Aller au contenu

Les Quatre livres/Entretiens de Confucius/14

La bibliothèque libre.
(attribué à)
Traduction par Séraphin Couvreur.
Imprimerie de la mission catholique (p. 221-237).
ENTRETIENS DE CONFUCIUS


CHAPITRE XIV. HIEN WENN.


1. Ien (Tzeu seu) pria Confucius de lui dire de quoi l’on devait avoir honte. Le Maître répondit : « On doit avoir honte de recevoir un traitement d’officier sous un bon gouvernement (si l’on ne rend aucun service), ou de le recevoir (de remplir une charge) sous un mauvais gouvernement. »

2. (Tzeu Seu dit) : « Un homme qui réprime ses désirs de prévaloir ou de se vanter, ses sentiments d’aversion, sa cupidité, doit il être considéré comme parfait ? » Le Maître répondit : « La répression des passions doit être considérée comme une chose difficile ; mais, à mon avis, ce n’est pas la perfection. »

3. Le Maître dit : « Un disciple de la sagesse qui recherche le bien-être n’est pas un véritable disciple de la sagesse. »

4. Le Maître dit : « Sous un gouvernement bien réglé, parlez franchement et agissez ouvertement (même au péril de vous attirer des inimitiés) ; sous un gouvernement mal réglé, agissez ouvertement, mais modérez votre langage. »

5. Le Maître dit : « Un homme vertueux a certainement de bonnes paroles sur les lèvres ; un homme qui a de bonnes paroles sur les lèvres peut n’être pas vertueux. Un homme parfait est certainement courageux ; un homme courageux peut n’être pas parfait. »

6. Nan Koung kouo (ou Nan Ioung) dit à Confucius : « I était un archer très habile ; Ngao poussait lui seul un navire sur la terre ferme. Tous deux (malgré cette habileté, cette force), ont péri de mort violente. Iu et Heou Tsi ont cultivé la terre de leurs propres mains ; cependant (à cause de leur vertu), ils ont obtenu l’empire. » Le Maître ne répondit pas ; mais, lorsque Nan Koung kouo se fut retiré, il dit de lui : « Cet homme est un sage ; cet homme met la vertu au dessus de tout. » Chouenn légua l’empire à Iu. Les descendants de Heou tsi l’obtinrent à leur tour en la personne de Ou Wang, prince de Tcheou.

7. Le Maître dit : « On trouve des disciples de la sagesse qui ne sont pas parfaits ; on n’a jamais vu un homme sans principes qui fût parfait. »

8. Le Maître dit : « Un père qui aime son fils peut-il ne pas lui imposer des exercices pénibles ? Un ministre fidèle peut-il ne pas avertir son prince ? »

9. Le Maître dit : « Quand il fallait écrire une lettre au nom du prince, Pi Chenn en composait le brouillon ; Cheu chou en examinait avec soin le contenu ; Tzeu iu, qui présidait à la réception des hôtes, corrigeait et polissait le style ; Tzeu tch’an, de Toung li lui donnait une tournure élégante. » Ces quatre hommes étaient grands préfets dans la principauté de Tcheng. Quand le prince de Tcheng avait des lettres à écrire, elles passaient toutes successivement par les mains de ces quatre sages, qui les méditaient et les examinaient avec le plus grand soin, chacun d’eux déployant son talent particulier. Aussi, dans les réponses envoyées aux princes, on trouvait rarement quelque chose à reprendre.

10. Quelqu’un ayant demandé à Confucius ce qu’il pensait de Tzeu tch’an, le Maître répondit : « C’est un homme bienfaisant. » Le même lui ayant demandé ce qu’il pensait de Tzeu si, il dit : « Oh ! celui-là ! celui-là ! (ne m’en parlez pas). » Le même lui ayant demandé ce qu’il pensait de Kouan tchoung, il répondit : « C’était un homme si vertueux que, le prince de Ts’i lui ayant donné la ville de P’ien qui comptait trois cents familles, le chef de la famille Pe, dépouillé de ce domaine et réduit à se contenter d’une nourriture grossière, n’eut jamais un mot d’indignation contre lui. » Tzeu si, fils du prince de Tch’ou, s’appelait Chenn. Il refusa la dignité de prince de Tchou, la fit donner au prince Tchao, et réforma l’administration publique. Il fut un sage et habile tai fou. Mais il ne sut pas faire supprimer le titre de Wang, que le prince de Tch’ou s’était arrogé. Le prince Tchao voulut mettre en charge Confucius. Tzeu si l’en détourna et l’en empêcha.

