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Les Protocoles des Sages de Sion/Nilus Lambelin/Texte/21

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CHAPITRE XXI


Les emprunts intérieurs. Le passif et les impôts. Les conversions. Les caisses d’épargne et la rente. Suppression de la bourse des fonds publics. Taxation des valeurs industrielles.


J’ajouterai à ce que je vous ai dit dans la réunion précédente une explication détaillée des emprunts intérieurs. Sur les emprunts extérieurs je ne dirai plus rien, parce qu’ils remplissaient nos coffres-forts avec l’argent national des chrétiens, mais pour notre État il n’y aura plus d’étrangers, c’est-à-dire qu’il n’y aura rien d’extérieur. Nous avons profité de la corruption des administrateurs et de la négligence des gouvernants pour recevoir des sommes doubles, triples et encore plus fortes, en prêtant aux gouvernements des chrétiens de l’argent qui n’était pas du tout nécessaire aux États. Qui est-ce qui pourrait faire la même chose par rapport à nous ?... C’est pourquoi je n’exposerai en détails que les emprunts intérieurs. Quand ils lancent un emprunt, les États ouvrent une souscription pour l’achat de leurs obligations. Afin que celles-ci soient accessibles à tous, ils créent des coupures depuis cent jusqu’à mille ; en même temps, on fait une réduction aux premiers souscripteurs. Le lendemain il y a une hausse de prix artificielle, soi-disant parce que tout le monde se jette dessus. Quelques jours plus tard les caisses du Trésor sont, dit-on, combles et on ne sait plus où mettre l’argent (pourquoi le prendre alors ?). La souscription dépasse plusieurs fois l’émission de l’emprunt : telle est la confiance que l’on a pour les lettres de change du gouvernement. Mais, quand la comédie est jouée, on est en présence d’un passif qui vient de se former, et d’un passif fort lourd. Pour payer les intérêts, il faut avoir recours à de nouveaux emprunts qui n’absorbent pas, mais qui augmentent seulement la dette principale. Quand le crédit est épuisé, il faut par de nouveaux impôts couvrir non l’emprunt, mais seulement les intérêts de l’emprunt. Ces impôts sont un passif, employé pour couvrir le passif...

Puis vient le temps des conversions, qui diminuent seulement le payement des intérêts, et ne couvrent pas les dettes, et qui de plus ne peuvent être faites sans le consentement des prêteurs : en annonçant une conversion on offre de rendre l’argent à ceux-là qui ne consentent pas à convertir leurs valeurs. Si tous exprimaient le désir de reprendre leur argent, les gouvernements seraient pris dans leurs propres filets, et se trouveraient dans l’impossibilité de payer l’argent qu’ils offrent. Heureusement les sujets des gouvernements chrétiens, peu versés dans les affaires de finances, ont toujours préféré des pertes sur le cours et une baisse des intérêts, au risque de nouveaux placements d’argent, par quoi ils ont donné plus d’une fois la possibilité aux gouvernements de se défaire d’un passif de plusieurs millions. Maintenant, avec les dettes extérieures, les chrétiens ne pensent rien faire de semblable, sachant que nous réclamerons tout notre argent. Ainsi une banqueroute reconnue démontrera définitivement aux pays l’absence de liaison entre les intérêts des peuples et leurs gouvernements. J’attire toute votre attention sur ce fait et sur le suivant : aujourd’hui tous les emprunts intérieurs sont consolidés par des dettes que l’on désigne sous le nom de flottantes, c’est-à-dire par des dettes dont les échéances sont plus ou moins rapprochées. Ces dettes se composent de l’argent mis dans les caisses d’épargne et dans les caisses de réserve. Comme ces fonds restent longtemps aux mains du gouvernement, ils s’évaporent pour payer les intérêts des emprunts extérieurs, et à leur place on met une somme équivalente de dépôts de rente. Ce sont ces derniers qui bouchent tous les trous dans les caisses de l’État chez les chrétiens. Quand nous monterons sur le trône du monde, tous ces tours de finances seront abolis sans laisser de trace, parce qu’ils ne répondent pas à nos intérêts ; nous supprimerons également toutes les Bourses de fonds publics, car nous n’admettrons pas que le prestige de notre pouvoir soit ébranlé par la variation de prix de nos valeurs. Elles seront déclarées par la loi au prix de leur valeur complète sans fluctuation possible (la hausse donne lieu à la baisse ; c’est ainsi qu’au début de notre campagne nous avons joué avec les valeurs des chrétiens). Nous remplacerons les Bourses par de grands établissements de crédit spécial, dont la destination sera de taxer les valeurs industrielles suivant les vues du gouvernement. Ces établissements seront en état de jeter sur le marché pour cinq cent millions de valeurs industrielles en un jour. De cette manière, toutes les entreprises industrielles dépendront de nous. Vous pouvez vous imaginer quelle puissance nous acquerrons par là.