Les Quatre Saisons (Merrill)/Le Soir

La bibliothèque libre.
Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 94-95).
◄  chanson

LE SOIR

Voici que les rayons vont s'éteindre sur la plaine,
Et les bœufs bruns rentrer lourdement des sillons.
C'est l'heure où, parmi les chants des rossignols et des grillons,
La Terre semble vouloir geindre comme une mère pleine.

Courbés sous la faux luisante, sur la crête de la colline
Les paysans passent comme des images de la mort.
Une cloche tinte. Un essieu grince. Un enfant pleure, puis s'endort.
Et notre baiser fut doux sous le saule qui s'incline !


Des étoiles vont bientôt tomber du haut des cieux,
Et tu croiras les cueillir avec les marguerites,
Ô toi qui portes le souvenir des anges dans tes yeux !

Et nous irons par la sente où des pas furtifs ont fui
— Biche qui a peur du vent, ou faune que l’homme irrite —
Écouter le silence et regarder l’ombre de la Nuit.