11. Le Maître dit : « Il est plus difficile de se défendre du chagrin dans la pauvreté que de l’orgueil dans l’opulence. »

12. Le Maître dit : « Meng koung Tch’o, (tai fou de la principauté de Lou), excellerait dans la charge d’intendant de la maison de Tchao ou de Wei ; il ne serait pas capable de remplir la charge de tai fou dans la principauté de T’eng ou de Sie. »

13. Tzeu lou pria Confucius de lui dire ce que c’est qu’un homme parfait. Le Maître répondit : « Celui qui aurait la prudence de Tsang Ou tchoung, l’intégrité de Koung tch’o, le courage de Tchouang tzeu, préfet de Pien, l’habileté de Jen K’iou, et qui de plus cultiverait les cérémonies et la musique, pourrait être regardé comme un homme parfait. » Confucius ajouta : « A présent, pour être un homme parfait, est il nécessaire de réunir toutes ces qualités ? Celui qui, en présence d’un profit à retirer, craint de violer la justice, qui, en face du danger, s’offre lui-même à la mort, qui, même après de longues années, n’oublie pas les engagements qu’il a pris dans le cours de sa vie ; celui-là peut aussi être considéré comme un homme parfait. »

14. Le Maître, parlant de Koung chou Wenn tzeu (tai fou de la principauté de Wei) à Koung ming Kia (qui était de la même principauté), lui dit : « Est il vrai que votre maître ne parle pas, ne rit pas et n’accepte rien ? » Koung ming Kia répondit : « Ceux qui lui ont fait cette réputation ont exagéré. Mon maître parle, quand il est temps de parler, et ses paroles ne fatiguent personne. Il rit, quand il est temps de se réjouir, et son rire ne déplaît à personne. Il accepte, quand la justice le permet, et personne n’y trouve à redire. » Le Maître reprit : « Est ce vrai ? Cela peut il être vrai (sa vertu est-elle si parfaite) ? »

15. Le Maître dit : « Tsang Ou tchoung, maître du pays de Fang, a demandé au prince de Lou de lui constituer un héritier et un successeur de sa propre famille. Il a beau dire qu’il n’a pas fait violence à son prince, je n’ajoute pas foi à son affirmation. » Tsang Ou tchoung, nommé Ho, était grand préfet dans la principauté de Lou Fang, domaine ou fief qui avait été constitué par le prince de Lou et donné à Ou tchoung. Ou tchoung, ayant offensé le prince de Lou, se réfugia dans la principauté de Tchou. Mais, après, il revint de Tchou à Fang et députa au prince de Lou des envoyés pour lui présenter d’humbles excuses, le prier de lui constituer un successeur de sa propre famille et lui promettre de se retirer ensuite. En même temps il laissait voir que, s’il n’obtenait par sa demande, redevenu possesseur de son fief, il se mettrait en révolte. C’était faire violence à son prince.

16. Le Maître dit : « Wenn, prince de Tsin, était fourbe et manquait de droiture ; Houan, prince de Ts’i, était plein de droiture et sans duplicité. »

17. Tzeu lou dit : « Houan, prince de Ts’i, tua le prince Kiou . Chao Hou ne voulut pas survivre au prince Kiou (son frère puîné, qui lui avait disputé la principauté. Parmi les partisans de Kiou étaient Chao Hou et Kouan Tchoung). Kouan Tchoung ne se donna pas la mort. Il me semble que sa vertu n’a pas été parfaite. » Le Maître répondit : « Le prince Houan réunit sous son autorité tous les princes feudataires, sans employer ni armes ni chariots de guerre ; ce fut l’œuvre de Kouan Tchoung. Quel autre fut aussi parfait que lui, (quel autre rendit autant de services à son pays) ? »

