Les Quatre Saisons (Merrill)/Exhortation

La bibliothèque libre.
Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 192-193).

EXHORTATION

Pour avoir voulu, ô mon âme affolée,
Monter vers Dieu par l’arc-en-ciel,
Tu pleures au fond de la vallée
Dont les abeilles butinèrent tout le miel.

Le crépuscule brûle les montagnes
Que les forts gravissent vers les astres
Malgré la foudre qui les accompagne
Et les présages de mille désastres.


Toi, prendras-tu le rude bâton
Avec le geste qui se soumet,
Et suivras-tu, dans l’espoir du guerdon,
La route de glace qui monte aux sommets ?

L’arc-en-ciel s’est éteint comme un rêve,
Et voici choir les lourdes ténèbres.
Il est temps, avant que ne gèle ta sève,
De t’évader de l’impasse funèbre.

Le veux-tu, ton salut, ô mon âme affolée
Qu’accable une soudaine somnolence ?
Prie, et lève-toi, car sur la vallée
S’abat le suaire du silence.