Les Poëmes de l’amour et de la mer/La Nuit bienheureuse

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XX.

LA NUIT BIENHEUREUSE


En écoutant les voix amoureuses du soir,
Nous demeurions pensifs, votre main dans la mienne ;
En écoutant le bruit des vagues — sans les voir —
Et c’est le plus doux soir dont mon cœur se souvienne.

En respirant l'odeur des puissantes forêts,
Je vous vis approcher, pâle et tout oppressée ;
En respirant la nuit et ses parfums si frais.
C’est la meilleure nuit que j’aie encor passée.


En entendant soudain chanter un rossignol,
Je vous baisai la joue et vous baisai la bouche ;
En l’écoutant chanter et pleurer comme un fol,
Vous n’aviez pas souci de vous montrer farouche.

Oh ! bénis à jamais soient tous ces bruits du soir,
Et rôdeur des forêts soit à jamais bénie ;
Béni, le rossignol que nous ne pouvions voir
Et qui troubla ton cœur avec son harmonie.