Les Plantes potagères/Artichaut

La bibliothèque libre.
Vilmorin-Andrieux
Vilmorin-Andrieux & Cie (p. 14-17).
ARTICHAUT
Cynara Scolymus L.
Fam. des Composées.


Noms étrangers : angl. Artichoke. all. Artischoke. flam. et holl. Artisjok. dan. Artiskok. ital. Carciofo, Articiocca. esp. Alcachofa. port. Alcachofra.


Barbarie et Europe méridionale. — Vivace (mais, par le fait, bisannuel ou trisannuel dans la culture). — Tige de 1 mètre à 1m,20, droite, cannelée ; feuilles grandes, longues d’environ 1 mètre, d’un vert blanchâtre en dessus, cotonneuses en dessous, décurrentes sur la tige, pinnatifides, à lobes étroits ; fleurs terminales très grosses, composées d’une réunion de fleurons de couleur bleue, recouverts par des écailles membraneuses imbriquées et charnues à la base dans les variétés cultivées. Graine oblongue, légèrement déprimée, un peu anguleuse, grise, rayée ou marbrée de brun foncé, au nombre d’environ 25 dans un gramme et pesant en moyenne 610 grammes par litre ; sa durée germinative est de six années.

Culture. — L’artichaut peut se multiplier par semis ou par éclats de pieds ou œilletons ; ce dernier procédé est de beaucoup le plus généralement suivi, car il est le seul par lequel on conserve sûrement les diverses variétés avec leurs caractères propres. Les vieux pieds d’artichauts produisent en terre, autour de leur collet, un certain nombre de rejetons destinés à remplacer les tiges qui ont fleuri l’année précédente. Ces rejets sont généralement en trop grand nombre sur chaque tige pour pouvoir se développer tous également. On est dans l’usage de déchausser, au printemps, jusqu’au-dessous du point d’insertion des œilletons, les vieux pieds qu’on avait garantis pendant l’hiver avec de la terre ou des feuilles. On détache alors du pied tous les œilletons, à l’exception des deux ou trois plus beaux, qui sont laissés en place et qui devront servir à la production de l’année.

L’opération de l’œilletonnage doit se faire avec précaution et demande une main assez exercée, car il est important de détacher avec le rejet une portion de la plante mère à laquelle il est adhérent, et qu’on appelle le talon, et en même temps il faut éviter de blesser trop gravement le vieux pied, ce qui pourrait en amener la pourriture. Les œilletons, une fois détachés, doivent être parés et dressés à la serpette, c’est-à-dire qu’on doit retrancher du talon les portions froissées ou déchirées et raccourcir un peu les feuilles. C’est dans cet état que les œilletons destinés à la plantation sont apportés sur les marchés.

La plantation peut se faire immédiatement en place. On doit choisir, pour établir une plantation d’artichauts, une terre bien défoncée, riche, profonde, fraîche et presque humide, sans cesser d’être saine. Les plaines basses, les fonds de vallée à terre noire et presque tourbeuse, conviennent tout particulièrement à la culture de l’artichaut. Les pieds sont plantés en ligne et espacés entre eux en tous sens de 0m,80 à 1m,20, selon la richesse de la terre et selon la variété à cultiver. On affermit solidement l’œilleton en terre au moment de la plantation, sans l’enterrer très profondément, puis on donne un bon arrosage, et l’on se contente ensuite de tenir la terre propre pendant toute la belle saison par des binages répétés, et d’arroser abondamment toutes les fois que cela est nécessaire. Si l’eau et l’engrais ne manquent pas à la jeune plantation d’artichauts, presque tous les pieds devront produire dès l’automne. Quelquefois, au lieu de planter à demeure tout de suite après l'œilletonnage, on plante d’abord les œilletons en pépinière et on les met en place à la fin de juin ou en juillet. La réussite de la plantation est ainsi plus assurée et la production au moins aussi abondante à l’automne.

Les semis d’artichauts doivent se faire sur couche tiède en février ou en mars, et l’on met le plant en place au mois de mai. Les plantes ainsi obtenues peuvent produire dès l’automne de la première année. On peut aussi semer en place à la fin d’avril ou en mai, mais la production est alors retardée jusqu’à l’année suivante.

A l’entrée de l’hiver, il faut s’occuper de protéger les plants d’artichauts contre les froids, qui peuvent souvent les faire périr dans notre climat. Pour cela, on nettoie les pieds en les débarrassant des tiges qui ont fleuri, et que l’on coupe aussi près que possible de la racine. On retranche aussi les feuilles les plus longues, et l’on butte les pieds en ramenant la terre tout à l’entour jusqu’à 0m,20 ou 0m,25 au-dessous du collet de la racine, mais en évitant d’en faire pénétrer dans le cœur de la plante. Si les gelées sont très fortes, il est bon de recouvrir, en outre, les pieds d’artichauts de feuilles sèches ou de paille ; mais il est important de les découvrir quand le temps se radoucit, afin d’éviter la pourriture. A la fin de mars ou au commencement d’avril, quand les gelées ne sont plus à craindre, on laboure la terre, on fume s’il y a lieu, on détruit les buttes qui entouraient chaque pied, et l’on procède à l’œilletonnage tel qu’il a été décrit plus haut.

