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Les Protocoles des Sages de Sion/Nilus Lambelin/Texte/13

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CHAPITRE XIII


Le besoin du pain quotidien. Les questions politiques. Les questions industrielles. Les divertissements. Les maisons du peuple. La vérité est une. Les grands problèmes.


Le besoin du pain quotidien fait taire les chrétiens et en fait nos humbles serviteurs. Les agents pris parmi eux pour notre presse discuteront sur notre ordre ce qu’il nous sera peu commode de faire imprimer directement dans des documents officiels, et nous-mêmes pendant ce temps, profitant du bruit provoqué par ces discussions, nous prendrons les mesures qui nous sembleront utiles et nous les présenterons au public, comme un fait accompli. Personne n’aura l’audace de réclamer l’annulation de ce qui aura été décidé, d’autant plus qu’on le présentera comme un progrès. La presse d’ailleurs attirera aussitôt l’attention sur de nouvelles questions (nous avons, comme vous le savez, habitué les hommes à chercher toujours du nouveau). Quelques imbéciles, se croyant les instruments du sort, se jetteront sur ces nouvelles questions, sans comprendre qu’ils n’entendent rien à ce qu’ils veulent discuter. Les questions de la politique ne sont accessibles à personne, excepté à ceux qui l’ont créée, il y a déjà bien des siècles, et qui la dirigent.

Par tout ceci vous verrez qu’en recherchant l’opinion de la foule, nous ne faisons que faciliter l’accomplissement de nos desseins, et vous pouvez remarquer que nous semblons rechercher l’approbation non de nos actes, mais de nos paroles prononcées en telle ou telle occasion. Nous proclamons constamment que dans toutes nos mesures nous prenons pour guide l’espoir uni à la certitude d’être utiles au bien de tous. Pour détourner les hommes trop inquiets des questions politiques, nous mettrons en avant des questions prétendues nouvelles, les questions industrielles. Qu’ils exhalent leur furie sur ce sujet. Les masses consentiront à rester inactives, à se reposer de leur prétendue activité politique (à laquelle nous les avons habitués nous-mêmes pour lutter par leur intermédiaire avec les gouvernements des chrétiens), à condition d’avoir de nouvelles occupations ; nous leur y indiquerons à peu près la même direction politique. Afin qu’elles n’arrivent à rien par la réflexion, nous les détournerons de la pensée par des divertissements, par des jeux, par des amusements, par des passions, par des maisons du peuple... Bientôt nous proposerons par la presse des concours en art, en sport de toutes sortes : ces intérêts détourneront définitivement les esprits des questions où il nous faudrait lutter avec eux. Les hommes, se déshabituant de plus en plus à penser par eux-mêmes, finiront par parler à l’unisson de nos idées, parce que nous serons les seuls qui proposerons de nouvelles directions à la pensée... par l’intermédiaire de telles personnes dont, bien entendu, on ne nous croira pas solidaires. Le rôle des utopistes libéraux sera définitivement fini, quand notre régime sera reconnu. Jusque-là ils nous rendront un bon service. C’est pourquoi nous pousserons encore les esprits à inventer toutes sortes de théories fantastiques, nouvelles et soi-disant progressistes ; car nous avons tourné la tête à ces imbéciles de chrétiens avec un plein succès au moyen de ce mot progrès, et il n’y a pas un seul esprit parmi eux qui voie que sous ce mot se cache une erreur dans tous les cas où il n’est pas question d’inventions matérielles, puisque la vérité est une et ne saurait progresser. Le progrès, comme une idée fausse, sert à obscurcir la vérité, afin que personne ne la connaisse, excepté nous, les élus de Dieu, ses gardiens. Quand notre règne sera venu, nos orateurs raisonneront sur les grands problèmes qui ont ému l’humanité pour l’amener enfin à notre régime salutaire. Qui se doutera alors que tous ces problèmes avaient été inventés par nous suivant un plan politique que personne n’a deviné pendant de longs siècles ?