elle suffit par ses forces naturelles pour procurer le bien des hommes et des peuples.


Anathème à celui qui dirait :

IV. Toutes les vérités de la religion découlent de la force native de la raison humaine ; d’où il suit que la raison est la règle souveraine d’après laquelle l’homme peut acquérir la connaissance de toutes les vérités de toute espèce.


Anathème à celui qui dirait :

V. La révélation divine est imparfaite, et par conséquent sujette à un progrès continuel et indéfini, qui réponde au développement de la raison humaine.


Anathème à celui qui dirait :

VI. La foi du Christ est en opposition avec la raison humaine, et la révélation divine non-seulement ne sert de rien, mais elle nuit à la perfection de l’homme.


Anathème à celui qui dirait :

VII. Les prophéties et les miracles exposés et racontés dans les Saintes-Écritures sont des fictions poétiques, et les mystères de la foi chrétienne sont le résumé d’investigations philosophiques ; dans les livres des deux Testaments sont contenues des inventions mythiques, et Jésus lui-même est un mythe.


§ II

RATIONALISME MODÉRÉ


Anathème à celui qui dirait :

VIII. Comme la raison humaine est égale à la religion elle-même, les sciences théologiques doivent être traitées comme les sciences philosophiques.


Anathème à celui qui dirait :

IX. Tous les dogmes de la religion chrétienne sans distinction sont l’objet de la science naturelle ou philosophique ; et la raison humaine n’ayant qu’une culture historique, peut, d’après ses principes et ses forces naturelles, parvenir à une vraie connaissance de tous les dogmes, même les plus cachés, pourvu que ces dogmes aient été proposés à la raison comme objet.


Anathème à celui qui dirait :

X. Comme autre chose est le philosophe et autre chose la philosophie, celui-là a le droit et le devoir de se soumettre à une autorité qu’il a reconnue lui-même être vraie ; mais la philosophie ne peut ni ne doit se soumettre à aucune autorité.


Anathème à celui qui dirait :

XI. L’Église non-seulement ne doit, dans aucun cas, sévir contre la philosophie, mais elle doit tolérer les erreurs de la philosophie et lui abandonner le soin de se corriger elle-même.


Anathème à celui qui dirait :

XII. Les décrets du siége apostolique et des congrégations romaines empêchent le libre progrès de la science.


Anathème à celui qui dirait :

XIII. La méthode et les principes d’après lesquels les anciens docteurs scolastiques ont cultivé la théologie, ne conviennent plus aux nécessités de notre temps et au progrès des sciences.


Anathème à celui qui dirait :

XIV. On doit s’occuper de philosophie sans tenir aucun compte de la révélation surnaturelle.


§ III

INDIFFÉRENTISME, TOLÉRANCE


Anathème à celui qui dirait :

XV. Il est libre à chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il aura réputée vraie d’après la lumière de la raison.


Anathème à celui qui dirait :

XVI. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut et se sauver dans le culte de n’importe quelle religion.


Anathème à celui qui dirait :

XVII. Au moins doit-on bien espérer du salut éternel de tous ceux qui ne sont nullement en communauté avec la véritable Église du Christ.


Anathème à celui qui dirait :

XVIII. Le protestantisme n’est pas autre chose qu’une forme diverse de la même vraie religion chrétienne, forme dans laquelle on peut être agréable à Dieu aussi bien que dans l’Église catholique.


§ IV

SOCIALISME, COMMUNISME, SOCIÉTÉS SECRÈTES, SOCIÉTÉS BIBLIQUES, SOCIÉTÉS CLÉRICO-LIBÉRALES


Ces sortes de pestes sont souvent frappées de sentences formulées dans les termes les plus graves dans l’Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846, dans l’Allocution Quibus quantisque, du 20 avril 1849, dans l’Encyclique Noscitis et nobiscum, du 8 décembre 1849, dans l’Allocution Singulari quadam, du 9 décembre 1854, dans l’Encyclique Quanto conficiamur mœrore, du 10 août 1862.


§ V

ERREURS RELATIVES À L’ÉGLISE ET À SES DROITS


Anathème à celui qui dirait :

XIX. L’Église n’est pas une vraie et parfaite société pleinement libre ; elle ne jouit pas de ses droits propres et constants que lui a conférés son divin Fondateur ; mais il appartient au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l’Église et les limites dans lesquelles elle peut les exercer.


Anathème à celui qui dirait :

XX. La puissance ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité sans la permission et l’assentiment du gouvernement civil.


Anathème à celui qui dirait :

XXI. L’Église n’a pas le pouvoir de définir dogmatiquement que la religion de l’Église catholique est l’unique vraie religion.


