Les Mystères du peuple/III/9

La bibliothèque libre.
Les Mystères du peuple — Tome III
NOTES du Tome III.
◄   RETOUR AU SOMMAIRE.   ►


NOTES.


L’ALOUETTE DU CASQUE.




CHAPITRE PREMIER.


(A) Elkhel. D. N. VII, 450. Mionnet, 11, 74, 15. C. F. Brecquiguy, Acad. inscript. XXXII. Ap. A. Thierry, Hist. de la Gaule sous la domination romaine, v. II, p.  378.

« Victoria, encore jeune, se faisait remarquer par une beauté mâle ; ses médailles la représentent armée et coiffée d’un casque, avec des traits grands et réguliers, et sur sa physionomie, idéalisée sans doute, on trouve ce mélange de force calme et de majesté qui fait dans les statues antiques l’attribut de Minerve. » (A. Thierry, Hist. de la Gaule, v. II, p. 377.)

« Victoria joignait à l’autorité d’une âme ferme et virile un esprit étendu capable des résolutions les plus élevées, et dont les inspirations furent bientôt écoutées comme des oracles. Son ascendant sur l’armée se montra parfois si grand, si absolu, qu’on ne saurait s’en rendre compte sans la supposition de quelque chose d’extraordinaire, de merveilleux… peut-être les nations gauloises pensent-elles avoir retrouvé une de ces femmes divines auxquelles leurs pères avaient obéi jadis, qui lisaient dans l’avenir… (Trébellius Pollion, Trig. Tyr., 200, ap. A. Th., p. 375, v. II.) Les soldats avaient proclamé solennellement Victoria la mère des camps, postea mater castrorum appellata est. (Treb. Poll. Id. Trig. Tyr., 186, tS7, 200.)


(B) « Victorin, l’enfant adoptif des camps, avait grandi au milieu des armes, sous les yeux de sa mère Victoria, qui ne l’avait point quitté, et qui n’avait eu dès lors pour résidence que les garnisons où vivait son fils ; on ne peut expliquer autrement les longues relations de cette femme avec les armées, sa présence continuelle dans les camps ; le respect inspiré par son dévouement maternel avait établi entre elle et le soldat une de ces sympathies, un de ces liens durables si forts, dont les annales militaires et tous les peuples fournissent d’étonnants exemples. » (Thierry, Hist. de la Gaule, v. II, p. 374.)

Il semblerait que Victorin dût à cette éducation particulière un développement qui ne le fut pas moins. Les éloges que lui donne un historien contemporain (Trébellius Pollion) sont tellement magnifiques, qu’en faisant à l’exagération une large part, Victorin resterait encore un homme très-éminent. Mais au dire de ce même historien, qui le juge avec tant de faveur, un grand vice balance dans Victorin ces rares qualités : il avait puisé dans la licence de la vie militaire des habitudes de débauche et de grossière galanterie qu’il ne savait pas maîtriser, qui soulevèrent enfin contre lui la haine de l’armée et le conduisirent à sa perte. (Tréb. Poll. Trig. Tyr., 187, ap. A. Th.)

La dernière partie du règne de Victorin présente les traces de plus en plus marquées de l’influence politique de sa mère. (Ib.)


CHAPITRE II.


(A) Cette peuplade de Germains se teignait le corps en noir, portait des boucliers noirs et ne combattait que dans l’obscurité de la nuit pour inspirer plus d’effroi. (Tacite, de Mor. Germ., 43.)


CHAPITRE III.


(A) Marius (ou Marion) avait commencé par être armurier ; la faveur dont il jouissait était extrême, et s’il la méritait bien légitimement par des qualités morales, sa franchise, sa droiture de cœur, il la devait aussi un peu à des avantages extérieurs, à sa dextérité à tous les exercices, à sa force peu commune ; cette vigueur extraordinaire était telle, dit Trébellius Pollion (Trig. Tyr., 187), que « Marion pouvait arrêter de sa main un chariot lancé, et qu’il pulvérisait dans sa main les corps les plus durs. » On trouvait du reste chez lui une nature simple et honnête que la fumée des grandeurs n’enivra pas ; il avait pour ami un soldat des légions gauloises qui avait autrefois travaillé avec lui comme ouvrier. (Ibid., T. P. ap. A. Thierry, v. II, p. 390 et suiv.)