18. Tzeu koung dit : « Kouan Tchoung n’a pas été parfait, ce semble. Le prince Houan ayant tué le prince Kiou, Kouan Tchoung n’a pas eu le courage de se donner la mort ; de plus, il a servi le prince Houan. » Le Maître répondit : « Kouan Tchoung aida le prince Houan à établir son autorité sur tous les princes. Il a réformé le gouvernement de tout l’empire, et jusqu’à présent le peuple jouit de ses bienfaits. Sans Kouan Tchoung, nous aurions les cheveux épars et le bord de la tunique fixé au côté gauche (comme les barbares, dont nous imiterions les mœurs et les usages). Devait il montrer sa fidélité (au prince Kiou) comme un homme vulgaire, s’étrangler lui-même dans un fossé ou un canal et se dérober à la connaissance de la postérité ? »

19. L’intendant de la maison du tai fou Koung chou Wenn tzeu, Tchouen, qui fut lui-même plus tard tai fou, montait au palais du prince avec son maître (comme s’ils avaient été de même rang, le maître le voulant ainsi, afin d’honorer la sagesse de son intendant). Le Maître l’ayant appris, dit : « Koung chou est vraiment Wenn un homme d’un esprit cultivé. »

20. Le Maître ayant dit que Ling, prince de Wei, ne s’appliquait pas à faire régner la vertu, Ki K’ang tzeu demanda comment il n’avait pas encore perdu ses États. Confucius répondit : « Tchoung chou Iu est chargé de recevoir les hôtes et les étrangers ; T’ouo dirige les cérémonies et prend la parole dans le temple des ancêtres ; Wang suenn Kia s’occupe de l’armée. Comment perdrait-il ses États ? »

21. Le maître dit : « Celui qui ne craint pas de promettre de grandes choses a de la peine à les exécuter. »

22. Tchenn Tch’eng tzeu avait mis à mort le prince Kien. Confucius, après s’être lavé la tête et le corps, alla au palais informer Ngai, prince de Lou. « Tch’enn Heng, dit il, a tué son prince ; je vous prie de le faire châtier. » Le prince répondit : « Adressez vous à ces trois grands seigneurs. » Confucius se dit en lui-même : « Parce que (j’ai éta tai fou, et que) j’ai encore rang parmi les tai fou, je n’aurais pas osé me dispenser d’avertir. Le prince me répond de m’adresser à ces trois seigneurs ! » Confucius alla faire son rapport aux trois grands seigneurs, qui rejetèrent sa demande. Il leur dit : « Parce que j’ai encore rang parmi les tai fou, je n’aurais pas osé ne pas avertir. » Trois ministres, chefs de trois grandes familles, s’étaient arrogé tout le pouvoir et gouvernaient en maîtres la principauté de Lou. Le prince n’était pat libre de décider par lui-même. Il répondit à Confucius : « Vous pouvez vous adresser à ces trois grands seigneurs. » C’étaient les chefs des trois grandes familles Meng suenn, Chou suenn et Ki suenn.

23. Tzeu lou demanda comment un sujet devait servir son prince. Le Maître répondit : « Il doit éviter de le tromper et ne pas craindre de lui résister, (s'il agit mal). »

24. Le Maître dit : « Le sage tend toujours en haut ; un homme sans principes tend toujours en bas. »

25. Le Maître dit : « Anciennement, on s’appliquait à l’étude de la sagesse pour devenir vertueux ; à présent, on s’y livre pour acquérir l’estime des hommes. »

26. K’iu Pe iu envoya saluer Confucius. Le philosophe (par honneur pour K'in Pe iu), invita le messager à s’asseoir, et lui demanda à quoi son maître s’appliquait. « Mon maître, répondit-il, désire diminuer le nombre de ses fautes, et il n’y parvient pas. » Quand l’envoyé se fut retiré, le Maître dit : « O le sage messager ! O le sage messager ! » K’iu Pe ia, nommé Iuen, était grand préfet dans la principauté de Wei. Confucius avait reçu l’hospitalité dans sa maison. Lorsqu’il fut de retour dans le pays de Lou, Pe iu lui envoya un messager. Pe iu s’examinait lui-même et travaillait à soumettre ses passions, comme s’il craignait sans cesse de ne pouvoir y parvenir. On peut dire que l’envoyé connaissait à fond le cœur de ce sage, et qu’il remplit bien ton mandat. Aussi Confucius dit deux fois : « O le sage messager ! » pour marquer son estime.

