Les Plantes potagères/Tomate
Amérique méridionale. — Annuelle. — La tomate est une plante ramifiée, à tige sarmenteuse, se soutenant difficilement sans l’aide de supports artificiels. Les tiges en sont grosses, presque ligneuses, renflées, surtout aux nœuds et recouvertes d’une écorce verte, rude au toucher. Les feuilles sont ailées, à folioles ovales-acuminées, un peu dentées sur les bords, grisâtres à la surface inférieure, et souvent repliées en cuiller ou même à bords roulés en dessus ; fleurs jaunâtres, en corymbes axillaires. Fruits en forme de grosses baies, charnus, de forme et de couleur variables. Graine blanche, réniforme, très aplatie, chagrinée sur les deux faces, au nombre de 300 à 400 dans un gramme, et pesant environ 300 grammes par litre. Sa durée germinative est de quatre années.
Culture. — Ce n’est que dans le midi de l’Europe que la tomate peut se développer complètement sans l’aide de la chaleur artificielle. Sous le climat de Paris, on sème habituellement les tomates, pour la culture ordinaire ou de saison, à la fin de mars, sur couche ; au bout de trois semaines ou un mois, on les repique également sur couche, et on les met en place vers la fin de mai, en espaçant les plants de 0m,50 à 0m,80, suivant les variétés. Dès que les tomates ont 0m,40 à 0m,50 de hauteur, il faut les soutenir, soit au moyen d’un simple tuteur, soit par une série de piquets reliés entre eux et formant une sorte de treillage sur lequel on palisse les branches. Les variétés les plus tardives gagnent à être plantées au pied d’un mur ou d’un abri à bonne exposition. C’est surtout pour ces tomates qu’il est utile de limiter la production à un nombre restreint de fruits, en supprimant tous les bouquets qui se développent tardivement. Il est bon quelquefois aussi de supprimer une partie des pousses ; mais il faut le faire avec discernement et sans trop diminuer le nombre des feuilles que porte la plante.
Les tomates les plus précoces commenceront, par ce système de culture, à donner des fruits dans le courant du mois d’août ; la récolte se continue tout l’automne, et les fruits, parvenus à toute leur grosseur, mais non encore colorés à l’arrivée des froids, peuvent être rentrés avec leurs tiges dans une pièce saine et chaude, où ils achèvent de mûrir.
Par la culture forcée on peut obtenir des tomates à partir de la fin d’avril ; les plantes accomplissent alors leur végétation entière sur couches. Les premiers semis se font dès le mois de septembre ; mais le plus habituellement seulement en janvier. On repique sur couche, et enfin on plante définitivement, toujours dans les mêmes conditions, à raison de quatre pieds par panneau. Comme la plante demande beaucoup de chalur, les couches doivent être entourées de réchauds que l’on renouvelle au besoin. On ne laisse habituellement aux tomates forcées sur couche que deux branches, qui s’étendent horizontalement et sont attachées à un fil de fer ou à une forte ficelle tendue d’une extrémité de la couche à l’autre, aussi près que possible des châssis. Jusqu’au moment où les fruits sont formés et approchent de la maturité, on associe habituellement d’autres cultures à celle des tomates, pour utiliser la chaleur des couches et l’espace qui n’est pas encore occupé par la culture principale.
Usage. — L’emploi des tomates dans la cuisine prend d’année en année plus d’importance. On prépare les fruits de bien des façons diverses, et la fabrication des conserves de tomates, en fruits ou en sauce, constitue dans le midi de la France une industrie très développée.
Plante vigoureuse, à feuilles assez larges, d’un vert foncé, à folioles un peu gaufrées et repliées sur les bords. Fruits en grappes de deux à quatre, très gros, déprimés, irrégulièrement côtelés, larges de 0m,07 à 0m,10, épais de 0m,04 à 0m,05, et d’un beau rouge écarlate foncé. Cette variété est très productive ; c’est la plus généralement cultivée dans le midi de la France, d’où l’on en expédie les fruits sur tous les marchés et où elle est d’un emploi considérable pour la fabrication des conserves. Elle est un peu tardive pour le climat des environs de Paris.
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| Tomate rouge grosse hâtive. Plante réd. au douzième, fruits au tiers. |
Plante assez grêle, caractérisée par ses feuilles presque toujours crispées et à folioles repliées en dessus, ce qui donne à la plante l’apparence d’être à demi desséchée. Fruits très nombreux, en grappes de trois à six, côtelés comme ceux de la T. rouge grosse, mais ne dépassant pas ordinairement 0m,06 à 0m,08 de diamètre sur 0m,03 à 0m,04 d’épaisseur.
