Les Poètes du terroir T I/Alsace, Chansons

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Alsace, chansonsLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 7-10).

CHANSONS

CHANSON PATOISE DE LEVONCOURT

(canton de férette)

Les trois filles du pays, (bis)
S’en revont au bois du roi
Li ron fé, lire, lai, lai dridai,
O laire li lai lai, dredire,
O fé lire, lai lai dridai.

S’en revont aux bois du roi. (bis)
La plus jeune les maudissait,
Liron, etc.

La plus jeune les maudissait, (bis)
L’fils du roi les écoutait.
Liron, etc.

L’fils du roi les écoutait. (bis)
« Laquelle est-ce de vous trois,
Liron, etc.

« Laquelle est-ce de vous trois (bis)
Qui médit les bois du roi ?
Liron, etc.

« Qui maudit les bois du roi ? (bis)
— C’n’est ni moi, ni moi, ni moi,
Liron, etc.

« C’n’est ni moi, ni moi, ni moi, (bis)
C’est ma sœur que voilà, (bis)
Prenez-la et laissez-moi.
Liron, etc.


LES TRAS FEYS DI PAYS…

Les tras feys di pays
S’en revint es bos di roi,
Liron, etc. Liron, etc.

S’en revint es bos di roi ;
Lai pus jeune les madéchait,
Liron, etc.

Lai pus jeune les madéchait.
La fé di roi les écoutait :
Liron, etc.

La fé di roi les écoutait.
Laiquelle ast de vos tras,
Liron, etc.

Laiquelle ast de vos tras
Que médit les bos di roi ?
Liron, etc.

Que médit les bos di roi ?
Ce n’ast ni moi, ni moi, ni moi,
Liron, etc.

Ce n’ast ni moi, ni moi, ni moi,
Ç’ast mai souer que lai voilà,
Liron, etc.

Ç’ast mai souer que lai voilà,
Prendrez-liai et laichiez-moi.
Liron, etc.


CHANSON VOYERIE

ronde

Nous étions trois filles.
Toutes les trois du même âge ;
Mon père nous achète
Chez quelqu’un une robe blanche ;
J’y ai laissé mes gants
Courant sur ces ravières.

Mon père nous achète
Chez quelqu’un une robe blanche.
Derrière elle était trop courte,
Devant elle traînait,
J’y ai laissé, etc.

Derrière elle était trop courte,
Devant elle traînait.
Je pris mes ciseaux,

Je la rognai tant…
J’y ai laissé, etc.

Je pris mes ciseaux,
Je la rognai tant ;
De la rognure
J’ai fait des gants.
J’y ai laissé, etc.

De la rognure
J’ai fait des gants,
À mon ami Pierre
J’en ai fait présent.
J’y ai laissé, etc.

À mon ami Pierre
J’en ai fait présent :
» Tenez, tenez, Pierre,
Tenez, Pierre, cachez ces gants,
J’y ai laissé, etc.

« Tenez, tenez, Pierre,
Tenez cachez ces gants.
Et ne les portez,
Que trois fois l’an.
J’y ai laissé, etc.

« Et ne les portez
Que trois fois l’an,
Une fois à Pâques

Et l’autre à la Saint-Jean
J’y ai laissé, etc.

« Une fois à Pâques,
Et l’autre à la Saint-Jean,
L’autre à la Madeleine,
C’est-à-dire plus tard. »
J’y ai laissé, etc.

(Chansons populaires de l’Alsace, publiées par J.-B. Weekerlin. Paris, Maisonneuve, 1883.)



CHANSON VOYERIE

Nos y étions tras feyes,
Tot’s les tras d’un temps.
Mon père nos aichète
Chez q’qu’un un gouénet biau ;
Y ai laichié mes gants
Chu ces raiviers corant.

Mon père nos aichète
Chez q’qu’un un gouénot biau
Derrier était trop cô,
Devaint l’an vai trainnint,
Y ai laichié, etc.

Derrière était trop cô,
Devaint l’an vai trainnint ;
Pris mon effo-chatte,

Qui lo ronge tant
Y ai laichio, etc.

Pris mon effo-chatte,
Qui lo rongo tant.
De la ronguratte
Y en ai fait des gants.
Y ai laichié, etc.

De la ronguratte
Y’en ai fait des gants.
An mon aimi Pierre
Y’en ai fait présent.
Y ai laichié, etc.

An mon aimi Pierre
Y en ai fait présent.
« Teni, teni, Pierre,
Teni, caichiez ces gants,
Y ai laichié, etc.

« Teni, teni, Pierre,
Teni, caichiez ces gants
Et ne les pottaites
Que tras fois d’un an.
Y’ai laichié, etc.

« Et ne les pottaites
Que tras fois d’un au,
Eune fois ès Paiques

Et l’atre en lai Saint-Jean.
Y ai laichié, etc.

« Eune fois ès Paiqies
Et l’atre en lai Saint-Jean,
L’atre en lai Madelaine,
Ç’ast afin pus loin. »
Y ai laichié, etc.