Les Petites Misères de la vie des animaux
Apparence
Garnier Frères, (p. T-99).
Les Petites Misères
de la
Vie des Animaux
PAR
Benjamin RABIER
PARIS
GARNIER FRÈRES, ÉDITEURS
6, RUE DES SAINTS-PÈRES
CHIENS SAVANTS
Le Dresseur. — Vous ne mangez pas, Azor… cette côtelette de présalé ne vous dit rien ?…
Le Caniche (à part). — Si… elle me dit qu’elle est en carton !…
UN COMBLE
— Nous allons mourir de froid… Quarante degrés au-dessous de zéro !…
— Laisse-moi tranquille !… avec tes quarante degrés de froid… ce que tu me fais suer !…
APRÈS L’OPÉRATION
Le Fox-Terrier. — C’est pauvre comme Job… ça n’a pas de quoi nourrir ses enfants et ça dépense vingt sous pour me faire couper la queue !…
UN MENU MAL ORDONNÉ
Le Lion qui vient d’avaler un pêcheur nègre. — J’ai bien mal composé mon menu… j’aurais dû commencer par le poisson !
LE CHASSEUR MALADROIT
Le Lièvre. — Quel imbécile que ce chasseur… un chien ne fera jamais un bon civet !
AUX CHAMPS
La Vachère. — C’est vraiment assommant et ennuyeux… papa me force à sortir toute la semaine en sabots…
La Vache. — Qu’est-ce que je dirais, moi, qui ne les quitte jamais !…
MÉTAMORPHOSES
L’Aubergiste. — Je suis un type dans le genre de Jupiter ; il a changé Actéon en cerf, moi, je vais transformer un chat en douze portions de gibelotte de lapin.
LA PEAU D’OURS
L’Ours. — Eh bien quoi ?… les chauffeurs s’habillent bien en ours !
POSITION CRITIQUE
La grenouille facétieuse ou le héron embarrassé.
LA PRÉCAUTION UTILE
— Va dire à ma fiancée qu’elle arrête la publication des bans !
LE SERPENT ET LA POMME
Le Chien, au serpent écrasé par la chute d’une grosse pomme. — Je donnerais cent sous pour que le père Adam voie ça !…
PAUVRE EXILÉ
— C’est délicieux et ça me rappelle mon pays, ce repos au pied d’un palmier, à l’ombre du soleil !…
APRÈS LA BATAILLE
— C’était tout simplement pour avoir l’adresse de ton tailleur !…
LE DÉJEUNER DE L’AIGLE
L’Aigle. — Tu peux pleurer, petit… Tu as de la chance qu’à la chair de l’homme je préfère celle du mouton !…
PREMIER JOUR DE CAPTIVITÉ
L’Écureuil. — Dire que voilà plus de quarante kilomètres que je fais aujourd’hui… sans arriver à trouver la porte de sortie !…
UNE BONNE EXCUSE
— Te voilà, sac à vin !… Bois-sans-soif !… Tu t’es encore piqué le nez !…
— Oui, ma chérie, avec une rose !…
LE TIGRE QUI S’EST APPUYÉ SUR UNE BARRIÈRE FRAÎCHEMENT PEINTE
— Pas possible… j’ai une maladie de peau… hier j’étais rayé, aujourd’hui je suis quadrillé !…
LE RHINOCÉROS DOMESTIQUE
Comment on apprend aux enfants à marcher chez les Zoulous.
LA PEAU DE LA LIONNE
Le Lion. — Cent vingt-cinq francs… moi qui n’aurais pas donné quatre sous de sa peau !…
LA FIN DU MONDE
— Vraiment nous vivons dans un siècle de décadence et de décrépitude : C’est la désorganisation, l’anarchie, le chambardement, la fin du tout…
ainsi… le soleil s’est levé ce matin sans que j’aie chanté !…
LA MAISON EN ÉMOI
Le Hibou. — Quel vacarme… c’est encore le locataire du rez-de-chaussée qui se dispute avec son épouse.
Le Corbeau. — Lui… ah bien oui… il se fiche du tiers comme du quart.
L’Écureuil. — Oui… mais il a peur de sa moitié !…
LA VIE
Le Hérisson. — Allons… bon !… voilà que je me pique le nez contre cette sale châtaigne…
Le Chien. — Imbécile de hérisson… j’ai la patte en sang !…
La Chèvre. — Maudit chien… avec son collier de pointes !…
Le Veau. — Fais donc attention, maladroite !…
La Taupe. — Voilà bien l’image de la vie, on se plaint du prochain tout en restant sourd à ses plaintes !
