Les Renaissances/Lemerre, 1870/Les Sources

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Les Renaissances Voir et modifier les données sur WikidataAlphonse Lemerre, éditeur (p. 9-11).


III

Les Sources


 
Errant sous le dôme emperlé
Des verdures ensommeillées ;
Parfois, au sortir des feuillées,
L’œil clair des sources m’a troublé.


— L’eau regarde : — et l’aurore éveille,
Dans ce regard lent et discret,
Comme l’étonnement secret
D’un jeune esprit qui s’émerveille.

Comme en un rêve de candeur,
L’eau regarde, et l’étrange flamme
Des choses qui viennent d’une âme
Illumine sa profondeur.

L’œil des sources est plein de larmes
Et plein de reproches perdus,
Et des remords inattendus
S’y reflètent comme des armes

Le long d’un bouclier d’argent :
— La Vie est là qui, solennelle,
Attend et darde sa prunelle
Fixe sur le monde changeant !


— La Vie aux éléments rendue
Par les héritiers du limon,
Foule sans yeux, foule sans nom,
Sous l’éternité descendue.