Les Pleurs/La vie et la mort du Ramier

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir La vie et la mort du ramier.

Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 13-16).

LA VIE ET LA MORT
DU RAMIER.

Hélas ! Nous n’avons pas juré de vivre ensemble,
Mais nous avons promis de nous aimer toujours !

— JULES DE RESSÉGUIER. —

II.

De la colombe au bois c’est le ramier fidèle ;
S’il vole sans repos, c’est qu’il vole auprès d’elle ;
Il ne peut s’appuyer qu’au nid de ses amours,
Car des ailes de feu l’y réchauffent toujours !

Laissez battre et brûler deux cœurs si bien ensemble ;
Leur vie est un fil d’or qu’un nœud secret assemble,

Il traverse le monde et ce qu’il fait souffrir :
Ne le déliez pas ! vous les feriez mourir.

Ils ne veulent à deux qu’un peu d’air, un peu d’ombre ;
Une place au ruisseau qui rafraîchit le cœur ;
Seuls, entre ciel et terre, un nid suave et sombre,
Pour s’entre-aider à vivre, ou cacher leur bonheur !

Quand vous ne verrez plus passer par ce rivage
Cette blanche moitié de la colombe aux bois,
N’allez pas croire au moins que l’un d’eux soit volage ;
Bien qu’ils aiment toujours, ils n’aiment qu’une fois !

Laissez-vous entraîner sur leurs traces perdues,
Vers le nid, doux sépulcre alors silencieux,
Et vous y trouverez quatre ailes détendues
Sur deux cœurs mal éteints rallumés dans les cieux !