Les Pseudonymes du jour/Peintres, Dessinateurs et Sculpteurs

La bibliothèque libre.
E. Dentu, éditeur (p. 95-99).


PEINTRES, DESSINATEURS ET SCULPTEURS


Les dessinateurs semblent affectionner les pseudonymes, ou plutôt les noms d’artiste.


Bertall. — Albert d’Arnoult.

Bertall est l’anagramme renversée de son prénom. C’est Balzac qui l’a engagé à prendre ce pseudonyme.


Gust. C***. — Courbet.

Il a signé de ces initiales quatre petits dessins ornant les Essais poétiques de Max B. (Max Buchon), volume publié à Besançon en 1839.


Cham. — De Noé.

Cham a été attaché au Ministère des finances, Secrétariat général.

À la salle des Estampes de la Bibliothèque, on lit au-dessus d’une rangée de cartons, en grosses lettres :

On se demande : Quels sont ces artistes ? On s’approche des étiquettes, et on lit au-dessous des noms, en caractères microscopiques :

Gavarni. — Cham.


Chéret. — Jean-Louis Laghaume de Gavaux.

Peintre-Décorateur, né à la Nouvelle-Orléans en 1820 ; mort à Paris en 1882.


Crafty. — Géruzez. — Vie parisienne.


Draner. — Paf. — Renard. — (Anagramme renversée.)


Jacques France. — Paul Lecreux.


Gavarni. — Paul Chevallier.

Une anecdote :

Gavarni avait affaire à un fonctionnaire d’Auteuil, pour la vente d’une maison de campagne.

Le fonctionnaire lui demande son nom :

« Je m’appelle Chevallier, répond le Balzac du crayon, mais je suis un peu plus connu sous mon nom d’artiste Gavarni.

— Gavarni ?… Attendez donc !.. En effet.. je crois me rappeler… Ah ! oui… c’est vous qui faites des caricatures… des bêtises… des drôleries… dans le Charivari, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur. »

Voici quelques détails donnés par Jules Claretie au sujet de son pseudonyme :

Gavarni est mort à soixante-cinq ans. Il était né à Paris, non à Tarbes, comme on l’a dit. C’est à Tarbes, il est vrai, qu’il passa sa jeunesse. Ses souvenirs, ses premiers, ses meilleurs, datent de la vallée d’Aure, des cascades de Grip ou de la grotte du Bédat. Il avait été mécanicien d’abord. Ce fashionable avait connu l’âpre et dur travail ; mais il dessinait. Les journaux de modes eurent ses premières œuvres. Un beau jour, il envoie à Paris, au Salon, deux aquarelles. Il les date de Gavarnie. Au Salon on se trompe, on catalogue M. Gavarni. Les aquarelles ont du succès, le nom de Gavarni est imprimé et répété. Et Paul Chevallier de rire. Ce nom lui resta, ou plutôt il resta à ce nom.

« Est-ce que vous êtes cousin de la cascade de Gavarnie ? lui demanda un jour une dame qui faisait de l’esprit et qui croyait en avoir. — Oui, madame, cousin issu de Germain. »

Germain était le nom du brave homme qui avait catalogué les aquarelles.

Les amis de Paul Chevallier parfois l’appelaient aussi le Chevalier de Gavarni.


André Gill. — Louis Gosset de Guines.


J. J. Grandville. — Gérard.


Carlo Gripp. — Charles Tronssens.


H. de Hem. — Hy. — Henri de Montaut. — Vie Parisienne.


Henriot. — Pif. — Henri Maigrot. — Charivari.


Marcelin. — Émile Planat.

La Vie parisienne est une fourmilière d’anonymes et de pseudonymes. Nous en avons donné un assez grand nombre. Souvent Marcelin s’amuse à dépister les recherches par des pseudonymes, des initiales ou des indications imaginaires. Ainsi, on annonça un jour qu’une très grande dame, dont on publiait la lettre, écrirait la Revue du Salon de peinture. Le compte-rendu parut sous la signature de Thilda. Ce pseudonyme avait la transparence et la sonorité du cristal. La lettre d’avis, certaines phrases adroitement calculées sur le portrait de l’Empereur exposé au Salon carré, désignèrent une princesse. Son nom courut dans les journaux, et la signature de Thilda s’évanouit. Ce n’était pas une plume d’aigle.

L’auteur était Gustave Droz.

Une autre fois, le Salon fut signé : marquis de B……y. On y glissa quelques allusions anglaises, qui motivèrent une lettre rectificative du marquis de Boissy. La Vie parisienne invoqua sa candeur parfaite, et déclara que le Salon était dû à la plume de M. Marquis, négociant de Beaugency.

Il faudrait un volume pour établir par à peu près la bibliographie de cette collection, qui s’embrouille de jour en jour. Quérard y aurait renoncé.


Mars. — Maurice Bonvoisin.


Nadar. — Tournachon.


Phryz. — Knight Brown.

Dessinateur et Caricaturiste anglais.


Karl Robert. — Georges Meusnier.


Léo Saba. — Sabatier. — Vie Parisienne.


Sapeck. — Bataille.


Stop. — Louis Morel Retz.

Stop était un chien de chasse qu’il aimait beaucoup.


Talin. — Henri Meilhac.

Sous ce pseudonyme, Henri Meilhac a longtemps dessiné au Journal amusant. Comme Cham, il a passé au Ministère des finances.


Trick. — Trock. — Liquier.


Félix Y. — Félix Régamey.