Les Petits poèmes grecs/Anacréon/Ode XXIX

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XXIX.

Sur le jeune Bathylle

Peins-moi mon cher Bathylle comme je vais te le décrire. Que ses cheveux brillants soient noirs à l’intérieur, dorés vers les extrémités : sans liens et sans ordre, que leurs boucles flottent librement ; que son sourcil plus brun qu’un serpent se dessine sur un front jeune et frais comme la rosée ; que son œil soit fier et tendre à la fois, ayant quelque chose de Mars, quelque chose de la belle Cythérée, et vous laissant suspendu entre la crainte et l’espérance ; donne à ses joues de rose le velouté de la pêche et répands sur elles, autant que tu le peux, l’incarnat de la pudeur ; pour la lèvre, je ne sais comment tu pourras la rendre délicate et pleine de persuasion ; enfin que la cire soit éloquente dans son silence.

Voilà son visage. Que son cou d’ivoire soit blanc comme celui d’Adonis ! Qu’il ait la poitrine et les mains de Mercure, les cuisses de Pollux et le ventre de Bacchus ; au-dessus de sa cuisse délicate, de sa cuisse brûlante, peins-nous sa naïve puberté appelant déjà la reine de Paphos.

Mais ton art jaloux nous dissimule le contour de son dos ; cependant il est parfait ! Que te dire de ses pieds ? Prends donc le prix que tu voudras, et de cet Apollon fais Bathylle ; si jamais tu vas à Samos, de Bathylle tu feras Apollon.