Les Quatre Saisons (Merrill)/Crépuscule

La bibliothèque libre.
Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 196-197).

CRÉPUSCULE

Les cloches sonnent dans la pluie,
La nuit tombe sur la mer,
L’année à petits jours s’enfuit
Dans un bruit de vagues et de fer.

Les rideaux voilent les fenêtres
L’une après l’autre, au village ;
C’est l’heure, près de l’âtre, du bien-être
Et de la prière des enfants sages.


Ô ma sœur, qu’avons-nous fait,
Nous deux que la Joie couronne,
Pour mériter la grâce de l’été
Et l’indulgence de l’automne ?

Nous avons effeuillé sur la mer
Les fleurs de la guirlande des jours,
Sans même penser à l’hiver
Qui fait peur aux fausses amours.

Viens, que je lise dans tes yeux
Le secret de tant de bonheur ;
J’y trouverai peut-être mieux
Les mots qui sont chers à ton cœur,

Et nous n’entendrons plus ce soir
Le son des cloches dans la pluie,
Et nous ne verrons plus aux miroirs
La face pâle de l’année qui fuit.