Les Salaziennes/27

La bibliothèque libre.


Vingt-septième

Salazienne.


When we mourn the fate of birds and flowers,
Our grief is just. for their doom is ours !…

LA FLEUR DES CHAMPS.
A MES AMIS J. ET F. GARCIA.
Fleur modeste des champs quelle est ta destinée ?
Tu sembles comme nooi languir abandonnée.
Dévoilant par degrés res pudiques couleurs,
Tu naquis tout à l’heure aux regards de l’aurore ;
Sur toi pour t’embellir elle a versé des pleurs :
Mais tu vis délaissée, et tu vois, jeune encore,
Se perdre dans les airs tes suaves odeurs.
Fleur obscure et sans nom, comme moi solitaire,
Dieu cacha tes destins dans un humble mystère ;
Et l’étoile du soir, aux tremblantes lueurs,
Te verra disparaitre inconnue à la terre.

252
Sur l’azur velouté de ton sein virginal
D’un ciel limpide et bleu tu réfléchis l’image ;
Une larme échappée au passager nuage
Scintille sur la feuille au rayon matinal ;
Et le jeune zephyr qui s’éveillet voltige,
Caresse en se jouant ta gracieuse tige ;
Sur le tapis naissant des gazons d’alentour
Tu brilles balancée au vent de son amour.
Mais ce qui brille, hélas ! ne dor briller qu’un jour !
Le ciel n’accorde aux fleurs qu’une vie éphémère.
Les perles du matin, Fazur du firmament,
T’embellissent en vain de leur grace étrangère ;
Au milieu de sa course un astre étincelant
Flétrira tes couleurs à son rayon brulant ;
Et tout à l’heure, hélas ! l’orageuse rafale
Peut-être aura brisé ta tige virginale :
Ou quelqu’indifferent de son pied inhumain,
En passant, foulera l’humble fleur du chemin.
Ah ! puisse alors venir la vierge jeune et belle,
Pour relever la fleur qui mourut avani elle,
Et n’ent qu’un seul baiser du souffle du matin.

Mais le soleil s’élève… Adieu, fleur solitaire !
Demain ton souvenir ramenera mes pas
Vers ces lieux qu’embellit ta corolle éphémère ;
Je n’aurai plus alors qu’à pleurer ton trépas !
Jusque là cependant brille, fleur passagère !
Comme toi je mourrai… mais ne brillerai pas !…