(B) Locution habituelle de Marion, selon Treb. Poll. A luxuriosissima illa peste.


(C) Tétricus, parent de Victoria, administrait depuis près de dix ans les provinces du sud de la Loire avec plus de sagesse que d’éclat. C’était un homme fin, patient, habile, lettré, écrivant souvent en vers. (Eutr., ap. Cat., IX, 3.)


(D) Histoire des Papes, par M. de la Châtre, v. I, pape Étienne, p. 213.


CHAPITRE IV.


(A) L’épouse d’un soldat de l’armée ayant attiré Victorin par sa beauté, il tenta de la séduire, et sur son refus lui fit violence. (Aurel. Vict. Cæs., 5.)


(B) Le mari lui-même, suivant quelques-uns, perça le coupable de son épée ; les soldats se soulevèrent ; Victoria présenta le fils de Victorin à la multitude furieuse en implorant pour lui la pitié. (Ibid.)


(C) Mais tout fut inutile : le fils fut tué comme le père. (Ibid.)


(D) Plus tard un tombeau fut élevé à Cologne avec une humble pierre où l’on inscrivit ces mots : Ici reposent les deux Victorin. (Treb. Poll. Trig. Tyr., 87.)


(E) (Voir Trebellius Pollion, cité par M. A. Thierry). Après la mort de son fils et de son petit-fils, Victoria, dont les larmes n’avaient pu empêcher la mort de son petit-fils, retrouva son autorité, les soldats revinrent à elle. Ils la supplient, ils veulent qu’elle les gouverne ; elle refuse ; mais, touchée du repentir des soldats, et attachée de cœur à ces camps, elle y resta avec le titre de mère, souveraine de fait ; son plan une fois arrêté, elle présenta à l’armée Marius (Marion), officier parvenu plein de bravoure et de fermeté ; l’armée sans hésiter l’acclama pour chef. (Treb. Poll. Trig. Tyr, 186, 200, ap. A. Thierry.)


(F) Marius, pendant son règne de quelques mois, eut occasion de se mesurer sur le Rhin contre les Germains, et le fit avec bonheur, mais un crime l’arrêta au premier pas d’une carrière si honorablement commencée : le soldat des légions gauloises, qui avait autrefois travaillé avec lui comme armurier, se crut négligé ou offensé, l’attira un jour à l’écart et lui plongea son épée dans le sein en lui disant : La reconnais-tu, toi qui l’as forgée ? (Hic est gladius quem ipse fecisti). (Tréb. Poll. 187, ap. A. Th.)



CHAPITRE V.


(G) J’écris ceci aujourd’hui 8 juin 1850, jour de la promulgation de la loi contre le suffrage universel.

Nous l’avons déjà dit, toute pensée d’oppression, toute négation de liberté se rattache de près ou de loin, dans l’histoire, à la tradition ultramontaine, qui, dès les premiers siècles, a complètement faussé la doctrine du Christ. L’honorable M. de Montalembert, l’un des plus ardents défenseurs de la nouvelle loi électorale, aura rallié ses honorables collègues aux coutumes épiscopales en matière de suffrage universel, il leur aura cité le canon 13 du concile de Laodicée, de sorte que ses collègues, frappés de l’heureuse et divine lumière de ce canon 13, ont déclaré par l’organe de l’honorable M. Thiers, qu’en effet la vile multitude était aujourd’hui, comme au troisième siècle de l’ère chrétienne, complètement indigne d’exercer le suffrage universel.

Voici ce que nous lisons à ce sujet dans un illustre historien dont personne n’a jamais mis en doute l’imposante autorité :

«… À cette époque (au troisième siècle après Jésus-Christ), c’était par une élection purement démocratique que le clergé se recrutait de membres nouveaux ; les évêques eux-mêmes étaient élus par leurs troupeaux, et les citoyens les plus obscurs concouraient à cette nomination importante. Ce n’est pas que les deux autorités civiles et ecclésiastiques n’eussent cherché de concert à écarter la populace de ces élections ; un canon du concile de Laodicée interdisait à la foule de prendre part aux élections pour le sacerdoce, et une novelle de Justinien ordonnait au métropolitain, qui apprenait la mort de l’un de ses évêques, de convoquer seulement les clercs et les premiers citoyens de la ville, en même temps qu’il ordonnait une commission à quelque autre de ses suffragants pour administrer le siège vacant et présider à l’élection ; mais la multitude accourait toujours de toutes les parties du diocèse dans le lieu où l’on allait lui choisir un nouveau pasteur ; elle réclamait ses droits au nom de l’égalité des fidèles devant Dieu… Ces acclamations, à la vue de quelque saint personnage, étaient prises pour une voix du ciel ; aussi dans les récits des vies des saints et dans les lettres où Sidoine Apollinaire raconte la nomination de quelques évêques des Gaules, on voit presque toujours les clameurs populaires l’emporter sur le vœu des prêtres et sur celui de l’aristocratie. » (Sismondi, Histoire des Français, v. I, p. 99, édition 182.)