Anathème à celui qui dirait :

XXII. L’obligation qui lie les maîtres et les écrivains catholiques se borne aux choses qui ont été définies par le jugement infaillible de l’Église comme dogmes de foi qui doivent être crus par tous.


Anathème à celui qui dirait :

XXIII. Les Souverains Pontifes et les Conciles œcuméniques se sont écartés des limites de leur pouvoir ; ils ont usurpé les droits des princes et ils ont même erré dans les définitions relatives à la morale.


Anathème à celui qui dirait :

XXIV. L’Église n’a pas le droit d’employer la force ; elle n’a aucun pouvoir temporel direct ou indirect.


Anathème à celui qui dirait :

XXV. En dehors du pouvoir inhérent à l’épiscopat, il y a un pouvoir temporel qui lui a été concédé ou expressément ou tacitement par l’autorité civile, révocable par conséquent à volonté par cette même autorité civile.


Anathème à celui qui dirait :

XXVI. L’Église n’a pas le droit naturel et légitime d’acquérir et de posséder.


Anathème à celui qui dirait :

XXVII. Les ministres sacrés de l’Église et le Pontife romain doivent être exclus de toute gestion et autorité sur les choses temporelles.


Anathème à celui qui dirait :

XXVIII. Il n’est pas permis aux Évêques de publier même les Lettres apostoliques sans la permission du Gouvernement.


Anathème à celui qui dirait :

XXIX. Les grâces accordées par le Pontife romain doivent être regardées comme nulles, si elles n’ont pas été demandées par l’entremise du Gouvernement.


Anathème à celui qui dirait :

XXX. L’immunité de l’Église et des personnes ecclésiastiques tire son origine du droit civil.


Anathème à celui qui dirait ;

XXXI. Le for ecclésiastique pour les procès temporels des clercs, soit au civil, soit au criminel, doit absolument être aboli, même sans consulter le Siége apostolique et sans tenir compte de ses réclamations.


Anathème à celui qui dirait :

XXXII. L’immunité personnelle, en vertu de laquelle les clercs sont exempts de la milice, peut être abrogée sans aucune violation de l’équité et du droit naturel. Le progrès civil demande cette abrogation, surtout dans une société constituée d’après une législation libérale.


Anathème à celui qui dirait.

XXXIII. Il n’appartient pas uniquement de droit propre et naturel à la juridiction ecclésiastique de diriger l’enseignement des choses théologiques.


Anathème à celui qui dirait :

XXXIV. La doctrine de ceux qui comparent le Pontife romain à un prince libre et exerçant son pouvoir dans l’Église universelle, est une doctrine qui a prévalu au moyen âge.


Anathème à celui qui dirait :

XXXV. Rien n’empêche que par décret d’un Concile général ou par le fait de tous les peuples le souverain pontificat soit transféré de l’Évêque romain et de la ville de Rome à un autre évêque et à une autre ville.


Anathème à celui qui dirait :

XXXVI. La définition d’un Concile national n’admet pas d’autre discussion, et l’administration civile peut exiger qu’on traite dans ces limites.


Anathème à celui qui dirait :

XXXVII. On peut instituer des Églises nationales soustraites à l’autorité du Pontife romain et pleinement séparées de lui.


Anathème à celui qui dirait :

XXXVIII. Trop d’actes arbitraires de la part des Pontifes romains ont poussé à la division de l’Église orientale et occidentale.


§ VI

ERREURS RELATIVES À LA SOCIÉTÉ CIVILE, CONSIDÉRÉE SOIT EN ELLE-MÊME, SOIT DANS SES RAPPORTS AVEC L’ÉGLISE.


Anathème à celui qui dirait :

XXXIX. L’État, comme étant l’origine et la source de tous les droits, jouit d’un droit qui n’est circonscrit par aucune limite.


Anathème à celui qui dirait :

XL. La doctrine de l’Église catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société humaine. Anathème à celui qui dirait :

XLI. La puissance civile, même quand elle est exercée par un prince infidèle, possède un pouvoir indirect négatif sur les choses sacrées. Elle a par conséquent non-seulement le droit qu’on appelle d’exequatur, mais encore le droit qu’on nomme d’appel comme d’abus.


Anathème à celui qui dirait :

XLII. En cas de conflit légal entre les deux pouvoirs, le droit civil prévaut.


Anathème à celui qui dirait :

XLIII. La puissance laïque a le pouvoir de casser, de déclarer et rendre nulles les conventions solennelles (concordats) conclues avec le Siége apostolique, relativement à l’usage des droits qui appartiennent à l’immunité ecclésiastique, sans le consentement de ce Siége et malgré ses réclamations.