Les fruits de cette variété mûrissent de quinze jours à trois semaines plus tôt que ceux de la T. rouge grosse. Elle convient parfaitement pour les climats analogues à celui des environs de Paris. C’est aussi, du reste, une des plus cultivées.
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| Tomate rouge naine hâtive. réd. au douzième. |
Sous-variété de la T. rouge hâtive. Elle en diffère par sa tige moins élevée, qui se ramifie et commence à porter des fruits plus près de terre. Les caractères de végétation sont, du reste, les mêmes que ceux de la rouge grosse hâtive ; mais la petite taille de celle-ci la rend plus facile à cultiver et surtout plus appropriée à la culture forcée. Cultivée dans les mêmes conditions que la T. rouge grosse hâtive, elle commence à mûrir ses fruits deux ou trois jours plus tôt : ceux-ci sont un peu plus aplatis, plus côtelés et moins gros, mais la différence est fort légère.
Grande plante, haute et vigoureuse comme la T. rouge grosse, mais encore plus tardive. Fruit déprimé, à pourtour régulièrement arrondi ou faiblement sinué, de 0m,06 à 0m,10 de diamètre sur 0m,04 à 0m,06 d’épaisseur. Cette variété est difficile à conserver absolument pure ; les fruits tendent toujours à redevenir côtelés : on trouve, du reste, constamment sur la même plante des fruits lisses et des fruits à côtes plus ou moins prononcées.
La T. de Stamford, gain de M. Laxton, le célèbre semeur anglais, se rapproche beaucoup de cette variété. Les fruits en sont un peu moins volumineux, mais encore plus réguliers de forme et à chair plus épaisse. Elle est intermédiaire
entre la T. rouge grosse lisse et la T. pomme rouge.
Cette variété, obtenue chez M. le comte de Fleurieu, au château de Laye, près de Villefranche (Rhône), se distingue de toutes les autres par ses tiges très courtes, très raides, se soutenant parfaitement d’elles-mêmes, et garnies
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| Tomate à tige raide de Laye. Plante réd. au douzième, fruits au tiers. |
d’un feuillage très frisé, réticulé et d’un vert presque noir. Les fruits de cette variété ressemblent à ceux de la T. rouge grosse, et ils mûrissent à peu près aussi tardivement.
Il serait très intéressant, et ce ne serait sans doute pas impossible, d’obtenir diverses races de tomates possédant, en même temps que les caractères des races Tomate à tige raide de Laye. ordinaires au point de vue de la forme et de la précocité des fruits, le port trapu, raide et ferme de la tomate de Laye.
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| Tomate pomme (fruits de grosseur naturelle). |
Plante de vigueur moyenne, à peu près de la dimension de la T. rouge grosse hâtive, mais à feuilles moins crispées. Fruits presque exactement sphériques et complètement lisses, de 0m,05 à 0m,06 de diamètre. Ils sont réunis en grappes de trois à six et mûrissent un peu plus tôt que ceux de la T. rouge grosse, mais quelques jours après ceux de la T. rouge grosse hâtive. Cette variété a la chair plus pleine que les tomates à côtes ; les fruits s’en conservent bien, quand ils ne sont ni fendus ni blessés.
Cette très jolie variété ne diffère de la tomate pomme rouge que par la teinte de ses fruits, qui, d’abord rosés deviennent, en mûrissant, d’un rouge vineux et presque violacé dans les années chaudes. Ils sont produits en très grande abondance, par grappes de trois à six ; et, comme ceux de la T. pomme rouge, ils sont de forme presque exactement sphérique, très pleins et renfermant peu de graines.
Très belle variété, productive et un peu tardive, présentant quelque analogie avec la T. pomme rose par la couleur et la forme très régulière de son fruit, mais en différant nettement par le volume plus gros de celui-ci et par la teinte plus foncée et presque violette qu’il prend à la maturité. Ordinairement les bouquets ne contiennent que de deux à quatre fruits, de forme très arrondie, mais pourtant un peu plus larges qu’épais.
La variété américaine Criterion tomato diffère des deux précédentes, dont elle reproduit à peu près la couleur, par sa forme ovoïde un peu allongée. Les fruits ont environ 0m,05 de long sur 0m,04 de diamètre transversal.