Il est bon de renouveler partiellement tous les ans ses. plantations d’artichauts, et de ne pas les faire durer au delà de quatre ans.

Usage. — On mange la base des écailles de la fleur et le réceptacle ou fond de l’artichaut, soit cuits, soit crus. Les tiges et les feuilles peuvent être utilisées blanchies comme celles des cardons et ne leur sont pas inférieures en qualité.
ARTICHAUT GROS VERT DE LAON.
Noms étrangers : angl. Large green Paris or Laon artichoke. all. Grösste Artischoke von Laon.


Plante vigoureuse, relativement rustique^ de moyenne hauteur, à feuillage grisâtre argenté, côtes rougeâtres, surtout à la base, non épineuses. Tiges raides, dressées, portant ordinairement deux ou trois ramifications secondaires.

Artichaut gros vert de Laon.
réd. au tiers.

Pommes grosses, plus larges que hautes, remarquables surtout par la largeur du réceptacle ou fond de l'artichaut. Les écailles sont très charnues à la base, d’abord très fortement appliquées les unes sur les autres, puis brisées pour ainsi dire et un peu renversées en arrière dans les deux tiers supérieurs. Elles sont entièrement d’un vert pâle, sauf à la base, où elles sont légèrement teintées de violet, peu ou point épineuses. La hauteur des liges ne dépasse pas 0m,75 à 0m,85 ; les touffes de deux ans en portent trois ou quatre.

Cette variété est la plus répandue aux environs de Paris ; elle n’est pas très hâtive, mais c’est la meilleure pour la production des artichauts à toute venue. Aucune n’a le fond aussi large, aussi épais ni aussi charnu ; en outre elle se reproduit assez bien par le semis.


ARTICHAUT VERT DE PROVENCE.


Nom étranger : angl. Green or french artichoke.


Plante de hauteur moyenne, à feuillage d’un vert assez foncé ; pommes vertes un peu plus allongées, mais moins grosses que celles de l’A. de Laon. Les écailles, d’un vert uni, sont longues, assez étroites et épineuses ; elles sont médiocrement charnues à la base. Cette variété, très cultivée dans le Midi, est particulièrement estimée pour manger crue, à la poivrade.

Les graines de cet artichaut donnent toujours par le semis une forte proportion de plantes très épineuses.


ARTICHAUT VIOLET DE PROVENCE.


Plante assez basse, ne dépassant guère 0m,60 à 0m,70 de hauteur ; feuillage gris, très découpé ; pommes renflées, courtes, obtuses, d’un violet assez foncé dans le jeune âge et verdissant de plus en plus à mesure qu’elles grossissent ; écailles échancrées, non épineuses, assez étroitement imbriquées les unes sur les autres. Variété très fertile, mais ne produisant abondamment qu’au printemps et un peu sensible au froid.


ARTICHAUT CAMUS DE BRETAGNE.


Plante haute et vigoureuse, atteignant 1 mètre et 1m,30 ; feuillage ample ; pommes larges, courtes, grosses, de forme presque globuleuse, aplaties au sommet ; écailles vertes, brunâtres ou légèrement violacées sur les bords, courtes, élargies, assez charnues à la base.

Cette variété est très répandue dans l’Anjou et la Bretagne, provinces qui en envoient, dès le mois de mai, de grandes quantités à la halle de Paris.

Le nombre des variétés d’artichauts étant extrêmement grand, nous nous contenterons de mentionner ci-après les variétés que nous considérons comme les plus remarquables après les quatre précédentes, qui sont les plus généralement cultivées.

A. cuivré de Bretagne. Plante assez basse ; têtes rondes, grosses, d’abord violettes, prenant en se développant une teinte rougeâtre cuivrée ; écailles pointues.

A. gris (syn. A. violet long). Variété à pommes allongées, assez minces et assez lâches, élargies du bout ; elle se cultive spécialement aux environs de Perpignan, est très précoce et franchement remontante. Il en arrive en grandes quantités à la halle de Paris pendant l’hiver et au premier printemps.

A. noir d’Angleterre. Race très distincte, à pommes nombreuses, de grosseur moyenne, presque rondes et tout à fait camuses, d’un beau violet noir.

A. de Roscoff. Plante très haute ; pommes ovoïdes, d’un vert assez pâle ; écailles épineuses.

A.de Saint-Laud oblong. Pommes grosses, allongées, à écailles peu serrées à la base et beaucoup plus rapprochées au sommet, peu échancrées et légèrement mucronées.

A. sucré de Gênes. Plante assez délicate ; pommes d’un vert pâle, allongées, épineuses ; la chair du réceptacle est jaune, sucrée et très fine.

A. violet quarantain de Camargue. Plante moyenne ; têtes assez petites, 4 écailles rondes, dressées, d’un vert teinté de violet. Plante précoce.

A. violet de Saint-Laud. Têtes moyennes ; écailles vertes dans leur portion libre, violettes dans la partie recouverte par les autres ; queues violettes.

A. violet de Toscane. Pommes très nombreuses, allongées, pointues, d’un violet intense. Cette variété est très cultivée aux environs de Florence. Les pommes, cueillies très jeunes et tendres, sont généralement mangées cuites et entières.


ARTICHAUT DE JÉRUSALEM. — Voy. Courge Pâtisson.