Les Plantes potagères/Courges

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Vilmorin-Andrieux
Vilmorin-Andrieux & Cie (p. 169-170).
COURGES


Cucurbita L.
Fam. des Cucurbitacées.


Noms étrangers : angl. Gourd ; (Am.) Squash. all. Speise-Kürbiss. flam. et holl. Pompoen. dan. Grœskar. ital. Zucca. esp. Calabaza. port. Cabaça.


Les courges sont un des légumes le plus anciennement et le plus généralement cultivés. Les variétés presque innombrables qui se rencontrent dans nos cultures ont été jugées depuis fort longtemps ne pouvoir provenir d’un seul type primitif ; néanmoins c’est à M. Charles Naudin que revient l’honneur d’avoir le premier apporté la lumière dans le chaos des espèces et des variétés, et d’avoir déterminé scientifiquement l’origine et la parenté des diverses formes, en les ramenant à trois espèces bien distinctes : Cucurbita maxima Duch., C. moschata Duch., et C. Pepo L. Nous décrirons successivement les variétés qui dérivent de chacun des différents types botaniques en suivant la classification établie par lui. Nous ne connaissons pas de forme de courge qu’on doive nécessairement regarder comme le résultat d’un croisement entre deux de ces espèces.

Quoique les diverses courges cultivées aient pour origine, comme nous venons de le dire, des plantes différentes par leurs caractères botaniques et par leur patrie, elles présentent néanmoins, au point du vue de la végétation et du produit, des ressemblances frappantes, qui font comprendre qu’on les ait considérées longtemps comme de simples variétés d’une même espèce. Ce sont des plantes annuelles, grimpantes et pourvues de vrilles ; tiges complètement herbacées, très longues, très souples et très tenaces, anguleuses, rudes ; feuilles larges, à pétiole fistuleux, à lobes orbiculaires ou réniformes, quelquefois plus ou moins incisés, déchiquetés ; fleurs grandes, jaunes, monoïques. Fruits ronds ou allongés, presque toujours pourvus de c6tes et renfermant les graines dans une cavité centrale entourée de chair généralement épaisse.

La végétation des courges est très rapide ; la chaleur est indispensable à leur développement. Originaires des pays tropicaux, elles ne peuvent pas être semées en France avant le mois de mai sans le secours de chaleur artificielle, et leur végétation est complètement suspendue par les premières gelées, qui désorganisent toutes leurs parties vertes.

Culture. — Les courges se sèment habituellement en pleine terre dans le courant du mois de mai. Pour en avancer et en activer la végétation, on a coutume de faire en terre des trous ronds ou carrés plus ou moins larges et d’environ 0m,50 de profondeur, qu’on remplit de fumier, recouvert lui-même de 0m,15 ou 0m,20 de terre ou de terreau. C’est dans cette terre qu’on sème les graines, généralement au nombre de deux ou trois par trou ; l’espacement à observer entre les plantes varie selon qu’on cultive une variété coureuse ou non. Quand on veut avancer les courges, on peut, soit les semer sur couche et les repiquer également sur couche avant de les mettre en place, soit les semer sur couche dans des pots, où on les laisse jusqu’au moment de les planter en pleine terre. Quand on veut obtenir de très gros fruits, on n’en laisse qu’un, deux, ou trois par pied, en choisissant ceux qui sont le mieux conformés et en taillant les branches à quelques feuilles au delà du dernier fruit. On met aussi à profit, dans le même but, la tendance qu’ont les tiges des courges à prendre racine : pour cela, on recouvre de terre de place en place et à l’endroit des nœuds, les tiges qui portent les plus beaux fruits ; les racines ne tardent pas à s’y former, surtout si l’on a soin d’arroser de temps en temps en cas de besoin : il en résulte pour le fruit un surcroit de nourriture très profitable à son accroissement.

Usage. — Les fruits se cuisent et se consomment sous une infinité de formes, sôit jeunes, soit complètement développés ; il y a même des variétés dont les fruits s’emploient crus à la manière des concombres.