Les Pisseuses
I
Au long de la tour…
Les dernières rumeurs du jour
Lentement se sont assoupies :
Dans l’angle de la vieille tour,
Les pisseuses sont accroupies.
Abrité par mes contrevents,
Lorsque la nuit n’est pas trop sombre,
J’observe leurs paquets mouvants
Qui s’agitent en ce coin d’ombre.
Elles viennent par deux, par trois,
Comme les buveurs à l’auberge,
Et dans la tiède nuit, je crois
Sentir comme une odeur d’asperge.
II
La Gaillarde Commère
Celle qui fit beaucoup d’heureux,
Les jupes hardiment troussées,
Montre ses appas plantureux
Aux vieilles pierres entassées.
Sa chair jette un reflet nacré
Aux rais indiscrets de la lune,
Et le bosquet du mont sacré
Fait au centre une tache brune.
De son puits d’amour, plus chanté
Que la fontaine de Vaucluse,
L’urine, en un jet irrité,
S’échappe avec un bruit d’écluse.
III
La Jeune Épousée
Celle que son mari vaillant
Sert chaque nuit comme une reine,
Met à l’air un fessier saillant,
Avec une impudeur sereine.
D’un doigt qui connaît bien l’endroit,
Soigneuse, elle écarte la mousse,
De crainte qu’un jet maladroit
N’aille inonder la toison rousse.
Elle déverse un flot pressé
Sans prendre souci qu’on en glose,
Et songe que s’IL est percé,
C’est surtout pour une autre chose.
IV
La Vierge Amoureuse
Voici la vierge au sein fleuri,
À qui les nuits de mai sont dures,
Et qui prend son doigt pour mari,
Chaque soir sous les couvertures.
Son urine au parfum troublant
S’écoule en cascade rebelle,
Et les bords du pantalon blanc
Font une ogive à sa chapelle.
Elle rêve d’un beau gars nu
Qui, bien vautré sur sa poitrine,
Pisserait à jet continu…
Autre chose que de l’urine.
V
La Fillette avertie
Cette ombre qu’on voit s’avancer,
C’est la jeune fillette accorte
Qui, naguère encor, pour pisser,
N’allait pas plus loin que sa porte.
Mais depuis déjà plusieurs mois,
Quand vient l’heure de la pissette,
Avec de pudiques émois
Elle s’accroupit en cachette.
Aucun regard n’a défloré
Le duvet naissant qu’elle arrose,
Depuis que son pipi doré
Prend parfois une teinte rose.
VI
Vous aussi…
Le soleil, du bouton naissant
Fait une fleur épanouie :
Bientôt, par quelque adolescent,
Votre chair sera réjouie.
Alors vous irez vous trousser
Sans que votre pudeur s’alarme,
Et vous vous sentirez pisser…
Non sans y trouver quelque charme.
Fillette, pissez à loisir,
Mais aimez d’une fougue égale ;
Allez-y : d’abord le désir,
Puis l’appétit, puis la fringale.
VII
Hâtez-vous…
Foulez l’herbe de nos vallons
En remuant votre derrière ;
Soyez la Nymphe aux courts talons,
Toujours prête à choir en arrière ;
Consacrez à la volupté
Votre doux printemps qui s’étonne,
Et les ardeurs de votre été,
Et les splendeurs de votre automne ;
Songez que l’hiver vient au bout ;
Songez aux roses effeuillées…
Aux vieilles qui pissent debout,
Les deux jambes écarquillées.