Cette variété ressemble parfaitement aux tomates pommes, excepté par la couleur de son fruit, qui est d’un beau jaune d’or, presque sphérique, complètement lisse et extrêmement régulier. Les tomates à fruits jaunes sont peu appréciées, au moins en France ; aussi nous bornons-nous à en citer cette seule variété, qui est du reste la plus recommandable.
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| Tomate cerise. Rameau réd. au tiers. |
Plante relativement rustique et très productive, vigoureuse, à tige de 1m,20 environ, grosse et forte, très ramifiée, garnie d’un feuillage abondant, bien vert et nullement frisé, commençant à fleurir huit jours plus tard que la T. rouge grosse hâtive. Fruits sphériques ou légèrement déprimés, d’un rouge écarlate, de 0m,02 à 0m,03 de diamètre seulement, réunis en grappes de huit à douze. Une plante bien développée peut en porter plus de vingt grappes, surtout si on les cueille au fur et à mesure de leur maturité.
Cette variété est de moyenne saison ; elle est très productive, malgré le petit volume de ses fruits.
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| Tomate poire. Rameau réd. au tiers. |
Variété très vigoureuse et assez précoce. Tige s’élevant de lm,20 à 1m,30 ; feuillage abondant, peu crispé, assez ample et d’un vert foncé. Fruits écarlates, nombreux, piriformes, plus ou moins étranglés à la base, de 0m,04 à 0m,05 de longueur sur 0m,03 environ de diamètre dans la partie la plus renflée, réunis en grappes au nombre de six à dix. Une plante bien développée peut en porter aisément de vingt à vingt-cinq grappes.
Il existe dans le Midi, et particulièrement à Naples, un assez grand nombre de variétés de tomates à fruit piriforme. Nous nous sommes bornés à décrire celle qui nous paraît présenter le plus de mérite au point de vue de la précocité et du rendement.
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| Tomate groseille. Rameau réd. au tiers ; fruit de grosseur naturelle. |
Les tomates en forme de poire passent pour se conserver plus facilement que les autres.
On doit rapporter à la tomate poire, bien qu’elle en constitue une forme assez distincte, la variété anglaise nommée Nisbett’s Victoria. C’est une tomate en forme d’œuf allongé plutôt que réellement en poire, plus large à l’extrémité que près du point d’attache. Les fruits sont réunis par grappes au nombre de quatre à huit. La plante, grande, forte, demi-tardive, est remarquable par l’ampleur de son feuillage.
On cultive quelquefois comme légume, mais plus souvent pour ornement, sous le nom de tomate groseille, le Solanum racemiflorum Dun. (angl. : Red currant tomato ; all. : Johannisbeer Tomate), dont les fruits, très petits, sphériques, écarlates, sont produits en longues grappes de douze, quinze et quelquefois davantage. Ils sont pleins d’une pulpe acidulé qui peut s’employer comme celle de la tomate.
Parmi les nombreuses races de tomates qui n*ont pas été décrites ou citées plus haut, il convient de mentionner les suivantes :
T. belle de Leuville. Fruit de la forme de celui de la T. rouge grosse, à côtes peu marquées, lisse, bien fait, et remarquable par sa teinte rouge cramoisi, presque violacée à la maturité. Elle a été obtenue à Leuville, près d’Arpajon, aux environs de Paris. Les nouvelles variétés à fruit rond (T. pomme) lui sont actuellement préférées, mais son apparition avait devancé celle de toutes les races américaines et anglaises aujourd’hui si répandues.
T. jaune petite. C’est une variété jaune de la T. cerise. Les fruits sont nombreux, jaune d’or, parfaitement ronds.
T. grosse jaune (Am. : large yellow T.). De la forme et aussi à peu près de la grosseur de la T. rouge grosse. Le fruit est très côtelé. La T. jaune ronde lui est bien supérieure.
T. rouge grosse lisse à feuilles crispées. Les maraîchers de Paris cultivent sous ce nom une race demi-tardive, dont le fruit, assez lisse, est large et remarquablement aplati.
T. scharlachrother Turkenbund (T. bonnet turc). Variété curieuse, à fruit rouge, de dimensions au-dessous de la moyenne, caractérisé par le développement anormal d’une partie des carpelles, qui forment, au centre du fruit, une protubérance analogue à celle qui s’observe dans les giraumons turban. Cette race est de précocité moyenne et médiocrement productive.
T. poire jaune (Angl. Yellow pear-shaped T. ; Am. : Yellow fig T.). Simple variation de la T. poire, à fruit jaune vif. Comme dans la T. poire à fruit rouge, il en existe différentes races de volume et de précocité variables.