Les Protocoles des Sages de Sion/Boutmi/Texte/27

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, Gueorgui Boutmi
Protocols des Sages de Sion
Texte établi par Ernest Jouin, Revue internationale des sociétés secrètes (p. 135-142).
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Vingt-septième séance


01 Aujourd’hui, je puis vous affirmer que nous ne sommes plus qu’à quelques pas de notre but. Voici le tracé de tout le chemin que nous avons parcouru et celui de la courte distance qu’il nous reste à franchir pour que le cercle du Serpent symbolique, symbole de notre peuple, soit accompli. Lorsque ce cercle sera définitivement fermé, tous les États de l’Europe se trouveront enserrés comme par de fortes griffes.

02 Bientôt s’écroulera la balance des constitutions modernes, parce qu’au moment de sa construction, nous en avons faussé le mécanisme, de sorte que les plateaux penchant sans cesse de côté et d’autre devaient finir par user le fléau. Les goyim s’imaginaient l’avoir fabriqué solidement et s’attendaient toujours à la voir trouver son équilibre. Mais aux yeux du peuple, les souverains sont éclipsés par leurs représentants qui font des folies, entraînés qu’ils sont par leur pouvoir irresponsable et sans contrôle. Ils se rendent compte cependant qu’ils ne doivent ce pouvoir qu’à la terreur qui, existe dans les palais. Ayant pour le peuple un sentiment de crainte, les souverains ne peuvent pénétrer dans son sein pour s’entendre avec lui, comme autrefois, et s’appuyer sur lui pour se protéger contre les usurpateurs du pouvoir. Le pouvoir clairvoyant des souverains et le pouvoir aveugle du peuple, une fois séparés par nous, ont perdu toute importance et sont aussi impuissants isolément que l’est un aveugle sans son bâton.

03 Afin de pousser les ambitieux à abuser du pouvoir, nous avons dressé ces deux forces l’une contre l’autre, en développant leurs tendances libérales vers l’indépendance. Nous avons provoqué toutes sortes d’initiatives dans ce sens ; nous avons mis des armes aux mains de tous les partis, et nous avons fait du pouvoir la cible de toutes les ambitions. Nous avons transformé les États en arènes pour l’émeute.

04 Encore un peu et les désordres et la banqueroute viendront ébranler toutes les institutions existantes. D’intarissables bavards ont transformé les séances parlementaires et les réunions administratives en joutes oratoires. D’audacieux journalistes et d’imprudents pamphlétaires attaquent quotidiennement le personnel administratif. Les abus du pouvoir achèveront la ruine des institutions et tout sautera sous les coups d’une foule affolée par le libéralisme.

05 Nous avons enchaîné les peuples aux durs travaux par la misère plus fortement qu’ils ne l’avaient été jadis par le servage et l’esclavage dont ils parvinrent à s’affranchir, tandis qu’ils ne sauraient se libérer de la misère. Les droits par nous inscrits dans la constitution sont pour les masses purement fictifs et non réels. Ces droits sont l’expression d’une idée tout à fait impossible à réaliser.

06 Qu’importe au travailleur courbé sous le poids de son labeur, ou au prolétaire opprimé par son sort que les bavards aient reçu le droit de pérorer, les journalistes le droit d’écrire toutes sortes de stupidités à côté des questions sérieuses, si le prolétariat ne tire de la constitution d’autre profit que celui de ramasser les miettes de notre table, que nous lui jetons pour qu’il vote nos lois et élise nos agents. Les droits républicains sont pour le travailleur une amère ironie, car la nécessité du travail quotidien l’empêche en réalité d’en tirer aucun avantage, tandis qu’ils lui enlèvent la garantie d’un salaire fixe et assuré en l’obligeant à dépendre des grèves organisées tantôt par les patrons, tantôt par les camarades, que nous excitons quand nous avons besoin de détourner les esprits des affaires courantes et d’introduire imperceptiblement quelque mesure qui nous soit favorable.

07 Sous notre direction, les peuples et les gouvernements ont exterminé l’aristocratie qui était leur appui, leur défense et qui — dans son propre intérêt — avait pourvu à leurs besoins. C’est pourquoi ils sont tombés aujourd’hui sous le joug de profiteurs enrichis et de parvenus qui pèsent sur le travailleur comme un fardeau impitoyable.

08 Nous nous présenterons comme les libérateurs des travailleurs en leur proposant d’entrer dans les rangs de nos armées de socialistes, d’anarchistes et de communistes — que nous soutenons toujours au nom de notre prétendu principe de solidarité fraternelle — comme la maçonnerie sociale. L’aristocratie qui, de droit, bénéficiait du travail de l’ouvrier, avait intérêt à ce qu’il fût bien nourri, en bonne santé et vigoureux.

09 Tandis que, au contraire, nous avons tout intérêt à voir notre ouvrier affamé et débile, parce que les privations l’asservissent à notre volonté et que, dans sa faiblesse, il ne trouvera ni vigueur ni énergie pour nous résister.

