Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589/Que ne permettez vous que je meure, mon cœur

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L.


Que ne permettez vous que je meure, mon cœur,
Lors que baisant vos mains la vie me delaisse ?
Que ne permettez vous que le mal qui me presse
Par l'objet de mon bien n'use de sa rigueur ?

Las ! pourquoy doucement souffrez vous que l'humeur
Dont je vis par vos yeux augmente, ma Deesse ?
Hé que ne voulez vous pour finir ma tristesse
Que je meure au moment que j'ay tant de bon heur ?

Deussay-je en tel instant arrester ma fortune,
Et vivant avec vous d'une amitié commune

­

Faire de tous mes ans un eternel moment.

Car baisant ceste main qui doucement me lie,
Je sens plus de plaisir que n'en donne la vie,
D'autant qu'elle n'est rien sans le contentement.