Les Renaissances/Lemerre, 1870/Matutina

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Matutina.
Les Renaissances Voir et modifier les données sur WikidataAlphonse Lemerre, éditeur (p. 98-99).


Matutina.

A Léo Delibes.


De l’horizon perdu dans les frissons de l’air,
Comme un fleuve lacté, la lumière s’épanche
Sur les coteaux légers que baigne son flot clair :
— L’Aube sur les coteaux traîne sa robe blanche.

 

Les grands arbres, sentant les oiseaux éveillés,
Chuchotent dans la brise errante où s’évapore
L’âme des derniers lis par la nuit effeuillés :
— L’Aube sur la forêt pose son pied sonore.

Sur l’herbe drue où court l’insecte familier
Une gaze de longs fils d’argent s’est posée,
Et la bruyère aiguë est pleine de rosée :
— L’Aube sur les gazons égrène son collier.

— Dans le ruisseau que l’Aube effleure de ses voiles,
Se réfléchit déjà le doux spectre des fleurs,
Et, sous l’onde où tremblait l’œil furtif des étoiles,
S’ouvre l’œil alangui des pervenches en pleurs.