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Les Protestants en Touraine

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Les protestants en Touraine

1562


Les Huguenots, au XVIe siècle, en voulant établir la Réforme en France, cherchaient à se créer une indépendance qui leur permit de vivre en dehors de l’autorité royale. Cette indépendance, ils savaient qu’ils ne pouvaient l’obtenir qu’en restant maîtres de leurs mouvements, et en inspirant au souverain la terreur de leurs armes. Il leur fallait donc des places de guerre et des ports de mer qui pussent leur permettre de se défendre et, en même temps, de communiquer librement avec leurs alliés du dehors.

Tours n’était pas une de ces villes où ils auraient trouvé un abri sûr. Sa position topographique la rendait trop accessible à une surprise et à une attaque. Cependant elle se trouvait sur leur chemin ; et les richesses accumulées dans ses églises et ses monastères par la libéralité et la piété des rois et des peuples, étaient un appât trop tentant pour qu’ils aient songé à l’épargner. Leurs bandes se répandirent donc dans le pays ; mais partout ils rencontrèrent l’antipathie des populations. Ils en profitèrent pour piller jusqu’aux moindres chapelles et rançonner les gens ; souvent même, ils allèrent plus loin et le sang fut répandu. Leur présence était considérée comme un deuil public. Les églises dévastées restaient fermées ; les offices religieux ne se faisaient plus ; le prêtre, obligé de se cacher, administrait furtivement les sacrements, et, quelquefois, il payait de sa vie sou courage et son dévouement pour ses ouailles. C’étaient là des jours qui devaient faire époque dans l’existence des habitants de la campagne. Quand le calme fut revenu on dut eu parler longtemps encore dans les familles, et il est naturel que le pasteur, de son côté, les ait consignés sur les registres de sa paroisse. Ces registres, servant à relater les baptêmes, les mariages et les décès, se trouvaient nécessairement interrompus pendant l’occupation protestante ; il fallait donc expliquer la lacune qui s’y trouvait. C’est ce que, à Druye, le curé a fait, et c’est ce que d’autres aussi ont dû faire ailleurs.

La note que nous publions ne vient pas, il est vrai, apporter une grande lumière sur ce temps si troublé, mais elle est curieuse, en ce qu’elle indique parfaitement le chemin suivi par les bandes des chefs huguenots pour aller de Tours à Azay-le-Rideau, et de là à Chinon. Ce n’est qu’une petite pierre à l’édifice de l’histoire générale, mais c’est par l’accumulation de ces pierres que les monuments s’élèvent. Nous croyons donc devoir remercier M. l’abbé Imbert, curé de Druye, qui nous a communiqué ce document. Que de choses curieuses et intéressantes ne rencontre-t-on pas souvent dans ces vieux registres si négligés, si oubliés, et parfois si dédaignés !

Ed. Quincarlet.