Les Petits bougres au manège (Enfer-746)/06

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Pierre Pousse-Fort (p. 33-35).

ODE A LA VÉROLE.

O vérole ! ô peste cruelle !
Que ses ravages sont affreux !
Que de cons désolés par elle,
Et que de fouteurs malheureux !
C’est-là le mal de l’opulence,
Le mal-français par excellence,
Le mal commun dans tout pays,
Le mal des prudes, des coquettes ;
Des duchesses et des soubrette,
Des porte-faix et des marquis.

Dans un cloître, réduit tranquille,
Par fois l’innocente Nonain,
D’un agréable de la ville,
Reçoit chaude-pisse ou poulain.
Qu’arrive-t-il ? notre vestale,
Innocemment, et sans scandale,
Poivre son pauvre directeur,
Qui le rend aussi sans scrupule :
Par ce moyen le mal circule
Parmi les vierges du seigneur.
A vous, Madelaine la blonde,
Qui demeurez en Paradis,

Vous fûtes putain dans le monde,
Si l’on en croit les érudits :
Mais, dites-moi, ma bonne amie,
N’étiez-vous pas un peu pourrie ?
Car feu Saint-Jean pour vous banda,
Et voulut vous foutre en levrette ;
Mais en voyant votre languette,
Il eut peur, et se retira.