Anathème à celui qui dirait :

XLIV. L’autorité civile peut s’immiscer dans les choses qui regardent la religion, les mœurs et le régime spirituel. D’où il suit qu’elle peut juger des instructions que les pasteurs de l’Église publient, d’après leur charge, pour la règle des consciences ; elle peut même décider sur l’administration des sacrements et les dispositions nécessaires pour les recevoir.


Anathème à celui qui dirait :

XLV. Toute la direction des écoles publiques dans lesquelles la jeunesse d’un État chrétien est élevée, si l’on en excepte, dans une certaine mesure, les séminaires épiscopaux, peut et doit être attribuée à l’autorité civile, et cela de telle manière qu’il ne soit reconnu à aucune autre autorité le droit de s’immiscer dans la discipline des écoles, dans le régime des études, dans la collation des grades, dans le choix ou l’approbation des maîtres.


Anathème à celui qui dirait :

XLVI. Bien plus, même dans les séminaires des clercs, la méthode à suivre dans les études est soumise à l’autorité civile.


Anathème à celui qui dirait :

XLVII. La bonne constitution de la société civile demande que les écoles populaires, qui sont ouvertes à tous les enfants de chaque classe du peuple, et en général, que les institutions publiques destinées aux lettres, à une instruction supérieure et à une éducation plus élevée de la jeunesse, soient affranchies de toute autorité de l’Église, de toute influence modératrice et de toute ingérence de sa part, et qu’elles soient pleinement soumises à la volonté de l’autorité civile et politique, suivant le désir des gouvernants et le courant des opinions générales de l’époque.


Anathème à celui qui dirait :

XLVIII. Des catholiques peuvent approuver un système d’éducation en dehors de la foi catholique et de l’autorité de l’Église, et qui n’ait pour but, ou du moins pour but principal, que la connaissance des choses purement naturelles et la vie sociale sur cette terre.


Anathème à celui qui dirait :

XLIX. L’autorité séculière peut empêcher les évêques et les fidèles de communiquer librement entre eux et avec le Pontife romain. Anathème à celui qui dirait :

L. L’autorité séculière a par elle-même le droit de présenter les évêques, et peut exiger d’eux qu’ils prennent en main l’administration de leurs diocèses avant qu’ils aient reçu du Saint-Siége l’institution canonique et les lettres apostoliques.


Anathème à celui qui dirait :

LI. Bien plus, la puissance séculière a le droit d’interdire aux évêques l’exercice du ministère pastoral, et elle n’est pas tenue d’obéir au Pontife romain en ce qui concerne l’institution des évêchés et des évêques.


Anathème à celui qui dirait :

LII. Le gouvernement peut, de son propre droit, changer l’âge prescrit pour la profession religieuse, tant des femmes que des hommes, et enjoindre aux communautés religieuses de n’admettre personne aux vœux solennels sans son autorisation. Anathème à celui qui dirait :

LIII. On doit abroger les lois qui protégent l’existence des familles religieuses, leurs droits et leurs fonctions ; bien plus, la puissance civile peut donner son appui à tous ceux qui voudraient quitter l’état religieux qu’ils avaient embrassé et enfreindre leurs vœux solennels ; de même elle peut supprimer complètement ces mêmes communautés religieuses, aussi bien que les églises collégiales et les bénéfices simples même le droit de patronage, attribuer et soumettre leurs biens et revenus à l’administration et à la volonté de l’autorité civile.


Anathème à celui qui dirait :

LIV. Les rois et les princes, non-seulement sont exempts de la juridiction de l’Église, mais même ils sont supérieurs à l’Église quand il s’agit de trancher les questions de juridiction.


Anathème à celui qui dirait :

LV. L’Église doit être séparée de l’État, et l’État séparé de l’Église.


§ VII

ERREURS CONCERNANT LA MORALE NATURELLE ET CHRÉTIENNE


Anathème à celui qui dirait :

LVI. Les lois de la morale n’ont pas besoin de la sanction divine, et il n’est pas du tout nécessaire que les lois humaines se conforment au droit naturel ou reçoivent de Dieu le pouvoir d’obliger. Anathème à celui qui dirait :

LVII. La science des choses philosophiques et morales de même que les lois civiles, peuvent et doivent être soustraites à l’autorité divine et ecclésiastique.


Anathème à celui qui dirait :

LVIII. Il ne faut reconnaître d’autres forces que celles qui résident dans la matière, et tout système de morale, toute honnêteté doit consister à accumuler et augmenter ses richesses de toute manière, et à se livrer aux plaisirs.


Anathème à celui qui dirait :

LIX. Le droit consiste dans le fait matériel ; tous les devoirs des hommes sont un mot vide de sens, et tous les faits humains ont force de droit.