10 La famine confère au capital des droits plus puissants que n’en a jamais conféré à l’aristocratie le pouvoir du souverain. Par la misère et par les haines envieuses qu’elle suscite, nous manœuvrons les masses et nous nous servons de leurs mains pour écraser ceux qui nous gênent.

11 Quand viendra l’heure du couronnement de notre Maître universel, de la famille de David, ces mêmes mains balayeront tout ce qui pourrait lui faire obstacle.

12 Les goyim ont perdu l’habitude de réfléchir sans le secours de nos avis scientifiques et judicieux, c’est pourquoi ils ne parviendront jamais à comprendre que lorsque sera établi notre Gouvernement, il nous faudra mettre en toute première ligne dans les écoles populaires la plus importante de toutes les sciences, celle de l’organisation de la vie humaine et de la vie sociale. Cette science exige la division du travail et, par conséquent, la division des hommes en classes et en castes. Nous instituerons cet enseignement afin que tout le monde sache qu’étant donné la diversité des buts à atteindre par les différentes activités humaines, l’égalité des droits ne peut exister, et que tout travail ou emploi doit être classé comme appartenant à un cercle bien déterminé.

13 Toute confusion en cette matière deviendrait la source de maux qui seraient la conséquence de l’absence de rapport entre l’éducation reçue et la tâche dévolue à l’homme par la nature. Telles sont les idées que nous aurons alors à inculquer aux hommes, en vue de notre propre sécurité, afin que personne ne puisse contester notre statut. Les hommes, s’imprégnant de cette étude, se soumettront plus aisément à nos autorités et au régime qu’elles établiront dans notre État. Au contraire, les hommes ignorant les exigences de la nature et l’importance de chaque caste voudront sortir de leur milieu, parce qu’ils ressentent de l’inimitié envers toute condition qui leur semble supérieure à la leur.

14 Cette inimitié s’accentuera davantage lorsque éclatera la crise économique qui arrêtera bientôt les transactions financières et toute la vie industrielle. Cet événement jettera simultanément dans la rue et dans tous les pays d’Europe d’immenses foules de travailleurs. Vous comprenez avec quelle joie ils se précipiteront pour verser le sang de ceux qu’ils ont jalousés dès l’enfance.

15 Ils ne toucheront pas aux nôtres, parce que, connaissant le moment de l’attaque, nous, prendrons des mesures pour nous défendre, comme nous l’avons fait pendant la Commune de Paris.

16 Nous avons convaincu les goyim que le progrès les conduirait au règne de la Raison. Notre despotisme sera de nature à pouvoir pacifier par de sages rigueurs toutes les révoltes ; il éliminera le libéralisme de toutes nos institutions.

17 A mesure que nous inculquions aux goyim des idées de libéralisme, les peuples s’aperçurent qu’au nom de la Liberté le pouvoir faisait des concessions et accordait des arrangements. Ils en conclurent qu’ils constituaient une force avec laquelle on comptait; et, croyant leurs droits égaux aux siens, ils se ruèrent contre le pouvoir ; mais, semblables à tous les aveugles, ils se heurtèrent alors à d’innombrables obstacles et se précipitèrent à la recherche d’un guide : tombant entre nos mains, ils déposèrent leur mandat aux pieds de nos agents.

18 Depuis ce moment, nous les conduisons de déception en déception, pour que, finalement, ils renoncent à tout en faveur du roi-despote, issu du sang de Sion, que nous préparons pour le monde.

19 Actuellement, en tant que force internationale, nous sommes invulnérables : si un État goy nous attaque, d’autres nous soutiennent. La bassesse illimitée des peuples goyim rampant devant la force, sans pitié pour la faiblesse et pour les moindres fautes, indulgents pour les crimes, refusant de se soumettre à un régime juste, mais patients jusqu’au martyre devant la violence d’un audacieux des potisme, voilà ce qui nous assure l’invulnérabilité. Les goyim supportent et tolèrent de la part de leurs premiers ministres — dictateurs actuels, dressés par nous, des abus pour le moindre desquels ils auraient décapité une vingtaine de rois.

20 Et tout cela parce que nos agents les persuadent que les préjudices portés à l’État sont propres à leur valoir un bonheur international, la fraternité des peuples, la solidarité et l’égalité des droits. (On ne leur dit pas, bien entendu, qu’une telle union de tous les peuples ne se réalisera que par notre Pouvoir, sous notre Gouvernement international.) Et voilà que le peuple condamne les innocents, absout les coupables, rien que pour se convaincre qu’il est bien le maître de la situation. Rivalisant ainsi avec ses prédécesseurs au pouvoir, il détruit tout équilibre et crée partout le désordre.

21 Le mot « Liberté » met en conflit l’humanité avec toutes les puissances, même avec celles de Dieu et de la nature. C’est pourquoi, à notre avènement au pouvoir, nous devrons effacer le mot même de « Liberté » du vocabulaire humain, comme étant le symbole de la force bestiale qui transforme les foules en fauves altérés de sang. Il est vrai, cependant, qu’une fois rassasiés de sang les fauves s’endorment et qu’il est facile alors de les enchaîner, tandis que si on ne leur donne pas de sang ils ne dorment pas et se débattent.