27. Le Maître dit : « Ne vous mêlez pas des affaires publiques dont vous n’avez pas la charge. »

28. Tseng tzeu dit : (On lit dans le I king) : « Les pensées, les projets du sage restent toujours dans les limites de son devoir, de sa condition. »

29. Le Maître dit : « Le sage est modeste dans ses paroles, et il fait plus qu’il ne dit, c’est à dire sa conduite est toujours au dessus de ses préceptes. »

30. Le Maître dit : « Le sage pratique trois vertus, qui me font défaut : parfait, il ne s’afflige de rien ; prudent, il ne tombe pas dans l’erreur ; courageux, il n’a point de crainte. » Tzeu koung dit : « Maître, c’est vous qui le dites, (à cause de votre excessive modestie). »

31. Tzeu koung s’occupait à juger les autres. Le Maître dit : « Seu (Tzeu koung) est donc déjà un grand sage ! Moi, je n’ai pas le temps (de juger les autres ; je m’applique tout entier à me juger et à me corriger moi-même). »

32. Le Maître dit : « Le sage ne s’afflige pas de n’être pas connu des hommes, mais de n’être pas capable de pratiquer parfaitement la vertu. »

33. Le Maître dit : « Celui-là n’est-il pas vraiment sage, qui ne présume pas d’avance que les hommes ou chercheront à le tromper ou seront en défiance contre lui ; mais qui cependant découvre les ruses et les défiances des autres, aussitôt qu’elles existent ? »

34. Wei cheng Meou dit à Confucius : « K’iou, pourquoi enseignez vous avec tant d’assiduité ? Et, pour captiver vos auditeurs, n’avez vous pas recours aux artifices du langage ? » Confucius répondit : « Je ne me permettrais pas de faire le beau parleur ; mais je hais l’opiniâtreté (de ceux qui n’ont pas à cœur de se rendre utiles aux autres). »

35. Le Maître dit : « Dans un excellent cheval, ce qu’on estime, ce n’est pas tant la force que la douceur. »

36. Quelqu’un dit : « Que faut il penser de celui qui rend le bien pour le mal ? » Le Maître répondit : « (Si vous rendez le bien pour le mal), que rendrez vous pour le bien ? Il suffit de répondre à l’injustice par la justice et de rendre le bien pour le bien. »

37. Le Maître dit : « Personne ne me connaît. » Tzeu koung dit : « Maître, pourquoi dites vous que personne ne vous connaît ? » Le Maître reprit : « Je ne me plains pas du Ciel et n’accuse pas les hommes. je m’applique à l’étude de la sagesse, commençant par les principes fondamentaux, et avançant par degrés. Celui qui me connaît, n’est ce pas le Ciel  ? » (Les hommes n’estiment pas une vertu qui croît peu à peu et ne cherche pas à briller).

38. Koung pe Leao (de la principauté de Lou), avait parlé mal de Tzeu lou à Ki suenn, (dont Tzeu lou était l’intendant. Il voulait par ce moyen faire obstacle à Confucius). Tzeu fou King pe en informa Confucius et lui dit : « Ki suenn a conçu des soupçons contre Tzeu lou par suite des accusations de Koung pe Leao. Je suis assez puissant pour obtenir que cet accusateur soit (mis à mort et son cadavre) exposé dans la place publique ou la cour du palais. » Le Maître répondit : « Si ma doctrine doit suivre sa voie, c’est que le Ciel l’a décidé. Si elle doit être arrêtée dans sa marche, c’est que le Ciel le veut. Que peut faire Koung pe Leao contre les décrets du Ciel ? »

