Les Quatre Saisons (Merrill)/Somnolence

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Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 68-69).

SOMNOLENCE

Dormir ! — Les volets sont clos sur le soleil, et que m’importe
L’horloge qui, comme un cœur, bat le rythme du Temps
Dans la maison où c’est peut-être la Mort qui m’attend
Ou l’Amour, cette ombre que j’ai vue entrer par la porte ?

Dormir ! — Dans le bassin du jardin, l’eau en tintant
Fait rêver à des rires de nymphes nues qui apportent
Des fruits plein les mains à leurs compagnes mi-mortes
D’avoir trop baisé la chair chaude du Printemps.


Pourtant un pas furtif glisse dans le couloir
Et une main prudente cherche à pousser l’huis.
Mais, seul, je veux être roi du silence et du soir.

Dormir ! — Aux vitres vibre le vol des mouches. — Que m’importe
Que ce soit la Mort frappant si doucement à la porte
Ou l’Amour qui, ayant à peine frappé, a déjà fui ?