Espérons qu’au dix-neuvième siècle comme au troisième le droit des peuples s’exercera un jour dans sa souveraineté absolue.

Concilii Laodicensis, canon 13. — Labbei Concilior. gener., t. I, p.’498.— Novella CXXIII, ch. I, authent. collectio 9, tit. 7. — Sulpicus Severus in vica sancti Martini, ch. VII, Script. franc., t. I, p 574. — Sidoine Apollinaire, t. IV, tit. 25 ; I. VII, tit. 5 et 9. — Script. franc., t. 1, p. 794-797.


(H) Après la mort de Marius, Victoria jeta les yeux sur Tétricus (Tétrik) pour gouverner la Gaule ; il fut proclamé chef par l’armée… Victoria mourut subitement. Sa fin rapide et imprévue donna lieu à bien des soupçons, à bien des bruits qui n’épargnèrent pas Tétricus lui-même, impatient, disait-on, de régner sans tutelle. (Treb. Poll. Tillem. Hist. des Emp., III, 268, ap. A. Th.).


(I) Hérodien, Ant. et Get., IV, 87, ap. A. Th.


(J) Imp. Victoria. Elkhel. D. N. VIII, 464. Mionnet, II, 76, ap. A. Th.


(K) Tétricus écrivit à l’empereur Aurélien une lettre dans laquelle il indiquait le mouvement de ses troupes et le mouvement qu’il ferait lui-même avec son fils et ses amis pour se réfugier dans le camp romain. (Am. Thierry, Hist. des Gaul., v. Il, p. 4l9.)


(F) Eutrope, IX, 13, ap. A. Th.


(M) Mais ce qui attirait surtout les regards, c’était les deux Tétricus vêtus de manteaux de pourpre et d’une tunique jaune avec des braies gauloises… Aurélien fit entrer Tétrik dans le sénat, y marqua la place de son fils, et lui fit bâtir un palais sur le mont Cœlius, lui disant en riant qu’il était plus honorable de commander un canton de l’Italie que de régner par-delà les Alpes. (Aurel. Vict. Épit. 35, ap. A. Th.)




LA GARDE DE POIGNARD.


PROLOGUE.
(Les Korrigans.)


(A) M. de la Villemarqué, dans son excellent et curieux ouvrage : Chants populaires de la Bretagne, déjà souvent cité par nous, dit à propos des Dûs ou petits hommes génies :

« Ils sont noirs, hideux, velus et trapus ; leurs mains sont armées de griffes, ils portent toujours sur eux une bourse de cuir, qu’on dit pleine d’or ; la nuit ils dansent en chantant une ronde dont le refrain primitif était lundi, mardi, mercredi, auquel ils ont ajouté par la suite jeudi et vendredi ; mais ils se sont bien gardés d’aller jusqu’au samedi et jusqu’au dimanche, jour de la messe ; malheur au voyageur qui passe:il est entraîné dans le cercle et doit danser jusqu’à ce que mort s’en suive… Les Bretons supposent les Dûs faux monnayeurs et très-habiles forgerons. C’est au fond de leurs grottes de pierre qu’ils cachent leurs invisibles ateliers. » (Introd., p. XLIX.)


(B) « Nos traditions, dit M. de la Villemarqué, prêtent aux Korrigans une grande passion pour la musique et de belles voix ; les traditions populaires les représentent souvent peignant leurs blonds cheveux dont elles semblent prendre un soin particulier ; leur taille n’a pas plus de deux pieds de hauteur; leur forme, admirablement proportionnée, est aussi diaphane et aérienne que celle de la guêpe. » (Ibid., p. XLVI.)


(C) Voir ibid. M. de la Villemarqué, XLVI.


(D) Même auteur, XLVII.





fin des notes du troisième volume.