Anathème à celui qui dirait :

LX. L’autorité n’est autre chose que la somme du nombre et des forces matérielles.


Anathème à celui qui dirait :

LXI. Une injustice de fait, couronnée de succès, ne préjudicie nullement à la sainteté du droit.


Anathème à celui qui dirait :

LXII. On doit proclamer et observer le principe dit de non-intervention.


Anathème à celui qui dirait :

LXIII. Il est permis de refuser l’obéissance aux princes légitimes et même de se révolter contre eux.


Anathème à celui qui dirait :

LXIV. La violation d’un serment, quelque saint qu’il soit, et toute action criminelle et honteuse opposée à la loi éternelle, non-seulement ne doit pas être blâmée, mais elle est tout à fait licite et digne des plus grands éloges quand elle est inspirée par l’amour de la patrie.


§ VIII

ERREURS CONCERNANT LE MARIAGE CHRÉTIEN


Anathème à celui qui dirait :

LXV. On ne peut établir par aucune raison, que le Christ ait élevé le mariage à la dignité de sacrement.


Anathème à celui qui dirait :

LXVI. Le sacrement de mariage n’est qu’un accessoire du contrat et peut en être séparé, et le sacrement lui-même ne consiste que dans la simple bénédiction nuptiale.


Anathème à celui qui dirait :

LXVII. De droit naturel, le lien du mariage n’est pas indissoluble, et dans différents cas, le divorce proprement dit peut être sanctionné par l’autorité civile.


Anathème à celui qui dirait :

LXVIII. L’Église n’a pas le pouvoir d’apporter des empêchements dirimants au mariage ; mais ce pouvoir appartient à l’autorité séculière, par laquelle les empêchements existants peuvent être levés.


Anathème à celui qui dirait :

LXIX. L’Église, dans le cours des siècles, a commencé à introduire les empêchements dirimants, non par son droit propre, mais en usant du droit qu’elle avait emprunté au pouvoir civil.


Anathème à celui qui dirait :

LXX. Les canons du Concile de Trente, qui prononcent l’anathème contre ceux qui osent nier le pouvoir qu’a l’Église d’opposer des empêchements dirimants, ne sont pas dogmatiques ou doivent s’entendre de ce pouvoir emprunté.


Anathème à celui qui dirait :

LXXI. La formule prescrite par le Concile de Trente n’oblige pas, sous peine de nullité, quand la loi civile établit une autre forme à suivre et veut qu’au moyen de cette forme le mariage soit valide.


Anathème à celui qui dirait :

LXXII. Boniface VIII a le premier déclaré que le vœu de chasteté prononcé dans l’ordination rend le mariage nul.


Anathème à celui qui dirait :

LXXIII. Par la force du contrat purement civil, un vrai mariage peut exister entre chrétiens ; et il est faux, ou que le contrat de mariage entre chrétiens soit toujours un sacrement, ou que ce contrat soit nul en dehors du sacrement.


Anathème à celui qui dirait :

LXXIV. Les causes matrimoniales et les fiançailles, par leur nature propre, appartiennent à la juridiction civile.

N. B. Ici peuvent se placer deux autres erreurs : l’abolition du célibat ecclésiastique et la préférence due à l’état de mariage sur l’état de virginité.


§ IX

ERREURS SUR LE PRINCIPAT CIVIL DU PONTIFE ROMAIN


Anathème à celui qui dirait :

LXXV. Les fils de l’Église chrétienne et catholique disputent entre eux sur la compatibilité de la royauté temporelle avec le pouvoir spirituel.


Anathème à celui qui dirait :

LXXVI. L’abrogation de la souveraineté civile dont le Saint-Siége est en possession, servirait même beaucoup à la liberté et au bonheur de l’Église.

N. B. Outre ces erreurs explicitement notées, plusieurs autres erreurs sont implicitement condamnées par la doctrine qui a été exposée et soutenue sur le principat civil du Pontife romain, que tous les catholiques doivent fermement professer.


§ X

ERREURS QUI SE RAPPORTENT AU LIBÉRALISME MODERNE


Anathème à celui qui dirait :

LXXVII. À notre époque, il n’est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l’unique religion de l’État, à l’exclusion de tous les autres cultes.


Anathème à celui qui dirait :

LXXVIII. Aussi, c’est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s’y rendent y jouissent de l’exercice public de leurs cultes particuliers.


Anathème à celui qui dirait :

LXXIX. Il est faux que la liberté civile de tous les cultes, et que le plein pouvoir laissé à tous de manifester ouvertement et publiquement toutes leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent plus facilement les peuples dans la corruption des mœurs et de l’esprit, et propagent la peste de l’indifférentisme.


Anathème à celui qui dirait :

LXXX. Le Pontife romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne.