Les Rochelais à Terre-Neuve/6° Avitaillement du navire

La bibliothèque libre.


Chez Georges Musset (p. 51-53).

6o Avitaillement du navire.


L’avitaillement d’un navire comprenait à la fois les objets et engins nécessaires à la pêche ou à la navigation, et les subsistances nécessaires à l’équipage.

Un armement, fait, le 2 décembre 1545, pour le Laurens, de Saint-Pol-de-Léon, de 90 tonneaux, monté par trente hommes mariniers ou pêcheurs, en donnera un exemple.

On embarquait sur le navire comme matériel :

« Deux cens de sel, mesure d’Oléron, pour la salaison du poisson.

Sept câbles pour les bateaux ; trois cens de bray pour les réparations du navire ; douze grands couteaux propres à la pêcherie des moulues ; l’on sait, en effet, qu’un homme de l’équipage est employé à couper la tête de la morue au fur et à mesure qu’on la pêche, et que cette opération demande une certaine habileté de la part de celui qui est chargé de l’opération ;

Quatre bydons, sept barrils ; des aouillettes, des seillaulx ; — les barils étaient sans doute destinés à contenir les huiles et les graisses ;

Des chareuils (le chareuil est la lampe destinée à éclairer l’équipage ; il a conservé dans les régions de l’Ouest la forme identiquement la même qu’avaient les lampes romaines) ;

Vingt milliers de clous ; huit palles, ce sont des pelles ; quarante douzaines de nattes ;

Deux cens de gros bois, soixante livres de chandelles ;

Huit pièces d’artillerie, garnies de leurs boîtes ; deux cens de poudre et des boullets en conséquence ;

Les lignes, les harpons et les clavères à pescher. — Les lignes sont destinées à la morue, les harpons aux cétacés ; les clavières sont des engins dormants, clissés en osier, des claies, aujourd’hui couramment bourgnes ou bourgnons ;

Deux bateaulx garnys de mâts et voiles ;

Des grapins et engins pour tous les bateaux (ceux qui ont pris le nom de doris et qui sont dispersés autour du terre-neuvier pour faire la pêche de la morue) ;

Quatre cens d’étoupes pour boucher les voies d’eau. »

Les victuailles se composaient pour trente hommes, pendant un voyage d’environ, cinq mois de :

Trente pipes de biscuit, soit une pipe par homme ;

Vingt-six pipes de vin. (La contenance de la pipe est égale à deux barriques, soit environ 450 litres.)

« Trente coustes de lard (c’est-à-dire trente quartiers de porc) ; »

Trois barates de beurre ;

Quatre pintes de vinaigre.