39. Le Maître dit : « Parmi les sages, plusieurs vivent retirés du monde, les uns à cause de la corruption des mœurs ; les autres, d’une vertu moins parfaite, à cause des troubles de leur pays ; d’autres, encore moins parfaits, à cause du manque d’urbanité ; d’autres, d’une vertu encore inférieure, à cause du désaccord dans les opinions. »

40. Le Maître dit : De nos jours, sept sages se sont retirés dans la vie privée (On ne connaît pas leurs noms).

41. Tzeu lou passa une nuit à Chenn menn (dans le pays de Ts’i). Le gardien de la porte (qui était un sage) lui dit : « D’où venez vous ? » « De l’école de Confucius, répondit Tzeu lou. » « C’est, reprit le gardien, un homme qui s’applique à faire une chose qu’il sait être impossible (à réformer les mœurs). »

42. Le Maître, dans la principauté de Wei, jouait d’un instrument de musique composé de pierres sonores, (exprimant par des sons plaintifs la douleur que lui causait l’état malheureux de la société). Un lettré, (qui demeurait dans la vie privée), venant à passer devant la porte du philosophe, avec une corbeille sur les épaules, dit : « Les sons de son instrument font connaître qu’il aime beaucoup les hommes. » Peu après il ajouta : « Quelle aveugle opiniâtreté (de vouloir réformer la société) ! Personne ne le connaît (n’estime sa doctrine). Qu’il cesse donc d’enseigner, et voilà tout. (Le sage demeure dans la retraite ou se montre en public selon les circonstances, conformément à cet enseignement du Cheu king) : « Si le gué est profond, je le traverserai les jambes nues ; s’il ne l’est pas, je relèverai mes vêtements seulement jusqu’aux genoux. » Le Maître dit : « Qu’il est cruel (cet homme qui demeure dans la vie privée, et n’a pas compassion des autres) ! Son genre de vie n’a rien de difficile. »

43. Tzeu tchang dit : « Les Annales rapportent que l’empereur Kao tsoung (à la mort de son père) se retira dans une cabane, où il demeura sans parler durant trois ans. Que signifie cette cérémonie ? » Le Maître répondit : « Qu’est il besoin de citer Kao tsoung ? Tous les anciens faisaient la même chose. Quand un souverain mourait, (son successeur gardait le deuil et s’abstenait de parler) ; les officiers remplissaient leurs fonctions sous la direction du premier ministre pendant trois ans. » La cabane où l’empereur passait les trois années de deuil s’appelait leang ngan, parce qu’elle était tournée au nord et ne recevait pas les rayons du soleil.

44. Le Maître dit : « Si le prince aime à garder l’ordre fixé par les lois et les usages, le peuple est facile à diriger. »

45. Tzeu lou demanda ce que c’est qu’un vrai disciple de la sagesse. Le Maître répondit : « Un disciple de la sagesse se perfectionne en veillant attentivement sur lui-même. » « Cela suffit il ? reprit Tzeu lou. » Confucius répondit : « Il se perfectionne lui-même, puis il travaille à la perfection et à la tranquillité des autres. » « Est ce tout ? » demanda Tzeu lou. » Confucius dit : « Il se perfectionne lui-même, ensuite il fait régner la vertu et la paix parmi le peuple. Se perfectionner soi-même, faire régner la vertu et la paix parmi le peuple, c’est ce que Iao et Chouenn eux mêmes trouvaient très difficile, et croyaient être au dessus de leurs forces. »

46. Iuen Jang attendait Confucius en se tenant accroupi. Le Maître lui dit : « Quand vous étiez jeune, vous ne respectiez pas ceux qui étaient plus âgés que vous. Devenu grand, vous n’avez rien fait de louable. Devenu vieux, vous ne mourez pas. Vos exemples sont très nuisibles. » Confucius avec son bâton lui frappa légèrement les jambes.

47. Confucius employait au service des hôtes et des visiteurs un enfant du village de K’iue tang. Quelqu’un demanda s’il faisait des progrès (dans l’étude de la sagesse). Le Maître répondit : « Je le vois prendre place parmi les hommes faits, et marcher côte à côte avec ceux qui sont plus âgés que lui. Il ne cherche pas à progresser peu à peu ; mais il voudrait être parfait tout de suite. »