Les Pantins des boulevards, ou bordels de Thalie/07-2

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Poulet-Malassis (1 et 2p. 110-112).

JUSQU’À PRÉSENT LES RIEURS SONT TOUJOURS
DU MÊME CÔTÉ.

ANECDOTE BAMBOCHINE.


J’ai joué des libertins débauchés ; j’ai démasqué des sots et des fripons ; j’ai fait de cette occupation l’objet de mes menus plaisirs, et j’ai vu avec satisfaction tous les rieurs de mon côté. Mais qui est-ce qui n’a pas ri de ma publicité ? C’est le boulevard en général. Ces fameux polichinels qui tendent à la célébrité, sont au désespoir de ce que j’ai consacré mes veilles à leur en assurer une ; et ils apportent pour fondement de leurs clameurs imbéciles « que toute vérité n’est pas bonne à dire ». Il fut un temps effectivement où il y avait du danger à courir ; mais à présent que, sans crainte, on peut tout dire et qu’on dit tout, les mirmidons théâtrals, les pantins du rempart prétendraient-ils prouver qu’ils sont en possession du privilége exclusif d’enchaîner la vérité par le ministère du maire, des commissaires et des sections ?

C’est ce que vient d’entreprendre le sieur Després, à la tête d’une meute enragée, députée des différents cloaques du boulevard, pour persécuter cet ouvrage. Ses jérémiades sont l’aveu tacite de sa confession burlesque au compère Mathieu. « J’ai des femmes, disait-il piteusement au commissaire de la section de Saint-Étienne, je les gruge et je les bats ; mais je ne vole personne ! » Je ne sais pourquoi cette phrase concluante n’est pas insérée dans le procès-verbal.

Quoiqu’il en soit, les Després, les Ribié, les Talon et les Mayeur peuvent fulminer, je me ris de leurs menaces : arracher le voile dont ces impudents se couvrent, c’est mériter l’éloge des honnêtes gens, et à coup sûr ce n’est pas s’attendre au leur.