LE BAROMÈTRE
Madame Dupont. — La grenouille monte… signe de beau temps…
La Grenouille. — Sapristi !… que mes cors me font souffrir… c’est encore de la pluie !…
UN RENSEIGNEMENT
Le Gosse. — Ma pauvre vieille, je crois que j’ai été volé : je viens d’acheter, chez le boucher, un beefsteak… voyons, dis-moi ça… tu dois t’y connaître… c’est-il du bœuf ou de la vache !…
L’HIPPOPOTAME DANS L’EMBARRAS
L’Hippopotame qui vient d’avaler un petit nègre qui jouait au diabolo. — J’aurais dû lui demander de me montrer comment on joue à ça… avant de le manger !…
EN REVENANT DE LA FOIRE AU PAIN D’ÉPICE
L’Éléphant. — On est si mal nourri au Jardin des Plantes et il y a si longtemps que j’avais envie de manger du porc frais !…
LE BONNET D’ÂNE
L’Âne. — Tu pleures pour ça !!!
DANS LES BLÉS
— N’aie pas peur… ne t’épouvante pas… c’est un épouvantail !
PRÉSENCE D’ESPRIT
La Mère au Père prisonnier. — Avant qu’on vienne te chercher… passe-nous le restant du lard !…
PLAINTE JUSTIFIÉE
L’Autruche. — Vraiment, pourquoi nous arracher notre parure… vous ne trouvez pas que mes plumes font mieux sur mon derrière que sur sa tête !…
LA BOUCHE EN CHOSE DE POULE
La Poule noire. — Regarde la bouche du monsieur… il va en sortir un œuf !…
LA VIE PROLONGÉE
— Je te remercie, ça va mieux… on devait me tuer le jour de la noce et je viens d’apprendre que le mariage est rompu.
ESTIMÉ AU PLUS JUSTE PRIX
L’Escargot. — L’estime des hommes pour nous est bien mince : un sou et demi la pièce !
L’ASCENSION
— Où vas-tu ?
— Je monte embrasser ma tante.
AU JARDIN DES PLANTES
Martin. — Zut !… quel public… je ne travaille pas aujourd’hui… je ne ferais pas mes frais !…
CONTENT TOUT DE MÊME
— Mon maître me donne des coups de fouet, me fait transporter des fardeaux au-dessus de mes forces et me nourrit chichement, mais en revanche, la Société protectrice des animaux l’a obligé à me mettre un chapeau.
DÉVOUEMENT MAL RÉCOMPENSÉ
L’Aveugle. — Sale chien !… Je vais t’apprendre avec mon bâton à tirer sur ta laisse !…
FOIES GRAS TRUFFÉS
L’Oie. — Les bourgeois ont tous eu la colique après avoir mangé le contenu de la terrine… ça n’a rien de surprenant… c’étaient les foies de ma belle-mère !…
LA FIN DU RENARD
Le Garde. — Voici la fourrure de madame la baronne qui vient d’arriver !…
SUR LES BORDS DU NIL
— Le Français avait des vieux sous dans sa poche… je suis empoisonné !…
— Pourtant… la monnaie… c’est facile à rendre !…
LA NOUVELLE BONNE
Le Perroquet. — Tiens… on dirait une bonne anglaise… Speak english !…
La Bonne. — Ta bouche… bébé !…
Le Perroquet. — Non… la bonne n’est pas anglaise !…
L’INONDATION
Le Chien. — Singulière chose que la vie… Pendant que des malheureux sont à la recherche d’un toit pour les abriter… je fais tous mes efforts pour me débarrasser du mien !…
MENU MAIGRE
Le Pélican. — Quel maigre butin, c’est la disette… j’en suis réduit aux extrémités…
Les Petits. — C’est plutôt nous qui sommes réduits aux extrémités… il va nous laisser la tête et la queue !…
LE CHEF-D’ŒUVRE EN DANGER
Combat de chèvres, ou le peintre trop consciencieux.
DANS LA RUE
— Tu pleures parce que tu es un enfant trouvé… qu’est-ce que tu dirais si tu étais un chien perdu !…
PLAINTES D’UN JEUNE PAPILLON
Le jeune Papillon. — Aujourd’hui, tout est truqué, falsifié, sophistiqué dans la nature… ainsi voilà des fleurs qui sentent la teinture et le vernis !
À LA FERME
Le Veau. — Au secours… délivrez-moi de ces abeilles !…
Le Chien. — Qu’est-ce qui veut du veau piqué ?…
OH CES ENFANTS !
La Tortue. — On a bien tort de dire que pour marcher dans la vie, il faut savoir se retourner !…
GRANDEUR ET DÉCADENCE
— Pour une majesté, c’est dur de lécher les bottes d’un dompteur !…
LE CHIEN DE CHASSE FATIGUÉ
Le Chien de chasse. — Veinard… il a des roulettes !…